Fusion Assedic/ANPE : de la fiction à la réalité

C’est officiel. Depuis le 5 janvier, il ne faut plus parler d’ANPE ou d’Assedic mais de Pôle Emploi. Si, politiquement et légalement, la fusion des deux acteurs de l’emploi est effective, qu’en est-il de la réalité sur le terrain ? Pour le savoir, le Lyon BondyBlog est allé à la rencontre des salariés de Pôle Emploi, qui ont manifesté cette semaine pour défendre leurs droits et « ceux des demandeurs d’emploi ».

Un nouveau logo (très joli), un nouveau site Internet (très joli aussi !), un nouveau numéro unique (le 3949), de futurs nouveaux locaux… Pour officialiser la fusion de l’ANPE (agence nationale pour l’emploi) et des Assedic (organismes gérant le calcul et le paiement des allocations chômage), le gouvernement a fait les choses en grand. Mais au-delà de l’aspect communication, que cache la création de Pôle Emploi et surtout, comment cette fusion se déroule concrètement sur le terrain ?
C’est la question que j’ai posée à Fabrice Raboutot, délégué syndical Pôle Emploi de la région Rhône-Alpes et ex-salarié des Assedic. « Sur le principe, nous avons toujours été d’accord pour la mise en place d’un grand service public de l’emploi. Mais, aujourd’hui, l’accélération de la fusion pose de nombreux problèmes sur le terrain. Nous, nouveaux salariés de Pôle Emploi, avons l’impression d’être mis face à cette décision politique en marche forcée. Dans la restructuration régionale, on veut donner l’image aux contribuables que rien n’a changé. Mais la réalité, c’est que les salariés ne savent pas quel métier ils exerceront demain ! On ne sait même pas combien d’agences Pôle Emploi verront le jour dans la région. »

Au-delà du discours syndical, Fabrice Raboutot nous explique concrètement les principales difficultés qu’engendrent la fusion ANPE / ASSEDIC.

Première difficulté : le regroupement logistique des salariés des deux structures
Jusqu’à présent (et encore aujourd’hui), chaque ANPE et Assedic possédaient ses propres bureaux. Avec la création de Pôle Emploi, l’objectif est bien évidemment de mettre en place des guichets uniques. « Pour parvenir à cet objectif, il faut revoir tout l’immobilier, trouver des locaux plus grands. » explique Fabrice. Un travail conséquent qui sera progressivement mis en place ces prochains mois.

Deuxième difficulté : la mise en place d’un nouveau métier
Désormais, les salariés de Pôle emploi seront scindés en deux groupes distincts : les référents uniques et le groupe prospection entreprise. « Pour ma part, je suis voué à devenir l’un de ces référents uniques. Notre travail consiste à suivre un portefeuille de demandeurs d’emploi (NDLR :au moins 80 selon les dires de Fabrice) avec un objectif de reclassement, de conseil, de proposition d’offres et de suivi du dossier administratif. En aucun cas, nous ne nous occuperons du calcul et du paiement d’éventuelles allocations chômage. D’ailleurs, on ne sait toujours pas à qui sera attribuée cette tâche. » Pas simple pour un ex-technicien Assedic de se mettre aujourd’hui dans la peau d’un conseiller pour l’emploi. « Surtout que je ne serai pas formé avant le mois de juin ! ». Résultat : Fabrice improvisera.

Troisième difficulté : le paiement des allocations chômages
Au-delà de la problématique de l’aide au retour à l’emploi, Fabrice estime que l’accélération de la création de Pôle Emploi « met en danger la capacité d’indemnisation des chômeurs ». Selon le délégué syndical, depuis novembre, des retards dans le traitement des dossiers et le paiement des allocations chômage sont observés dans la région.

Pour le gouvernement, l’objectif de Pôle Emploi est on ne peut plus clair : « Apporter aux demandeurs d’emploi et aux entreprises des services plus nombreux, plus personnalisés et les expertises combinées de l’Assédic et de l’ANPE ». Une mission tout à fait légitime mais qui, pour être vraiment efficace, demandera plus qu’un nouveau logo. Gageons tout de même que cette fusion, à terme, apportera des résultats positifs. Et que, dans quelques années, l’on se rende au Pôle Emploi avec le même enthousiasme qu’un enfant prêt à déballer ses cadeaux le jour de Noël…

Auteur : Pascale Lagahe

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