[Interview] Sandrine Runel, pour l’union « sociale et écologique» à gauche – Partie 1

Sandrine Runel, tête de liste « Vivons vraiment Lyon », en course à la mairie du 8ème arrondissement, a été interviewée par le Lyon Bondy Blog. PCF, transfuges de la France Insoumise, Génération.s, Nouvelle Donne, Place Publique, le PS, la Manufacture de la Cité et la GDS, tous se retrouvent sous un même blason. Elle nous confie plus en détail le projet de la liste pour la ville.

Pourquoi avoir rassemblé une liste « d’union de la gauche » ?

C’était une volonté à la fois sur ma candidature mais aussi du Parti socialiste de pouvoir partir à ses élections municipales d’une manière rassemblée, et donc d’unir les forces de gauches, car on a fait un constat aux regards des dernières élections, notamment européennes, sur Lyon la gauche et les écologistes rassemblés, c’est 40% des intentions de vote. On souhaitait que la gauche puisse être rassemblée pour proposer une alternative au modèle qui est actuellement proposé par Gérard Collomb. 

Comment se sont passées les discussions avec les autres partis pour arriver à cette union ? 

Alors, les discussions ont commencé il y a déjà quelque temps avec nos partenaires historiques qu’étaient le Parti communiste, mais aussi avec des partenaires plus récents comme Génération.s !, Place Publique ou Nouvelle Donne. Ça a commencé l’an dernier où l’on avait déjà réussi à faire une première liste, on va dire d’union de la gauche rassemblée, pour les élections européennes. Puis les évènements nationaux nous ont amenés à beaucoup travailler ensemble. Nous avons de nombreux combats en commun, comme la lutte contre la privatisation de l’aéroport de Paris, puis c’est à partir de ces habitudes de travail, de ces rencontres, et de ces discussions qu’on a pu concrétiser quels étaient nos objectifs et ce que l’on voulait proposer pour Lyon.

Lorsque l’on a une liste avec autant de partis représentés, comment fait-on pour élaborer un programme ?

Chaque parti avait déjà  construit un programme avec ces militants, ces citoyens. On avait tous des manières de faire qui étaient un peu différentes. Nous avions,depuis le mois de décembre, travaillé dans le cadre d’un comité de ville à l’élaboration de mesures concrètes, de propositions sur la ville de Lyon. On a donc mis en place des réunions de travail dans lesquelles on a confronté nos programmes, on a partagé notre vision de l’avenir, et on a pu se rendre compte qu’il y avait énormément de choses qui nous rassemblaient, beaucoup de choses sur lesquels on était d’accord, notamment les questions d’éducations, les questions du périscolaire, la question de la cantine, et des objectifs qu’on voulait se fixer, aussi la question de l’eau, du logement. On partageait à la fois des constats, puis on avait des propositions qui se recoupaient donc la réécriture de notre programme commun, elle a été le fruit, la somme, de l’ensemble de ces réflexions.

Et les points que vous m’avez cités, ce sont les points principaux qui font consensus ? 

Il y en a énormément qui font consensus, on présente notre programme le 30 janvier, d’ici une semaine. Moi ce que j’ai toujours défendu pour la ville de Lyon c’est d’en faire une ville exemplaire. Notamment en matière écologique, sociale et démocratique. Il y avait énormément de points qui ont fait consensus autour de redonner la parole aux citoyens, redonner aux lyonnais et aux lyonnaises la capacité de s’emparer des projets d’aménagement de la ville mais aussi sur les aspects beaucoup plus sociaux comme de mettre en place des tarifications sociales et progressives sur la question des transports notamment, sur la question de la gratuité de l’école. Sur la question environnementale, on était d’accord qu’il fallait développer les modes doux, développer les pistes cyclables pour permettre à tous les Lyonnais et Lyonnaises de se déplacer dans la ville de Lyon en toute sécurité et en toute continuité, de pouvoir se rendre d’un département à l’autre sans discontinuité. 

On a aussi beaucoup travaillé sur la qualité de l’air. C’était une donnée essentielle par rapport à notre constat  qui est qu’aujourd’hui, Lyon est une ville qui n’est pas respirable. 

Au niveau du processus de création des listes, du positionnement des personnes, quel a été votre raisonnement ?

