« Laisse tomber la haine » : les jeunes de la MJC de la Duchère mettent en scène leur message

Sur la scène du théâtre de la MJC, des jeunes de la Duchère présentent ce mercredi leur spectacle « Laisse tomber la haine ». De la danse, du rap, du hip-hop ou encore du slam : ils ont monté en 3 jours un spectacle de 45 min qui interroge notre rapport à la haine.

A la fin du spectacle, les jeunes artistes saluent leur publique. Crédit Léa Bouvet

Dans l’obscurité du théâtre, les néons de couleurs quadrillent la scène. Pendant que la musique commence, on perçoit les bruits de pas et les chuchotements des artistes qui se faufilent en coulisse. Après 3 jours de travail, ils s’apprêtent à jouer une première version de leur spectacle. Jusqu’à ce lundi, covid oblige, tout s’est fait en distanciel, mais la petite équipe est prête.

Ce spectacle est né dans le cadre du Festival des Brouhahas, qui se décline en une série d’ateliers dans les MJC du réseau Auvergne Rhône-Alpes (R2AS). Nadia Benichou est chargée de mission au sein du réseau R2AS. « Le but des Brouhahas, c’est la rencontre entre des jeunes et des artistes pour les accompagner dans leurs projets de création et ce dans plein de disciplines différentes. » A la MJC de la Duchère, les 3 jours de préparation qui s’achèvent ont permis de greffer au « Brouhahas » un autre projet au long court appelé « Laisse tomber » pour valoriser celui-ci grâce à un apport technique supplémentaire. « En greffant les Brouhahas au projet Laisse tomber, on permet la rencontre des jeunes avec des artistes et avec tout un univers. Et c’est enrichissant pour les deux », explique Nadia. Des intervenants sont venus accompagner les jeunes du projet pour participer à la création de ce spectacle. Parmi eux Thaïs, danseuse qui a aidé les jeunes sur la mise en scène et Yann, Nicolas et Milène du collectif « Octopus » en charge de la régie.

 « Laisse tomber » un projet qui donne la parole aux jeunes.

Le projet « Laisse tomber » est né il y a 1 an au sein du réseau R2AS. A travers de petites capsules vidéo, chaque jeune est invité à s’exprimer sur des thématiques mensuelles choisies par le comité de pilotage jeune. « Laisse tomber le sexisme », « laisse tomber le harcèlement », « laisse tomber le racisme ». Avec leurs mots et parfois leur vécu, ils dénoncent, interrogent et libèrent la parole sur ces questions de société. Un projet qui prend à travers ce spectacle une dimension et une ampleur nouvelle, passant de courtes vidéos en ligne à un spectacle son et lumière. Une première réalisation que Julien, coordinateur jeune, voulait ambitieuse. « Le but est de poursuivre l’expression des jeunes sur Laisse tomber et de valoriser leur parole auprès d’autres jeunes. On veut créer un projet ambitieux qui rassemble. »

Son rôle dans le projet est de les accompagner dans leur prise de parole. « Moi je leur demande juste, c’est quoi la haine pour vous, à partir de leur réponse on fait une synthèse, je les aide à organiser leur idée, à faire émerger une structure. Il y a vraiment une démarche participative, j’ai des jeunes qui se sont greffés au fur et à mesure. » Au total, une quinzaine de jeunes se sont mobilisés pour ce spectacle.

Une représentation pour faire passer un message

Malgré les masques, l’énergie est au rendez-vous et sur scène, le petit groupe nous emporte entre moments de spectacle et force des mots. A tour de rôle, seuls ou à plusieurs, ils enchaînent les passages, mélangeant rap, hip-hop, danse ou encore slam. La musique, les lumières, tout est là pour accompagner leur message. Chaque jeune apporte son regard et s’exprime à sa manière, par les mots, par la danse, pour illustrer les trois temps forts que sont les trois thématiques du spectacle : la haine de soi, la haine de la société et la manipulation. Les numéros qui se succèdent en racontent les origines, les conséquences et le ressenti.

Océane a 17 ans et participe au projet. Cette après-midi, elle fait sur scène un slam qui dénonce la manipulation de la haine à travers une fiction sur la guerre. « La haine c’est une rage. Là, on veut la montrer sans violence. Ce projet est là pour passer un message. » Un regard partagé par Dlanight, membre du comité de pilotage jeune : « Ces thématiques-là, ce sont des choses quotidiennes mais les gens ne s’expriment pas assez. Là on l’exprime par plusieurs canaux, pour que le message passe ». Pour Marina, 22 ans, l’enjeu est d’autant plus important en ce moment, à cause du covid : « C‘est encore plus compliqué de s’exprimer ». Comme les autres, elle espère que ce spectacle donnera plus de visibilité à leur message : « Il faut que chaque jeune puisse se faire entendre. » Une démarche qui prend tout son sens une fois sur scène. Sous les encouragements des autres, Youssouf le cadet de la troupe fait le show, danse et répète dans son refrain « Je repousse la haine, je danse sur scène ».

Pêle-mêle de scènes du spectacle. Crédit Léa Bouvet

Une réception anime et une envie de prolonger l’expérience

Après de longs applaudissements, Julien remercie tous ceux qui ont participé aux projets et en particulier ses jeunes talents. « Je vous remercie de me faire confiance, d’être présent, d’être aussi fort, dans les moments très intense, parfois compliqué, j’espère que vous êtes fière de vous parce que ça déchire ». « J’ai confiance en vous, vous me rendez cette confiance et on peut montrer aujourd’hui qu’on n’a pas besoin de grand-chose pour faire de grands projets. Bravo à tous ! »

Dans le public, on retrouve certains des organisateurs du « Brouhahas », du projet « Laisse tomber » et des membres de la confédération nationale des MJC. Tous semblent conquis et admiratifs du travail des jeunes. Pour Julien comme pour les autres, l’objectif est de donner encore plus de visibilité à ce spectacle et au projet « Laisse tomber ». Car l’aventure ne s’arrête pas là. La petite troupe doit jouer à nouveau lors du festival « d’Art et d’air », au mois de juin. Une captation vidéo a été réalisée lors de cette première représentation, elle sera disponible prochainement sur la chaîne YouTube « laisse.tb ». L’objectif est maintenant de donner envie à d’autres jeunes de se greffer au projet, d’alimenter la dimension participative et d’élargir encore la prise de parole.  Un moyen pour ces jeunes de diffuser leur message tout en développant leur créativité et en proposant des contenus culturels riche de sens. Une démarche à laquelle fait écho la dernière phrase du spectacle « On a tous de la haine en nous, ce qui nous différencie, c’est ce qu’on décide d’en faire ».

Léa Bouvet 

La rédaction

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