Petit billet, qui en appellera d’autres, sur cette rocambolesque élection du président de l’UMP.
Le dénouement est enfin là, et voici que le parti de l’ancien président connaît son chef. Il faut dire que pour une première, l’élection du président de cette formation politique ressemble à s’y méprendre aux première élections que connaîtrait un pays n’en ayant jamais organisées. Guichet fermés puis rouverts comme à Nice, émargements discordants avec le nombre de bulletins comptés, et annonce des deux candidats faisant déclaration de leur victoire, cela rappelle les élections en Côte d’Ivoire, à défaut d’y voir une côte de popularité.
La Cocoe (Commission d’Organisation et de Contrôle des opération Electorales), interne au parti, composée de neufs membres, s’est transformée en « Cocote », prête à faire imploser l’UMP. Ce juge de paix, plutôt que de célébrer l’union d’un chef de parti avec ses militants, se voit dans le rôle de juge prononçant le divorce entre messieurs Copé et Fillon. Soulignons que la défiance est telle, que quatre personnes sont venues renforcer la Cocoe, à raison de deux par candidat. Peut être aurait-il fallu déléguer une commission mandatée par l’ONU, pour observer tout cela de plus prêt. Notons que pour une formation combattant le mariage gay, elle s’est retrouvée quelques heures avec deux papas…
Les militants eux, oscillent entre consternation et gueule de bois à l’audition des résultats. Environ 264 000 d’entres eux étaient à jour de cotisation. 174 678 votants se sont finalement exprimés (http://www.u-m-p.org/), soit environ 66% du contingent électoral de cette formation. Si l’on considère que 87 388 ont voté J.F. Copé, et 87 290 pour F. Fillon, on constate que seuls 33% des militants seront satisfaits.
Certes, l’exercice de la démocratie s’accompagne de déconvenues. Mais l’on pense le plus souvent que celles-ci viendront du camp d’en face, en cas de victoire de celui-ci. Qu’en est-il quand le résultat des votes exprimés ébranle les fondements de sa famille politique ? Il en ressort que le désarroi l’emporte sur toute autre considération. Il y a donc fort à parier, que l’opposition va axer ses efforts sur une cohésion à retrouver, le tout avec une élite décapitée pour moitié. Gageons que les rancoeurs sauront se rappeler au bon souvenir de l’éventuel futur candidat et de son équipe lors de la prochaine élection présidentielle.
Cela fait les affaires du gouvernement, car mieux vaut faire face à plusieurs tendances désunies qu’à un front solidaire.
Il faut souligner que le duel Aubry / Royal avait aussi fait couler beaucoup d’encre lors du congrès de Reims du PS en 2008. Et on peut faire un petit parallèle. Un scrutin très serré, le camp Aubry qui revendique la victoire, et le camp Royal qui ne veut pas se laisser « voler la victoire ». Près d’une semaine plus tard, la « commission de recollement » donne 102 voix d’avance à Martine contre Ségolène. La suite on la connaît, quatre ans plus tard le candidat PS à la présidentielle est … François Hollande
Mais au-delà de l’appartenance à une famille politique, on constate encore une fois que les ambitions personnelles s’avèrent être le vrai moteur de nos politicien(ne)s. Bien loin des professions de foi, où l’on jure le cœur sur la main que seul le bonheur du peuple est motivant, on observe que les dents sont longues, et les amitiés brèves. Pour l’heure, puisque 98 voix séparent les deux combattants pour le siège de l’UMP, il convient de s’incliner devant ce résultat, fut-il infime, et sujet à controverses. Les pains aux chocolat n’ont plus de soucis à se faire pour le prochain ramadan, puisque l’UMP va s’en « ocCopé ». Il aura fallu attendre l’heure des croissants pour s’en réjouir…
Quant à François Fillon, le chiffre 98, lui fera peut être chantonner l’hymne des bleus lors de leur consécration cette année là : « I will survive ».