Ça, ça a pris beaucoup de temps. Pour chaque organisation politique, les personnes les mieux placées, les plus représentatives, les plus engagées, les plus moteurs dans l’arrondissement, ont été sélectionnées. Nous, ce que l’on souhaite, c’est présenter une liste qui représente vraiment les habitants de Lyon, qui leur correspond et qui correspond aussi à des quartiers particuliers. On sait que la sociologie n’est pas la même sur la ville de Lyon. On avait vraiment cette volonté de faire quelque chose de très représentatif et très identifiable. Finalement, on souhaitait incarner véritablement la ville de Lyon à travers nos listes et nos candidats.

Comment vous  positionnez-vous, venant du PS, par rapport à la politique de Gérard Collomb, élu à l’époque sous l’étiquette PS.

Ce que l’on dit aujourd’hui, c’est que Gérard Collomb a été un maire socialiste élu en 2001, qui a eu un  réel tournant que l’on peut constater depuis 2017, avec l’avènement de la « macronie » sur Lyon et aussi au regard de la politique qui est menée nationalement. On est en pure opposition par rapport à ce qui est fait en termes de politique nationale. On est aujourd’hui tous ensemble dans la rue contre la réforme des retraites, on l’était pour ADP, on l’est dans les marches pour le climat. Donc on a ces combats qui sont communs. On va se démarquer par rapport à cela, dans le sens où nous, on propose une liste de gauche, et que de l’autre coté c’est une politique en Marche, c’est une politique de droite, c’est une politique libérale, et qui ne correspond pas à ce que nous souhaitons faire de la ville de Lyon et qui ne correspond pas non plus à la mise en place d’une transition écologique sur Lyon. On sait que c’est une politique de droite,on sait que le libéralisme n’est pas compatible avec l’écologie, donc nous c’est ce que l’on défend, ce sont nos valeurs de gauche.

Et sur la ville de Lyon, ça se traduirait par quel(s) projet(s) ? 

Sur la ville de Lyon, il est très difficile de se loger, on le voit de plus en plus. Les loyers sont de plus en plus chers, et il y a de nombreuses familles et de ménages assez modestes qui se voient obligés de quitter Lyon, de quitter le centre-ville pour avoir une surface convenable à la composition familiale. Nous souhaitons mettre en place un encadrement des loyers, pour permettre aux familles de rester vivre dans les quartiers qu’ils ont choisis, dans les quartiers où ils ont historiquement grandi, où ils ont leurs lieux de vie, leur habitude. 

Mais ça se base aussi sur la question des luttes environnementale. Pour nous, la lutte contre le réchauffement climatique, ce n’est pas uniquement de mettre en place des bacs à fleurs dans le centre-ville. Ce n’est pas non plus piétonniser uniquement la presque-ile, parce que c’est joli et qu’il y a des magasins et des touristes. Nous ce que l’on propose, c’est de travailler sur ces questions environnementales. Nous voulons permettre à chacun de bénéficier d’une énergie qui est verte, c’est-à-dire non polluante et à moindre coût, pour que l’on puisse se chauffer correctement et pour que l’on puisse réduire sa facture énergétique. Là, on arrive à la fois à allier l’environnement et la solidarité. Puis il y aura aussi la question des transports, que nous souhaitons gratuits pour ce qui est du domaine scolaire en tout cas. Ça me semble essentiel que l’on puisse inciter à l’utilisation des transports en commun pour limiter la place de la voiture, et cela passe par une première mesure phare qui est la gratuité des transports scolaires, c’est-à-dire jusqu’au lycée. 

 Lors de votre conférence de presse il y a quelques jours, Sylvie Tomic, candidate de votre liste dans le 7ème, évoquait l’impossibilité d’une « modification écologique sans le social ». Pourriez-vous nous en dire plus ?

C’est un peu là manière dont on se démarque d’EELV. Comme tout le monde, nous avons conscience de l’urgence à air, mais nous devons le faire sans oublier les plus modestes, les classes populaires. Par exemple, sur les questions de cantines et d’alimentation, on sait que si l’on passait du jour au lendemain à 100% de produits bio, on exploserait le coût du repas. Ce qu’il faut qu’on fasse, c’est de l’amener d’une manière progressive, car c’est aussi un soutien au producteur local, un soutien aux agriculteurs. Ce que l’on souhaite, concrètement, c’est d’allier ces deux éléments qui sont fondamentaux et proposer une tarification sociale progressive. Aujourd’hui, elle existe dans les transports, mais elle ne permet pas de bénéficier à l’ensemble des demandeurs d’emploi ou locateurs des minimex sociaux d’un accès aux transports en commun. Nous voulons donc allier les deux. Pour l’eau aussi, on proposera les 10 premiers mètres cubes d’eau gratuits pour tout le monde par principe, parce que l’eau est un bien commun. Par la suite, avec une tarification progressive pour que chacun puisse avoir de l’eau, sans difficulté, même si on est au RSA, au chômage. Que l’ensemble des familles puissent aussi se laver, faire couleur de l’eau, boire, c’est une priorité.

