Football amateur, le dossier [1/3]. Privées de matchs officiels et d’oppositions aux entraînements depuis l’automne 2020, les équipes de football amateures de la région lyonnaise subissent actuellement des difficultés sportives et sociales, dans l’ombre des clubs professionnels.
Depuis l’automne dernier, en raison de la crise sanitaire, le football amateur lyonnais est de nouveau à l’arrêt. Il s’agit d’un vrai coup dur, surtout, lorsqu’on sait que les compétitions du football professionnel (Ligue 1, Ligue 2, D1 féminine) continuent. À ce stade, aucun match n’a été joué, excepté en coupe de France depuis le week-end du 30 et 31 janvier. Cette situation, le monde du foot amateur la subit et regrette véritablement la suspension de toutes les compétitions de District, de ligues régionales et de National 3, jusqu’à nouvel ordre.
« C’est compliqué de se tenir à niveau sans jouer »
Du fait de la crise sanitaire, certaines équipes s’entraînent collectivement depuis le 15 décembre, sans contact, seulement une fois par semaine, tandis que d’autres clubs laissent leurs joueurs se maintenir en forme individuellement. Faute de compétitions, les entraînements sont ainsi moins intenses et ce nouveau quotidien est loin d’être simple : « Il y a un préparateur physique qui nous envoie des séances d’entraînement et on bosse de notre côté pour être prêts un minimum. Il ne faut pas se laisser aller et c’est assez dur à gérer », se désole Antoine Jean-Baptiste, latéral gauche du FC Limonest (National 3). Plus que l’absence des entraînements habituels, c’est le manque de relations sociales entre coéquipiers qui tourmente : « C’est compliqué de se tenir à niveau sans jouer, confie Reudd Manin, défenseur du FC Vaulx (National 3). Quand nous les joueurs, on est ensemble, c’est mieux ! S’entraîner tout seul, c’est dur. » D’ailleurs, l’arrêt des compétitions impacte cruellement les projets de ce jeune de 19 ans qui a quitté la Guadeloupe à l’âge de 15 ans uniquement pour le football. « Depuis l’année dernière, il y a la covid-19 et s’il n’y a pas de foot, je peux décider de rentrer en Guadeloupe, en fait. Mon objectif est de devenir footballeur professionnel et sans le football, c’est vraiment compliqué », nous souffle-t-il.
Les entraînements sans contact ne suffisent plus
En tant qu’entraineur du Sud Lyonnais (Régional 2), Valentin Lori a envie de retrouver ses bonnes habitudes : « Les entraînements d’avant me manquent tout comme l’adrénaline des matchs et la compétition », déclare-t-il. S’entraîner les mardis et jeudis, les matchs le samedi, les vestiaires, la causerie, l’échange puis la rigolade sont des petites choses que désirent cruellement les protagonistes du football amateur à Lyon. Aujourd’hui, les entraînements sans contact ne suffisent plus. Et pour certains coachs de Régional 2, c’est difficile d’insuffler de la motivation aux joueurs quand on n’a pas le droit de mettre en place d’oppositions, l’essence même du foot. Pour Ronald Yao, les clubs amateurs doivent renouer avec la compétition : « Vu que les clubs professionnels peuvent jouer au foot, je pense que tout le monde devrait reprendre », manifeste l’entraîneur de l’AS Montchat (Régional 2). La raison ? Une volonté de « satisfaire les joueurs », privés d’une majeure partie de leur passion. Car, en allant à l’entraînement, les amoureux du ballon rond s’attendent à jouer au foot, au sens propre du terme. Mettre en place des ateliers pour travailler uniquement la condition physique n’a pas de sens selon Valentin Lori : « On ne peut pas demander à des joueurs, qui s’entraînent une fois par semaine et sans date de reprise des matchs, de travailler physiquement comme on le fait habituellement pour se préparer à la compétition. »
À ce jour, aucune date de reprise des compétitions n’a été annoncée par la FFF et l’annonce d’une saison blanche ne tient plus qu’à un fil. Aujourd’hui, si vous êtes professionnel de football, vous avez le droit de jouer au foot. Et, si vous ne l’êtes pas, vous n’avez pas le droit de pratiquer votre sport et votre passion… Presqu’une forme de discrimination lorsqu’on réalise que ce n’est qu’une question d’argent.
Aymeric Larcher