Le 7 juillet dernier, le Parti radical de gauche et le Parti radical valoisien ont fusionné dans la métropole de Lyon pour ne former qu’un seul et même parti : Le mouvement radical – Social – Libéral. Cette fusion a également vu naître un nouveau président du parti pour la métropole : Jonathan Bocquet. Celui qui est également adjoint à la jeunesse et à la vie étudiante de la mairie de Villeurbanne nous a reçus pour répondre à quelques questions concernant l’avenir de ce nouveau parti.
Depuis le 9 décembre 2017, les radicaux se sont rassemblés en fusionnant le Parti radical de gauche et le Parti radical valoisien. Dans la ville de Lyon et le nouveau Rhône, la fusion ne s’est faite que récemment le 7 juillet 2018. Pour Jonathan Bocquet, président de ce nouveau parti, « cette fusion vient d’un ensemble d’observations sur la vie politique française. D’abord, par rapport à son étirement avec des partis de droite de plus en plus à droite et de plus en plus tenté par le populisme, et un parti socialiste, fragilisé, qui se cherche un peu et qui est pris au piège du discours souverainiste du front de gauche. Ils n’ont pas encore fait l’inventaire du mandat de F.Hollande. On cherche une autre voie et là où la plupart des partis font le choix de la division et créent toutes les semaines un nouveau courant, nous faisons le choix du rassemblement ».
L’après-élection présidentielle semble avoir été le déclencheur d’un rassemblement qui était déjà en réflexion depuis un certain temps. « Il y a eu peut-être une opportunité après la reconfiguration de la vie politique forcée par l’élection présidentielle et son résultat. On s’est rendu compte qu’il y avait une opportunité de grandir en fusionnant » déclare le jeune président. « Il y a dans le bouleversement politique provoqué en 2017 quelque chose de sain : la remise en cause de l’hégémonie des deux grands partis. Cette hégémonie était mortifère pour le débat démocratique et créait des oppositions stériles. Cela dit, l’hégémonie de LREM est tout aussi catastrophique pour la démocratie. Il faut de la pluralité » ajoute-t-il.
L’union sacrée
Pour Jonathan Bocquet, le point d’orgue dans la mise en place cette fusion était avant tout d’adopter la même politique. Il était ainsi nécessaire que les radicaux puissent mettre de côté les points sur lesquels les deux anciens partis n’étaient pas toujours d’accord, car « Des désaccords, il y en a, 46 ans de vie politique séparée ce n’est pas rien. On avait fait des choix différents, on est dans des exécutifs différents au niveau municipal, départemental, régional on n’est pas toujours du même côté, mais on a décidé d’arrêter de regarder les petits détails, la petite virgule le petit point sur lequel on n’est pas d’accord pour se concentrer sur les valeurs communes que l’on veut défendre. Il y a tout un tas de thèmes sur lesquels on n’aura aucun mal à travailler ensemble. Il va y avoir les Européennes l’année prochaine qui est un enjeu important pour nous, la question de la laïcité, le combat contre les replis communautaires qui est quelque chose de très cher aux radicaux, il va aussi avoir de nombreux débats sur les bioéthiques à l’Assemblée nationale » nous explique-t-il.
Interrogé sur les avantages de ce rassemblement pour les deux partis, le président du parti pour la métropole évoque une indépendance enfin trouvée : « Pour les radicaux et pour le mouvement radical ce que ça change c’est que l’on va pouvoir être indépendant ce qui est une vraie nouveauté tant pour le parti radical de gauche que pour le parti radical valoisien. Ça faisait 46 ans que l’on devait s’allier systématiquement à chaque élection avec un autre parti parce qu’on n’était pas suffisamment fort seul. Pour le Parti radical de gauche, c’était presque systématiquement le parti socialiste et pour les valoisiens c’était l’UDI. Maintenant, on va pouvoir défendre plus fortement nos propres couleurs ».
Mais alors qu’adviendra-t-il de ses anciennes alliances, vont-elles, elles aussi perdurer ? Selon Jonathan Bocquet « L’objectif ce n’est pas de s’isoler, mais de pouvoir dialoguer avec les autres forces politiques en toute autonomie. Ce qui ne nous empêche pas de discuter avec tout le monde et peut-être de nous allier au cas par cas. Le radicalisme, ce n’est pas un centrisme mou. Nous avons un éclairage singulier à apporter. Nous sommes en capacité de discuter avec tout le monde, mais il est hors de question de renier nos engagements passés. Certains radicaux se réclament de la gauche, d’autres du centre droit. Nous ne serons pas toujours d’accord sur tout et c’est très bien comme ça. Mais nous porterons une voix unie sur les sujets qui nous sont chers. Nous avons des élus qui se sont engagés dans des majorités et qui assumeront des bilans. Nous continuerons de défendre les mêmes valeurs. C’est un principe de cohérence et de conviction. Notre loyauté n’a pas toujours été respectée par nos partenaires dans le passé. La question des alliances, ce n’est pas juste de savoir sur quelle liste on colle un logo. Nous nous engagerons sur des projets et des contrats de majorité » explique-t-il.
«Le choix d’un projet résolument européiste»
En ce qui concerne les concurrents politiques, une coalition avec la République En Marche ne semble pas à exclure, mais des désaccords importants semblent poser problème comme nous l’a confié Jonathan Bocquet : « nous avons d’importants désaccords concernant les questions autour de l’immigration et avec le rapport à la laïcité du président. Donc il faudrait peut-être qu’En Marche clarifie son propre positionnement pour savoir si effectivement cela est assez proche des valeurs que nous défendons ».
Concernant le parti du Rassemblement National et les rumeurs de disparition d’ici fin août lancées par Marine Le Pen, Jonathan Bocquet définit cela comme un coup de bluff de la part de la présidente de l’extrême droite: « Je pense que c’est de l’intox. Ils ont été sanctionnés pour ne pas avoir respecté la loi par rapport à leurs collaborateurs parlementaires. Ils vont perdre de l’argent ça va leur coûter cher donc c’est sûr que ça les fragilise. C’est une question juridique et Marine Le Pen essaye d’en faire une question politique en disant qu’on veut tuer son parti et que c’est une atteinte à la démocratie. Non, la vraie atteinte à la démocratie, c’est de ne pas en respecter les règles et d’utiliser en plus les fonds publics de l’Union européenne pour de faux collaborateurs alors même qu’elle critique l’Europe. En revanche, elle a le réflexe d’utiliser l’argent de l’Union européenne quand il le faut. Comme elle veut faire exister ce problème politique, elle prétend que le Front National va peut-être disparaître ».
Des étapes importantes notamment municipales et européennes attendent le nouveau parti. Les radicaux devront alors se mettre d’accord sur comment les aborder. « Pour les échéances européennes, nous ferons le choix d’un projet résolument européiste, qui fera la promotion d’une Union européenne ambitieuse en termes politiques, sociaux et environnementaux. C’est sur la base de ces enjeux que nous nous positionnerons sans que cela ne présage en rien la suite. En 2020, ce sont les enjeux municipaux qui nous détermineront. C’est pour cela que nous entamerons dès la rentrée un travail programmatique local » déclare Jonathan Bocquet, président du parti pour la métropole.