Interview de Jean-François Debat #1: le bilan régional à Bourg-en-Bresse

Les élections régionales, prévues le 13 et 20 juin 2021, avancent à grand pas. L’occasion pour le Lyon Bondy Blog de se pencher sur le bilan régional à Bourg-en-Bresse. Le programme de Laurent Wauquiez a t-il été respecté ? Le Maire et conseiller régional Jean-François Debat répond à nos questions.

Jean-François Debat / Crédit : Guillaume Atger

Pouvez vous nous parler de l’évolution de la politique régionale à Bourg-en-Bresse depuis l’élection de Laurent Wauquiez ?

Dans les majorités précédentes, il y a toujours eu une égalité de traitement entre les différents territoires. La région avait des critères d’intervention. On savait qu’un projet ayant telle et telle caractéristique pouvait obtenir tel pourcentage de subventions. Depuis la mandature de Laurent Wauquiez c’est terminé. Le Puy-en-Velay a obtenu au total plus de 100 millions de financements régionaux. Bourg-en-Bresse n’a obtenu qu’une dizaine de millions d’euros. Finalement, la politique de Laurent Wauquiez est devenue extrêmement segmentée. Elle est liée à des critères inconnus. Un dossier que nous voyons passer peut obtenir 20 % de subventions, puis dans une autre ville le même dossier peut en obtenir 70 %.

Aujourd’hui il est extrêmement difficile de faire le bilan global des interventions régionales. Selon moi il n’y a plus de politique régionale, il y a une politique de clientèle régionale. A Bourg-en-Bresse, ça s’est traduit par le fait que nous avons avons obtenu uniquement l’exécution des contrats passés avec la région précédemment, et les projets inscrits au « Contrat Plan État Région ».

 

De quels projets s’agit-il ?

Par exemple la Maison de la Culture et de la Citoyenneté a été créée par la fusion entre la MJC, la Maison des Associations et le Centre de culture scientifique. Le projet avait été réalisé sous le mandat municipal précédent. La part régionale prévue était de 2 millions d’euros et a été respectée.

La façade de la Maison de la Culture et de la Citoyenneté / crédit : Patricia Ruiz-Garcia

Concernant la politique de la ville, les contrats signés ont été honorés, c’est la moindre des choses. Par ailleurs nous avons bénéficié de nouveaux contrats « Ambition Région » qui ont pris la suite des anciens contrats de développement durable de Rhône-Alpes. Sur l’ensemble du territoire de l’agglomération de Bourg-en-Bresse, nous avons bénéficié de la même somme que ce que nous avions auparavant.

 

Depuis le 1er janvier 2020, la Région a perdue sa compétence apprentissage. Selon le directeur du CFA BTP de l’Ain, Pascal Fayard, le dialogue avec la Région se fait de plus en plus rare. Pourtant, Laurent Waquiez avait évoqué dans son programme le dispositif « 1 apprenti 1 entreprise ». Ce dernier n’a jamais vu le jour, en tout cas pas à Bourg-en-Bresse. Savez-vous pourquoi ?

L’apprentissage a été décentralisé par l’État, ce qui de mon point de vue est une mauvaise décision. Cette décentralisation n’est pas une décision régionale. L’ensemble des élus régionaux de gauche et de droite étaient opposés à cette réalisation décidée par le gouvernement actuel.

La façade du CFA BTP de l’Ain. La plaquette de la région avec inscrit « La Région agit pour ses apprentis » a été insérée en 2015 au début de la mandature de Laurent Wauquiez. / Crédit : Léa Dornier

La politique apprentissage menée sous la mandature de Laurent Wauquiez a été une politique très timide. Comme dans beaucoup de domaines, on a eu de grandes annonces et peu de réalisations. On avait un nombre d’apprentis qui était important en Auvergne-Rhône-Alpes et globalement les moyens ont été maintenus pour conserver cette politique d’apprentissage. Mais le bilan précédent de la politique régionale en matière d’apprentissage n’était déjà pas terrible.

 

Qu’en est-il de l’insertion professionnelle dans les quartiers populaires de Bourg-en-Bresse ? Comment se situent ces quartiers là par rapport à l’insertion professionnelle de l’ensemble de la ville ?

Les quartiers populaires ont bénéficié de rénovation urbaine. Il y a aussi les contrats de ville qui sont des politiques de soutien au fonctionnement des actions sur le terrain : pour l’insertion des jeunes, l’accompagnement des personnes en difficulté, le fonctionnement des centres sociaux. Avant nous avions plus d’1 million de la région, aujourd’hui nous avons zéro. Le dogme de la politique de Laurent Wauquiez est : zéro dépense de fonctionnement.

Le quartier rénové de la Reyssouze. / Crédit : Léa Dornier

Finalement, les quartiers populaires ont été la variable d’ajustement des « économies » dont se targue Laurent Wauquiez. Il y a eu deux grands facteurs d’économie dont il se glorifie. D’abord ce sont les chômeurs puisqu’il a baissé de 150 millions annuel les budgets de la formation professionnelle des chômeurs. Donc ce sont les chômeurs qui ont payés les pots cassés. Et les autres ce sont les quartiers populaires ou prioritaires, puisque la Région a réduit ses aides à zéro.

Il n’y a plus d’aide de la Région pour tous les projets qui nécessitent du fonctionnement, de l’accompagnement de projet, des animateurs, du soutien associatifs. On est passé à zéro euro pour des raisons purement idéologiques. Pour être très clair : les pauvres n’intéressent pas Laurent Wauquiez. Ce n’est pas la clientèle électorale qu’il vise. De ce point de vue là il est sans pitié. Dès qu’il s’agit d’une dépense qui n’est pas utile sur le plan électoral, Laurent Wauquiez n’hésite pas à sacrifier ces catégories de population.

Un immeuble du quartier Pont des Chèvres à Bourg-en-Bresse. / Crédit : Léa Dornier

 

La suite de l’interview dans un second article mettant en lumière le projet du Parti Socialiste pour les élections régionales en Auvergne-Rhône-Alpes.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *