Chantal Gomez sera la tête de liste du parti Lutte Ouvrière pour les élections régionales de 2021. Cette ancienne dessinatrice technique, aujourd’hui à la retraite, était déjà candidate en 2015. Habitante de Grenoble, elle est aussi militante syndicale CGT et souhaite représenter les travailleurs.
Pourquoi vous présentez-vous aux élections régionales et quel sens voulez-vous donner à votre candidature ?
Lutte Ouvrière se présentera dans toutes les régions, y compris à la Réunion. On se présente à ces élections pour faire entendre le camp des travailleurs, c’est d’ailleurs l’intitulé de notre liste. C’est pour permettre à celles et ceux qui voudraient voter pour nous de nous soutenir. On profite de ces élections où les gens sont un peu plus attentifs à la politique. C’est le moment de nous adresser aux travailleurs de la région, et même au-delà puisque nous n’avons pas un programme uniquement régional. Ce que l’on veut, c’est parler de la crise sanitaire actuelle et de cette crise économique, puisque les deux sont liées. Après, la crise économique ne date pas d’aujourd’hui… On veut montrer à quel point ce système capitaliste nous emmène droit dans le mur et le dénoncer. Aujourd’hui, ce n’est qu’une poignée de grands patrons et de grands bourgeois qui décident pour l’ensemble de la population, avec des gouvernements à leur botte. On veut interpeller surtout sur la situation des travailleurs, ceux en première ligne. Ces derniers ont montré qu’ils étaient tout à fait capables de faire tourner cette société pendant le confinement. C’est pourtant eux qui sont les moins payés et qui ont pris des risques pour aller travailler.
Ce gouvernement a montré toute son incapacité face à cette pandémie et face à ce minuscule virus. On peut le voir dans les hôpitaux, qui sont surchargés, dans les Ehpad, dans les écoles. Rien n’a été fait, alors que ce gouvernement a été très généreux pour octroyer des milliards d’aides aux entreprises, sous prétexte de maintenir l’emploi. Pourtant, même les économistes du système disent que ces milliards vont se retrouver dans la spéculation en réalité. C’est toute cette économie que je veux dénoncer ! Aujourd’hui, elle est gérée bien sûr par Macron, mais l’était avant par d’autres gouvernements, de droite comme de gauche. L’autre scandale que je veux dénoncer c’est cette insuffisance des vaccins. Les scientifiques, les épidémiologistes ont été capables de sortir un vaccin en un an, mais l’organisation économique et sociale nous bloque aujourd’hui. Les grands groupes pharmaceutiques ont encaissé des milliards d’aides, mais ils ne sont pas capables aujourd’hui de vacciner toute la population, alors qu’il y a vraiment une pandémie mondiale grave d’après tout ce qu’on nous dit.
Au niveau régional, est-ce que vous pensez qu’il y a une unité, comme il peut en exister une en Bretagne par exemple ? Est-ce que ça fait partie de vos intentions de vouloir unifier à l’échelle régionale ?
Moi je veux unifier les travailleurs, les producteurs… Ceux qui font tourner cette société ! Ils ont un rôle absolu dans l’économie et sans eux, rien ne pourrait fonctionner. Pas seulement au niveau de la région, mais au niveau du pays, voire du monde. Je pense même qu’ils devraient gérer eux-mêmes cette société. Il faudrait faire des choix en fonction des besoins de tous, de l’humain, et non en fonction d’une minorité riche et de grands actionnaires. Ils n’ont même pas été sollicités pendant cette pandémie et ont, au contraire, empoché tout l’argent de la collectivité. Je pense que les travailleurs auraient les moyens de contrôler cette économie, en mettant en avant leurs intérêts et leurs revendications. Il faudrait imposer la répartition du travail entre tous. Il y a des gens qui se tuent à la tâche et puis il y a des chômeurs, notamment plein de jeunes qui cherchent du boulot. Il faudrait aussi imposer la réquisition de ces grandes entreprises et les contraindre à fournir, par exemple, des vaccins. Le contrôle des travailleurs doit être mis en place par des mobilisations et par des luttes. Ce n’est pas un gouvernement qui va permettre tout ça. Moi je suis inquiète avec la crise économique, le chômage de masse et les annonces de licenciements. En pleine pandémie, ils annoncent la baisse des droits des chômeurs. C’est scandaleux ! Cette société regorge d’argent et oblige le pauvre travailleur à faire encore plus d’efforts. C’est une calamité pour la jeunesse. J’habite dans une cité ouvrière où le chômage des jeunes était à près de 50 % avant la pandémie. Aujourd’hui ça doit être sans doute plus… C’est tout ce que cette société a à offrir à la jeunesse ; cela ne suffit pas. Je suis pour l’unification de nos luttes, de nos mobilisations, de nos besoins et de nos intérêts pour qu’on puisse contrôler cette économie.
