Florine Vialle, jeune photographe professionnelle, souhaite casser un peu les représentations classiques

À 22 ans, Florine est une jeune photographe lyonnaise qui évolue dans un univers aux tons froids. Elle s’inspire de la sphère alternative, d’univers un peu dark en étant aussi inclusive et humaine que possible.

La jeune femme, spécialisée dans le portrait, exerce depuis bientôt un an à Lyon. Elle travaille principalement avec des particuliers et espère, à termes, élaborer des projets avec des marques et des entreprises. Elle couvre également des événements sociaux comme les mariages et de l’événementiel en soirée.

Faire de la photographie, c’est avant tout traiter de l’humain

« Lors de mes tout débuts en clientèle, j’ai photographié une personne souffrant d’handicaps physiques et qui n’avait pas vraiment la possibilité de se voir de dos. Grâce aux images, elle a pu se découvrir de dos pour la première fois depuis un certain temps et elle a vraiment été touché. C’était fort pour moi d’avoir pu participer à cela à travers les images » nous confie l’artiste. Même en dehors de ces séances de self love et d’acceptation de soi, la photographie lui donne l’impression de se sentir utile, « on immortalise des moments précieux, des émotions volées. Les gens nous remercient. Une fois, une personne m’a dit que lorsqu’elle avait fait la séance, elle ne se sentait pas au top et que ce moment l’a aidée à garder le cap. Ça m’a vraiment fait plaisir » dit-elle en souriant.

Pour autant, elle ne préfère pas se prétendre photographe body positive parce qu’elle fait toujours un travail de retouche après les prises : « Même si je n’enlèverai jamais quelque chose qui est là de manière permanente, comme un grain de beauté ou des vergetures, je m’occupe de retaper les peaux, de faire un travail de clean parce que pour moi ça fait partie de mon travail artistique. Je remodélise les corps que je vois parce que je les stylise dans mon art. La retouche ce n’est pas grossir les seins mais c’est le travail obligatoire du traitement de l’image parce que lorsque la photographie sort du boitier, c’est un format qui n’est lisible qu’en passant par un logiciel pro. Il faut forcément passer par la case colorimétrie, ton, pour qu’elle ressemble à une œuvre. En fait, la photo, quand elle sort de l’appareil, c’est comme une toile blanche pour un peintre et nous, les photographes, on fait un travail de retouche derrière pour pouvoir dire après que c’est notre œuvre et qu’elle est finie ».

C’est également une grande responsabilité d’exercer ce métier, « en tant que photographe, on est acteur de la visibilité et des représentations. » Florine souhaite se démarquer de ce que l’on voit habituellement pour représenter des personnes peu visibilisées, qui ne rentrent pas dans les codes de beauté classiques. Selon elle, « c’est aller contre l’hégémonie et l’homogénéité des représentations des beautés. C’est participer au paysage de l’image et apporter quelque chose d’un peu différent ». Elle tient à dire qu’elle ne prétend pas faire mieux que ses collègues, mais à sa manière.

Un univers aux tons froids mais qui n’est pas dénué de chaleur

Inspirée par les travaux de Tim Walker (photographe de mode anglais), elle épluche aussi de nombreux magazines comme Normal magazine, Fisheye, Polka et Vogue. Sur les réseaux sociaux, elle tente également de dénicher de nouveaux talents et suit des références en termes de business (des photographes qui ont réussi à se faire un nom en ville). Bien qu’elle s’inspire beaucoup d’Instagram, elle tente de s’en éloigner un peu.

Lorsqu’elle créée des thématiques, elle s’inspire des saisons, « ça permet à chaque saison de proposer des choses nouvelles. Là, en l’occurrence, c’était l’hiver. On avait donc des périodes de givre à Lyon et ça rendait le paysage complètement blanc, glacial. Comme je travaille des colorimétries très froides, c’était naturel que j’aille vers ça. L’idée était en accord avec la ligne éditoriale ; je suis donc allée chercher des personnes aux cheveux très clairs pour trouver cette idée de beauté froide, atypique. C’est aussi aller avec les tendances, par exemple les sourcils décolorés ». Son travail consiste donc à reprendre les codes et les tendances actuelles, à se les réapproprier et proposer des thématiques autour qui conviennent.

Photographie thématique de l’hiver 2022.

Et c’est quoi le quotidien d’une photographe ?

Elle s’organise à la semaine, « je fais pas mal de postes calculés à l’avance que je publie à des moments stratégiques ». En ce moment c’est la Saint-Valentin, les photographes lifestyle remettent donc en avant des offres spéciales, « on va faire des remises sur les séances de couple pour l’occasion ». Dans son travail au quotidien, elle essaye pourtant de se détacher des réseaux sociaux, « Aujourd’hui, j’essaye de moins dépendre d’Instagram (même si j’ai deux comptes professionnels dessus un tourné vers la culture alternative et l’autre plus lifestyle), j’ai créé mon propre site web et je préfère fonctionner plus par bouche à oreille parce que c’est ce qui fonctionne le mieux. L’algorithme d’Instagram est déjà biaisé et nous fait confondre la fame (la notoriété) et la qualité ». Instagram pour elle c’est un lieu où trouver de la clientèle, ce n’est pas une course au like.

Faire de la photographie, c’est beaucoup travailler sur l’ordinateur, contacter des personnes, faire de la retouche, faire de la compta et de la logistique, « faire de la photo proprement dite, ce n’est parfois que 20 % de mon travail ». Pour elle, l’essentiel n’est pas d’être un as du matériel, de la technique, ce qui est important c’est d’avoir une grande sensibilité artistique, « trouver une niche qui fonctionne pour toi où tu peux développer ta créativité ». La photographe s’est formée sur le tas après une licence d’arts du spectacle très théorique et fortement axée sur le cinéma. Au début, tout n’a pas été facile, « depuis que j’ai un espace privé on m’a dit que je m’étais améliorée mais c’est juste j’en ai désormais les moyens. Avant, j’étais déjà capable de faire ce que je fais mais ce n’était pas réalisable dans un 9m2 ». Si la photographie demande effectivement d’avoir des moyens, elle tient à dire que ce n’est pas inaccessible et qu’on peut en vivre. La jeune femme a fait le choix d’avoir un emploi à mi-temps à coté pour avoir une rentrée d’argent régulière tous les mois : « Cela me permet d’être plus sereine, de faire mon petit nid et de voir si c’est quelque chose de viable pour moi sur le long terme ». Et aussi parce que prendre soin des autres, c’est d’abord prendre soin de soi, l’artiste a opté pour ce choix de vie plus lent, « la slow life ».

La rédaction

Crée en 2008, la rédaction du Lyon Bondy Blog s'applique à proposer une information locale différente et complémentaire des médias traditionnels.

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