Coupe du monde 2014 : bien plus que cinq étoiles dans les yeux…  

Les adolescents lyonnais, grenoblois, pierrefittois et les encadrants du projet Brasil 2014 reviennent de Salvador de Bahia avec des souvenirs indélébiles. Ils ont vécu une première partie de mondial palpitante tout en découvrant les richesses et les réalités de ce pays. L’heure est aux récits pour les jeunes et aux bilans pour les adultes.

Visite du Pelourinho avec les élèves de Bahia

Ce qui les rend fiers, c’est de ne pas avoir été là-bas seulement pour le plaisir, car c’est à Salvador de Bahia qu’ils se sont trouvés ou révélés. Ces jeunes issus de cités difficiles sont venus pour croire en l’avenir. Tout est possible comme voir Benzema assommer la Suisse dans l’Arena Fonte Nova.

Il y aura de quoi raconter depuis l’instant où les portes coulissantes de l’aéroport se sont ouvertes le 10 juin dernier sur ce pays immense et fou dont les serviteurs laissent l’optimisme grimper tel une tour de Babylone au-dessus des émeutes et des contestations. Le mondial, ils le voulaient, mais pas de cette manière ont-ils crié.

Les transports et les salaires sont en souffrance, mais Neymar ou Marcelo ont été élus pour faire faire rêver leur peuple. Un exutoire ? C’est bien plus que ça…

Lors d’une visite au Sobredo 25, Basile Boli, vainqueur de la ligue des champions en 1993 avec l’Olympique de Marseille, reconnaissait : « Je viens du 93 et quand j’étais jeune, je n’avais pas ce genre d’opportunités. Il faut encourager ce genre de projets. Cela ouvre la jeunesse par rapport aux autres pays et leur histoire notamment celle de la traite des noirs, de l’esclavagisme. Pour ce qui est de l’aspect social de ce mondial, c’est très compliqué. Il va y avoir ensuite les Jeux Olympiques et le pays n’est pas totalement prêt, nous l’avons vu au Maracana à Rio. Cela implique beaucoup de risques pour le Brésil. »

Au Pelourinho, la cité sacrée que Micheal Jackson avait lui-même choisi pour faire ses gammes avec l’ami Pacote, virtuose local de la batucada. Les bruits résonnent à l’extrême et encore plus lors des matchs de la seleçao. Pères, mères, fils ou bannis, on les voyait en jaune marcher dans les rues baignées par la samba. Être brésilien, c’est réussir à construire un pont entre soi et les autres, ceux qui viennent de loin.

Salvador de Bahia, une ville paradoxale

Adolescents et encadrants : un lien sacré

À la pousada Sobrado 25 où trois villes et mentalités différentes apprenaient à se connaître pendant seize jours, des personnalités ont émergé. Il y avait le gang des lusophones que l’on appelait volontiers les « translateuses » : Luana, Loriane et Louise ; toutes les trois de Grenoble et puis la star Joao, le Lyonnais d’origine angolaise coqueluche des médias locaux. À chaque sortie, ils étaient captés par le regard des reporters TV. Sakina la grande sœur lyonnaise avec ses rêves de chanteuse et ses émotions jamais gardées. La première à exprimer sa peine devant les enfants cancéreux de l’institut NACCI au Pelourinho et à prouver qu’il y a une vraie profondeur dans la génération 2.0. Difficile d’oublier Ayoub que l’on surnommait volontiers David Luiz à cause de sa formidable coupe de cheveux. Comme les autres, il a tenu la dragée haute face aux joueurs brésiliens de l’école Francisco Leite. Naël, atteint d’une grave maladie, a radicalement prouvé une chose : c’est par nos différences qu’on fait la différence…

Mais il y avait aussi les encadrants rieurs et artistes qui se mêlaient si bien à la population.

Les danses d’Ahmed dans la rue demeurent des références, Abou et son grain de voix manquent déjà à leurs oreilles, Hassan, le grand frère paternaliste a tant contribué au bien-être de ces adolescents. Et Nadia et Sabrina ont fait sortir les papillons lyonnais de leur chrysalide…

Une rencontre forte avec le Brésil  pour Joao et les autres

Le Brésil, le vrai…

Bien sûr, tout n’était pas rose dans un pays qui se soigne d’une longue grippe et où l’on passe d’un quartier riche à une favela en quelques centaines de mètres. Les sans-abris sont trop nombreux et on comprend que crack et alcool ne font plus peur ici.

Les Brésiliennes sont aussi belles que dans nos pubs, on peut maintenant le confirmer. Mais pas seulement sur les plages ou dans les boites de nuit, car on peut aussi tomber sous le charme de la nature et du patrimoine maritime de Bahia. Cette ville ne se vante pas de ses richesses et de sa beauté. Alors il faut chercher soi-même à quelques kilomètres des grattes ciels et des favelas. Le parc de tortues de Praia Do Forte où la sélection croate s’était installée, le village aux pêcheurs de Diogo et ses plages de sable blanc ou l’île Itaparica digne du film « Seul au Monde » avec Tom Hanks.

Oui, le Brésil est comme on le rêve. Seulement, il faut sentir ses pulsations et parler avec lui.

Une après midi à la plage avec les animateurs

Rachid Djouadi réserve les places pour Rio

Nadia Touiz, membre fondatrice du Club Diversité Rhône Alpes qui a accompagné les huit jeunes lyonnais, faisait l’épilogue de ce parcours : « C’était une aventure humaine formidable, on avait des enfants que l’on ne connaissait pratiquement pas et nous nous sommes découvert tous les jours. Nous avons eu la chance de participer à ce projet formidable et d’aller à la rencontre de ces huit personnalités différentes et complémentaires. »

Le président de Sport » A Vie Rachid Djouadi : « tout a été construit autour des adolescents pour qu’ils s’émerveillent et s’épanouissent. De ce côté, cela a été une vraie réussite. C’est un projet qui a débuté il y a deux ans maintenant, au niveau de la mise en œuvre cela a demandé beaucoup de travail et de relationnel. Il a fallu déjà se déplacer au Brésil en mars s’associer avec la mairie de Salvador de Bahia et l’association Sambola qui a été un élément clé de la réussite de ce projet. Il faut cependant savoir prendre du recul et se dire que chaque projet à une fin. Il y a un retour à la réalité pour les jeunes, mais aussi d’autres projets comme la Coupe d’Afrique des nations en 2015 au Maroc, l’Euro 2016 en France et les Jeux Olympiques de Rio la même année. »

Sur la direction de l’aéroport, le chauffeur de taxi jure avoir téléchargé des centaines de chansons françaises. Encore un francophile à Bahia…

La chanson de Gilbert Bécaud « Et maintenant »  retentit comme un signe…

Liens externes : http://www.sambola.fr/

http://www.sportavie.fr/

http://rhonealpes-diversite.fr/s

Mohamed Braiki

Natif de Lyon et enfant des Minguettes, je suis diplômé de Lettres de la Fac de Lyon 2 et l’EFAP Rhône Alpes. J’ai roulé ma bosse dans des rédactions lyonnaises comme la radio Lyon Sport 98.4, Le Progrès, Foot 69.fr, Tribune de Lyon et Lyon Capitale. braikimohamed@yahoo.fr

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