« Des arbres pas des pubs ! » par cette devise, le collectif Plein la vue exprime son mécontentement vis-à-vis des nombreux panneaux publicitaires numériques implantés dans les rues de Lyon. Créé en novembre 2017 et composé actuellement de trente bénévoles actifs, même si le collectif est très jeune, il se consacre à un but bien précis : « la libération de la pression publicitaire dans la métropole lyonnaise. » Grâce à cela le collectif avait déjà collecté plus de dix mille signatures contre la propagation des panneaux publicitaires à Lyon.
À la suite d’une éventuelle implantation de cent panneaux numériques publicitaires à Lyon en 2020, le collectif Plein la vue a pris l’initiative de lutter contre cette mesure. En effet, cette polémique tient son origine de la volonté du groupe JCDecaux à installer des panneaux qui pourront aider financièrement l’arrivée progressive des nouveaux Vélo’v. Depuis, le collectif gère une lutte sans merci afin que ces panneaux ne voient pas le jour.
« Des services pour rendre la ville plus agréable »
Le groupe JCDecaux est une entreprise dont le but est de créer des services pour la ville. C’est dans cette perspective qu’il avait investi dans le concept de vélos en libre-service en 2005. Cependant, l’entreprise a décidé de faire évoluer son concept : le Vélo’v connaîtra un grand changement dans les jours à venir. Un contrat entre la Métropole de Lyon et le groupe JCDecaux a permettra un nouveau cycle de modernisation pour les Vélo’v, et ce, pour une durée de 15 ans. En effet, les Lyonnais connaîtront des nouveaux vélos à assistance électrique dès 2020. En revanche, pour le financement de ce nouveau service, l’entreprise planifie de mettre plus de panneaux publicitaires numériques, ce que le collectif voit d’un mauvais œil. Contactée par le Lyon Bondy Blog le 13 juin dernier, Chloé Vasset, bénévole du collectif, déclare « qu’il est possible d’avoir un parc à vélos non payé par la pub ». Evoquant l’inutilité et l’aspect nocif de ces panneaux, le collectif met également l’accent sur les thèmes tels que l’agressivité, le gaspillage, l’agression lumineuse et encore la surconsommation que génèrent ces panneaux.
Le co-directeur général de JCDecaux, Jean-Charles Decaux avait répondu aux questions de nos confrères de Lyon Capital le 30 juin dernier à ce sujet. Ce dernier met l’accent sur l’importance de ces panneaux pour la ville en évoquant un besoin nécessaire : « la communication au bon moment au bon endroit, à la fois pour les informations des villes et les messages publicitaires ». Suite à cette déclaration, le collectif Plein la vue a répondu le 6 juillet dernier avec un communiqué de presse public sur leur site. En critiquant l’idée de la nécessité de ces panneaux pour la ville et pour la modernité, le collectif précise que cette idée n’est pas partagée par la majorité des lyonnais et ne fera qu’entrainer une surconsommation. Chloé Vasset déclare : « lui, il les met parce qu’il loue les espaces. Ce n’est jamais pour parler du théâtre ou d’événements culturels. Nous, on souhaite une information, et non pas de la publicité car aujourd’hui, il y en a beaucoup trop ». De plus, le collectif prend également en compte l’effet négatif des panneaux pour les petits commerçants mais aussi pour le développement des enfants. Attirant l’attention sur le côté environnemental, la pollution créée par ces panneaux, elle aussi, se trouve parmi leurs arguments.
Un référendum local qui concerne toutes et tous ?
Toujours très engagé, le collectif a réalisé un micro-trottoir durant le mois de juin interrogant des passants de la Place Bellecour afin de savoir s’ils étaient pour ou contre ces panneaux. Le collectif est convaincu que la majorité des Lyonnais ne veulent pas davantage de panneaux publicitaires dans le paysage lyonnais. Venant récemment avec une proposition qui concerne chaque Lyonnais, Plein la vue précise l’insuffisance de ses ressources qui ne permet pas de réaliser un sondage sur le sujet, et réclame un référendum pour clarifier le débat. Motivés par la réalisation de ce référendum, les membres de Plein la vue ont même écrit à chaque élu de métropole, et à chaque maire de Lyon. Chloé Vasset explique : « On se rend compte qu’il y a beaucoup de maires qui disent qu’il y a déjà trop de publicité, et ils souhaitent la réglementer ».
Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Selon le sondage effectué sur Facebook par le LBB, à la question « êtes-vous pour ou contre les panneaux numériques publicitaires à Lyon ? », seules 45 personnes (4%) sur plus de mille personnes sondées sont pour les panneaux publicitaires numériques à Lyon alors que plus de mille personnes (96%) sont contre. Quant au sondage sur Twitter réalisé également par le LBB, sur 136 participants, seulement 4% des sondés ont déclaré qu’ils sont pour les panneaux tandis que 96% des sondés sont contre.
Toujours sans réponse de la Métropole, Chloé Vasset évoque un ras-le-bol général, même de la part de certains maires de Lyon, et elle n’hésite pas à dire qu’ils ont onze mille personnes unies à clamer « non on n’en veut pas » et qui sont alors toujours prêtes à prendre parti lors d’un éventuel référendum.