Comment financer un tel projet ?

On souhaite mettre en place une tarification progressive. Les premiers 10m3 gratuits, ensuite plus on consomme, plus on paye, cela permet d’équilibrer. Dix mètres cubes, c’est ce qui a été établi comme nécessaire pour un ménage. Pour un ménage seul on s’adaptera, mais c’est une mesure symbolique pour montrer que l’on est dans une démarche environnementale, car c’est une démarche raisonnable et qu’aujourd’hui, l’eau est une ressource qui se raréfie, donc il faut protéger à la fois la ressource mais également permettre à tout le monde d’en bénéficier.

Quel est votre discours concernant les transports à Lyon et dans ses alentours ?

Je me suis positionnée contre l’anneau des sciences, c’est une mesure qui nous semble dater d’un autre siècle. Si l’on construit des routes, les gens roulent dessus, c’est le principe. Ce qu’il faudra faire, c’est renforcer la zone à faible émission qui est effective au 1er janvier 2020. Donc, la renforcer et l’étendre aux véhicules particuliers pour réduire le trafic à l’intérieur de la ville. Nous souhaitons aussi permettre le développement des transports en commun. Parce qu’on sait la difficulté qu’ont les personnes qui habitent à Vaulx-en-Velin pour aller à Saint-Priest, c’est trois, quatre, cinq changements. Donc l’idée, c’est quand même de proposer des transports circulaires, qui évitent de traverser Lyon. On réfléchit également au développement des pistes cyclables. 

Que pensez-vous de la piétonnisation de la Presqu’île ?

Alors, l’idée de la piétonnisation est une très bonne idée. Les premiers retours sont bons. Ça satisfait un bon nombre de personnes. Mais nous pensons qu’il faut aller plus loin. Il faut penser aux autres lieux qui peuvent être piétonnisés. Là, on est sur une expérimentation, elle doit avoir du sens dans la durée. Donc il y aurait des quartiers que l’on ouvrirait à la piétonnisation comme des quartiers des pentes de la Croix-Rousse, des quartiers sur Monplaisir, des quartiers à la Guillotière qui seront des îlots, mais qui seront aussi des amas piétonnisés, et qui s’inscriront dans la durée. 

Le prix de l’immobilier a beaucoup augmenté ces dernières années. Quelles sont les propositions de votre liste sur ce sujet-là ?

L’encadrement des loyers, c’est une première mesure phare parce que là encore,c’est l’unique moyen de ne pas faire augmenter le prix des loyers. Ça, c’est très important à nos yeux. On mettra un effort particulier sur la construction de logements sociaux et de différents dispositifs. Le logement social est un vaste mot, mais c’est un ensemble de dispositifs qui permet à des ménages, en fonction de leurs revenus, d’y accéder. L’objectif est de vraiment créer de la mixité et qu’ils soient plus diffus, que faire de gros blocs ou de grosses barres d’immeubles comme l’on a pu connaitre dans les années 60 ou les années 80. Aujourd’hui, on en connait les limites et on sait que ce n’est pas le modèle que souhaitent les habitants. On veut sortir de la stigmatisation.

Comment cela fonctionnerait-il plus précisément ? 

Par exemple dans un programme immobilier privé, Vinci achète un terrain et veux construire un immeuble, alors on lui demande dans ce logement de rassembler 10, 15, 20% de logements accessibles pour des personnes à bas revenus. Cela peut passer par des discussions sur la vente du terrain, sur les négociations qu’il peut y avoir avec les promoteurs sur l’installation du projet, avec une obligation de construire du logement social. Aujourd’hui, il y a déjà des mixes qui se font, mais il faut aller plus loin.

 

Retrouvez la suite de l’interview en partie 2 ici.

 

 

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