Déjeuners solidaires à l’école maternelle : une lutte contre la précarité alimentaire

Depuis la rentrée scolaire 2021, l’école maternelle d’Olympe de Gouges (8ème arrondissement) propose des petits déjeuners solidaires à leur 80 élèves, les mardi et les vendredi matin. Un dispositif qui a pour but de lutter contre la précarité alimentaire et de sensibiliser les enfants à une meilleure alimentation.

L’école maternelle Olympe de Gouges – Capture d’écran Google Maps

En ce début d’année 2021 et pour la première fois à Lyon, des petits déjeuners solidaires sont mis en place et proposés à l’école maternelle Olympe de Gouges (Lyon 8ème), classée en zone politique de la ville. Un dispositif accrédité entre la ville de Lyon, la préfecture du Rhône et l’académie de Lyon.

Un déjeuner proposé deux fois par semaine

Les petits déjeuners sont servis le mardi et le vendredi entre 8h20 et 8h40, pendant le temps d’accueil, et n’empiète donc pas sur le temps scolaire normal. « Les petits-déjeuners sont proposés à deux niveaux différents : le mardi, c’est pour les moyens/grands de l’école, et le vendredi pour les plus petits », explique la directrice de l’association Epi c’est bon !, qui fournit les aliments. Le dispositif concerne 80 élèves, issus de toutes les classes de cette maternelle : 23 élèves de très petite section, 21 élèves de petite section et deux classes de moyenne/grande section de 16 et 21 élèves. « Ce dispositif financé par l’État s’élève au prix de 3744 euros, et un repas revient à 1 euros par élève. Les parents n’ont aucun reste à charge à prendre », détaille Patrick Odiard, adjoint à l’éducation dans le 8ème arrondissement. Lancée en janvier, l’opération était déjà prévue depuis quelque temps : « Il faut savoir que ces petits-déjeuners ont été initiés par le mandat précédent. Mais la crise du Covid est arrivée et a beaucoup retardé le processus de mise en place », explique Laura Ferrari, conseillère municipale d’arrondissement. Une initiative qui reste expérimentale, dans le cadre du plan d’action des cités éducatives et du plan de lutte contre la pauvreté. Elle est prévue sur toute l’année scolaire des enfants de maternelle, et se déroulera du 4 janvier au 6 juillet.

Une lutte contre la précarité alimentaire

En France, les inégalités de niveau de vie ont nettement augmenté en 2018. Selon un rapport publié par l’Insee, ce serait 9,3 millions de personnes qui vivent sous le seuil de pauvreté en 2020. 13% des enfants scolarisés arriveraient à l’école le ventre vide, selon un rapport publié par Jean Paul de la Haie. Le but de cette initiative est donc de rétablir l’équité entre les familles les plus fragilisées économiquement. « Manger sainement coûte cher.  Si les parents n’ont pas les moyens de le faire, c’est à la collectivité d’apporter son aide pour que les enfants puissent manger sainement le matin ». Beaucoup de familles ayant une alimentation peu variée, par manque de moyens. Pour réduire ces inégalités alimentaires, la ville de Lyon à fait appel à l’association La croisée des chemins, qui anime une épicerie et une cantine solidaire du nom de Epi c’est bon!, en tant que prestataire et fournisseur des petits déjeuners dans l’école Olympe de Gouges.

L’épicerie mise sur les producteurs locaux, « très souvent bio et/ou raisonnés » afin de sensibiliser les enfants à une meilleure alimentation, d’après sa directrice . « L’idée est de mettre en lien, à travers l’école, nos prestations et nos produits avec une autre population que les traditionnels habitués des circuits bio, on propose par exemple des fruits du mont du Lyonnais, du jus de pomme d’Irigny, du pain de la Miecyclette ou encore de la confiture de Recup et Gamelles. » Une façon de soutenir les commerces de proximité et de faire varier les produits en fonction des saisons. Ce mois-ci, les enfants sont servis avec du lait bio, du cacao bio, du beurre, de la confiture, du pain et du jus de pomme d’Irigny. «Le mois prochain par exemple on partira sur du yaourt, du miel, des céréales », explique t-elle. Une façon de proposer et de faire découvrir aux enfants les différents produits et aliments qui peuvent être proposés sur le marché.

Un temps d’éducation pour les enfants et d’accompagnement pour les parents 

Cette expérimentation permet aussi aux enfants de passer un moment convivial, mais aussi d’intégrer les parents qui découvrent une manière différente d’appréhender le petit-déjeuner, ainsi que de nouveaux produits. « Le temps du repas, c’est un temps d’éducation, ce n’est pas simplement un temps où l’on se nourrit. La question de la parentalité est extrêmement importante. La fonction parentale doit demeurer, et ce n’est pas à la collectivité de se substituer aux parents. Par contre l’école à son rôle dans l’apprentissage et dans l’éducation », éclaircit Charles Franck Levy. « Cette expérimentation n’a pas pour but de se substituer à l’éducation parentale, mais plutôt de l’accompagner sans culpabiliser les parents et surtout pour répondre à une inégalité de fait », renchérit Laura Ferrari. Ce dispositif a vocation à inclure les parents, enfants et enseignants dans le projet. « L’idée est d’échanger sur l’alimentation des enfants et sur ce qu’ils déjeunent le matin, afin d’amener dans le futur vers d’autres types de petits-déjeuners, culturellement différents de ce qu’on peut avoir au quotidien », explique la directrice de l’école. 

Un dispositif qui pourrait être élargi en cas de réussite 

Pour l’avenir, les acteurs du projet souhaitent mobiliser un maximum d’associations et de structures lyonnaises, pour pouvoir créer des choses à plus grande échelle. « On a un certains nombre d’enfants qui restent à l’école parfois  jusqu’à 18h30, donc on réfléchit à comment utiliser les restes de la cantine comme des yaourts, du pain ou encore d’autres aliments qui peuvent rester pour leur proposer un goûter », propose Charles Franck Levy. Une expérimentation qui ne verra le jour qu’en cas de réussite : « On pourra se pencher sur le résultat final qu’en juillet, mais la réussite serait l’implication des familles et des enfants dans les petits déjeuners solidaires », explique Patrick Odiard. « Je pense qu’il ne faudra pas avoir la volonté d’être uniforme partout, il faudra travailler avec les équipes pédagogiques. Il y a des écoles ou c’est bien un jour ou deux , tout dépend de l’école, du projet et de la manière d’associer les parents », poursuit Charles Franck Levy.

L’initiative pourrait être prochainement reconduite dans des écoles du 9ème et du 3ème arrondissement. 

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