Instagram, « e-commerce » du futur

En septembre 2017, Instagram comptait plus de 2 millions d’annonceurs actifs chaque mois. Lyon ne fait pas exception à cette publicité 2.0. En ce début d’année 2018, le LBB a rencontré Forrest, un jeune entrepreneur lyonnais qui fait notamment appel à l’influence des instagrammeuses pour faire connaître sa marque. Il nous raconte son expérience professionnelle d’Instagram.

 

« Mazeti créateur » est une entreprise lyonnaise de création de bracelets. D’où vient l’idée d’un tel projet et quel est le concept de cette jeune entreprise ?

Je suis issue d’une filière technologique, axée sur le e-commerce. Mon cœur de métier, c’est la vente sur internet, tout ce qui tourne autour du commerce et du digital. Pendant les fêtes de Noël, j’ai vu différents commerces, comme l’Atelier d’Amaya à Lyon ou Dinh Van, qui m’ont beaucoup inspiré. Ils proposent des bracelets assez simples à réaliser, pourtant ils font des marges énormes. À l’inverse, j’ai voulu faire quelque chose d’accessible. J’ai mené mon enquête, parcouru des salons, et j’ai fini par trouver différents fournisseurs de cuir. C’est là que s’est lancé le projet Mazeti : des bracelets à base de cuir de qualité et en argent. Je me suis inspiré de modèles qui existent déjà et l’idée est née.

 

Plus de 2 millions de marques sont actives sur Instagram tous les mois, notamment des marques de prêt-à-porter et des jeunes entreprises comme la tienne. Quels avantages peux-tu tirer de ce réseau social par rapport à d’autres moyens de communication ?

 Facebook est devenu un réseau social poubelle. On a trop d’information, du coup on est perdu. Snapchat est trop éphémère, c’est surtout pour envoyer des photos à ses amis. Je pense qu’Instagram est le bon mélange entre Facebook et Snapchat, sachant qu’on peut cliquer sur des liens et arriver directement sur la page Facebook et/ou le site internet. C’est le top pour ce genre de communication. C’est un nouveau moyen de communication qui a un gros impact. Google, ça ne marche plus. Je ne passe que par des influenceuses et c’est vraiment une source incroyable de visibilité. Pour être honnête, 70 % de ma réussite, actuellement, c’est grâce à Instagram.

 

Si 70 % de ta réussite vient d’Instagram, d’où viennent les 30 % restant ? Quels sont les autres moyens de communication pour un jeune entrepreneur ?

 Les réseaux sociaux sont plus efficaces que Google aujourd’hui. Mais j’ai quand même 10 % de vente grâce à Google, 10 % en face à face grâce des rencontres et des salons, puis 10 % par Facebook, voire moins. Même si je communique grâce à d’autres moyens qu’Instagram, ça ne marche pas très bien, car c’est encore une entreprise récente. Les gens n’ont pas l’image de marque de Mazeti en tête. Justement, la partie blog aide à ça. Les instagrammeuses permettent cette phase de découverte. C’est grâce à elles que j’arrive à me faire connaître. Par la suite, j’ai des commandes sur mon site. Mais sur le coup, créer un bracelet et convaincre de sa bonne qualité, c’est compliqué si on n’a pas l’appui de personnes connues. Je ne travaille qu’avec des blogueuses lyonnaises, pour essayer de garder cette fibre régionale.

 

Il y a beaucoup d’instragrammeuses sur Lyon, comment les choisis-tu pour développer ta marque, lui amener une certaine visibilité ?

Je fais lyonnais, même si à la base j’ai commencé à l’échelle nationale. Je regarde le nombre followers et j’utilise des outils techniques pour connaître le taux de mentions « j’aime » par rapport à ses abonnés. Je regarde un peu ses abonnés, parce qu’il y a beaucoup de faux comptes. Il faut aussi voir le retour, les commentaires, l’image qu’elles dégagent. En règle générale, ce ne sont pas forcément les blogueuses qui ont le plus de followers qui sont intéressantes, mais celles qui ont vraiment une communauté autour d’elles qui les suivent. Ça, ça peut être avec 6 000 ou 8 000 followers comme 60 000. Mon objectif, c’est une blogueuse qui aime partager.

 

Une fois trouvée, comment la démarches-tu ?

Dans un premier temps, je lui explique le concept de la marque. Si elle est intéressée, je lui envoie le bracelet fait sur mesure et lui donne un code promotionnel pour ses abonnés. C’est la version classique. Mais c’est adaptable : quand ce sont de vrais contrats signés, on peut aller du règlement par photos à la commission sur les ventes. Je les rémunère très rarement, celles qui ont partagé mes produits jusqu’à maintenant l’ont fait parce qu’elles aimaient le produit. Avec l’instragrammeuse avec qui je travaille actuellement, on a mis en place un jeu-concours. On offre un bracelet en échange du partage de ma page. C’est pour se faire connaître. Mais je vise de plus en plus les blogueuses qui ont également des sites internet, pour toucher un public plus large.

 

Comment vois-tu l’évolution des réseaux sociaux et de ces nouveaux modes de communications pour les jeunes entrepreneurs ?

Je pense que Facebook est en déclin face à Instagram qui prend une ampleur monumentale. Snapchat arrive, mais il faut avoir de grands moyens parce que c’est éphémère et qu’il faut que tout le monde puisse voir la photo ou la story : c’est compliqué. Je pense que tous les nouveaux entrepreneurs n’ont pas d’autre choix que de passer par Instagram. La communication de demain, ça ne va être que ça. Le processus tend vers des rémunérations officielles, mais pour l’instant on a encore la chance de pouvoir le faire gratuitement. D’ici quelques années, ce seront des agences qui prendront le dessus. Déjà aujourd’hui, il existe des agences de blogueuses. On ne pourra bientôt plus passer par les influenceuses directement, mais par des agences qui nous demanderont un pourcentage sur nos ventes. Je pense que c’est le futur. Être blogueuse, ça va devenir un réel métier.

 

Propos recueillis par Clara Delormeau

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