Pensez-vous que la mandature précédente a aidé à unifier la région, justement ?
Je ne sais pas s’ils veulent nous mettre dans la tête que nous sommes des Rhône-Alpins avant tout, ou des Auvergnats, mais on est surtout des travailleurs. Aujourd’hui autour de moi, les gens sont confrontés aux difficultés économiques. Les enfants peinent à suivre l’enseignement à distance, par exemple. Vous savez, les files d’attentes s’allongent devant les associations qui fournissent des aides alimentaires. Voilà les préoccupations des gens aujourd’hui, qu’ils soient Auvergnats, Isérois, Ardéchois. L’unité de Wauquiez, c’est celle des grands patrons. J’ai vu que le gouvernement venait de leur donner 25 millions. C’est notre argent et personne n’a eu à donner son mot. Moi l’unité, c’est celle des travailleurs !
Vous parlez de priorités. Certains territoires de la région nécessitent de forts investissements et ont été délaissés pendant longtemps, on pense par exemple à certaines zones de l’Ardèche. Est-ce que selon vous, des zones de la région ont besoin de rénovations ?
Les zones sinistrées font légion. Ça se généralise dans toutes les régions. Auvergne Rhône-Alpes est une région industrielle mais il y a d’autres régions où c’est encore plus catastrophique. Les besoins ne manquent pas et les promesses ne sont pas tenues. Déjà parce qu’ils n’ont pas les moyens et surtout parce qu’ils font le choix de favoriser encore une fois les plus riches. Il y a des tas d’autres besoins, par exemple le transport. Les associations protestent parce que les promesses n’ont pas été tenues. C’est squelettique ce qu’ils ont appliqué. Wauquiez, à part couper les rubans, je ne sais pas à quoi il sert.
Dans les quartiers des grandes villes de la région AuRA, comme celui de Montreynaud à Saint-Étienne ou de la Reyssouze à Bourg, avez-vous des projets d’aménagements ?
Bien sûr qu’il faudrait des projets d’aménagement dans tous les quartiers. Là aussi les finances manquent. Mais c’est un peu repeindre la façade, parce que sur le fond ça ne changera peut-être pas la misère et le taux de chômage.
Quelle est l’implantation de Lutte Ouvrière dans les quartiers ruraux de la région AuRA ? Que comptez-vous faire pour vous développer dans les zones « oubliées » ?
Tout d’abord, il y a de nombreux travailleurs qui habitent dans les territoires autour des villes, dans la campagne de Grenoble et de Lyon notamment. Là aussi, ça passera par des mobilisations. Il y en a tous les jours, pour maintenir un service public, pour garder une ligne ferroviaire… Par exemple celle de Grenoble Gap, il y a eu toute une mobilisation de la population et des associations. On n’a rien sans rien ! En tant que militante, je veux dire à la population qu’il faudra se mobiliser pour défendre nos intérêts et au-delà parler du contrôle de ces grandes entreprises.
Inès Pallot
Retrouvez la deuxième partie de l’entretien ici !