Lorsque l’on est étudiant et que les vacances ne tardent pas à venir, certains s’organisent des petites virées sur des terres inconnues. Pour les uns, cela peut être un job d’été à Vienne, d’autres un voyage en Grèce, ou une colonie de vacances, et pour les derniers : un engagement politique et médiatique.
Morgan, étudiant en 3ème année de Droit à Lyon, a choisi la dernière option. Sur plusieurs fronts, il a d’abord commencé avec un départ pour Tel Aviv pour terminer son aventure avec les Indignés de Madrid.
Morgan souhaitait au départ « aller à la rencontre du peuple palestinien », il ne voulait pas parler d’engagement politique. Puis il entendit parler de la mission «Bienvenue en Palestine» (
http://bienvenuepalestine.com), organisée en France par Olivia Zémour à la tête de l’organisation »Europalestine ». Cette mission avait pour but de réunir des centaines de citoyens venant des quatre coins du Monde pour se rendre le même jour à l’aéroport Ben Gourion de Tel Aviv en Israël. Jusque là, rien de dangereux, jusqu’au moment où toutes ces personnes, une fois arrivées en Terre Sainte, déclareront ouvertement leur vœux de se rendre en Palestine en outre-passant tout barrage douanier.
Évidemment, ce petit voyage organisé entre amis défenseurs des Droits de l’Homme ne fut pas au goût du premier ministre en titre Mr Netanyaou. Ce dernier s’est rendu dans le célèbre aéroport accompagné de ses petits copains armés jusqu’aux dents pour empêcher tout passage bénéficiant à la mission « Bienvenue en Palestine ». Même les aéroports de départ avaient été bloqués sur demande du gouvernement israélien, avec un degré de coopération plus ou moins fort selon les Etats. Pendant que « Bruxelles critiquera l’Etat Israélien, la France, elle, restera dans un silence glacé »…
Dès lors, cette mission fera l’objet d’une « explosion médiatique qui jouera en faveur de celle ci ». Même la presse israélienne critiquera la réaction de son propre gouvernement, la jugeant démesurée, ce qui crée pour la première fois « une disparité entre le Gouvernement et l’opinion publique ».
Cet énorme blocus international aéroportuaire profitera à la cause initiale qui était de démontrer que mêmes des citoyens pacifistes ne profitent d’aucune liberté de circulation en Israël.
Pour Morgan, cette victoire médiatique ne sera que le début de l’aventure au pays des revendications territoriales populaires. Il se dirigera ensuite vers le Royaume de la Tour Eiffel pour rencontrer les Indignés parisiens. Il voulait dans un premier temps leur faire entendre son témoignage à propos de son périple palestinien pour ensuite «
s’engager dans une cause plus globale et mondiale » qu’est celle des Indignés (
http://fr.wikipedia.org/wiki/Indign%C3%A9s ).
Il y partage son pain et ses paroles avec « toutes ces personnes qui portaient différents accents, différentes situations et différents âges ». Certains sont des jeunes qui ne se reconnaissent dans aucun groupe politique, et d’autres ne sont pas descendus dans les rues depuis une trentaine d’années car rien ne les appelait au militantisme. Leurs souhaits sont divers : d‘ordre politique, philosophique, sociale, environnemental, pour un respect de la dignité humaine sans distinction, plus de soins pour la biosphère, une plus grande ouverture au monde extérieur en passant par l’éducation et la connaissance de l’autre, et des moyens autres que le matérialisme pour chercher à s’enrichir. Comme Morgan me le dit « la pauvreté vient du fait d’avoir perdu ses liens avec l’autres, ainsi que ses valeurs ».
Et sa formation de juriste dans tout ça ? Cela lui permet de décoder l’actualité, de voir une explosion législative (loi Loppsi 1 et 2) mettant en danger la liberté des citoyens, tout en installant « un flou juridique bénéficiant aux autorités ».
L’étudiant pris conscience qu’il n’avait jusqu’alors que des théories, des philosophies du droit, seulement un point de vue extérieur sur les choses de ce Monde qui l’empêchait d’évoluer dans sa vie universitaire.
Puis toutes ces histoires internationales furent à l’origine d’une plus grande connaissance de lui même, de cette capacité à être à l’écoute de l’autre et de ce si grand Monde. Et surtout, il se rendit compte que pour bénéficier de droits basiques comme la liberté d’opinion, en manifestant pacifiquement par exemple, il fallait dépasser le statut de citoyen pour devenir un résistant.
Il témoigne de cette poignée d’individus (environ 600) qui ont réussi à faire réagir un des Etats les mieux armés au Monde. Pour conclure en me déclarant que « c’est en s’organisant et en se regroupant pour former cette dernière instance de pouvoir qu’est la société civile internationale, que l’on peut faire réagir les grandes puissances ».
La morale de ces histoires sera cette maxime indétrônable « l’union fait la force ». Prochain départ pour Morgan, Madrid pour rejoindre les initiateurs du mouvement des Indignés.