»Body Art Athlètes de Rue » : quand tractions, pompes, dips, et abdos deviennent un art athlétique

Ce dimanche matin, un groupe d’une quinzaine de joggeurs me dépasse en petites foulées sur les berges du Rhône, plus loin je suis attendue par Agnès Maemble, impatiente aussi de retrouver d’autres personnes…D’autres jeunes arrivent, parmi eux Ayman, qui refuse de rejoindre les autres parce-qu’il a « déjà couru à la boxe » ce qui ne convainc pas Agnès… L’épisode se soldera par quelques montées d’escaliers car non, on ne dupe pas Agnès…

Agnès Maemble, 39 ans, présidente de l’association  »Body Art Athlètes de Rue », mère célibataire ; c’est tout d’abord un parcours atypique.

⁃ Dans les années 90 elle forme le premier groupe de rap féminin lyonnais les « Amazones »,
⁃ Puis comptable jusqu’en 2012, totalement polyvalente, elle ouvre à la Guillotière un espace dédié au partage solidaire et multiculturel,
⁃ Pendant 2 ans elle s’occupe ensuite de l’organisation de soirées évènementielles comme l’élection de Mister Black qui existe depuis maintenant 12 ans,
⁃ Elle se voit ensuite octroyer un poste de coach disciplinaire dans un groupe de danse.
Mais c’est après son opération suite à une tumeur au cœur qu’elle rencontre Mhadji et que l’aventure Body Art Athlètes de Rue va voir le jour.

Au début l’association ne compte qu’une dizaine de membres mais toutes les semaines de nouveaux participants arrivent et viennent grossir les rangs. C’est un véritable melting-pot, des jeunes de tous horizons sociaux et culturels avec un seul et même but : se dépasser tout en se dépensant. Et Agnès d’ajouter: «Si Body Art Athlètes de Rue existe c’est grâce à ma mère.». Force et courage sont les maitres mots de ces athlètes en devenir.

Leur terrain : les aménagements fournis par la ville de Lyon, à savoir trois barres de tractions, deux barres parallèles et des anneaux. Pour les encadrer, Agnès fait appel à deux coachs présents pour les deux groupes (garçons le matin et filles l’après-midi).

Mhadji, 22 ans, est prof de fitness de rue. C’est lui qui découvre le  »work out » deux ans plus tôt (traduisez « exercice physique ») et qui en parle à Agnès. À partir de là tout va très vite, l’association voit le jour le 10 octobre 2011, la vidéo officielle est lancée le 2 novembre suivant et ce qui n’était au début qu’un projet devient vite une association à part entière. Mhadji gère tout le travail technique de base mais surtout l’aspect freestyle du Body Art (pompes, tractions et dips) dans lequel il excelle.

Loïc, 24 ans, détient quant à lui une licence de STAPS Licence Activité Physique Adaptée et Santé et est actuellement en master. Il s’occupe également d’enseigner les techniques de base, ce qui ne l’empêche pas de se distinguer également en freestyle auprès de Mhadji.

Pour s’inscrire, aucun pré requis n’est nécessaire, il est tout de même préférable d’être âgé de 16 ans minimum, les frais d’inscriptions sont de 10 euros pour l’année.

La question du financement a elle aussi été un parcours du combattant; plusieurs salles de sport démarchées avec toujours le même résultat : refusé. Agnès décide alors de tout financer elle-même: les vidéos, les calendriers, les cartes de membres, les sweats à l’effigie de l’association… Elle rencontre tout de même un écho favorable en la présence d’ une professeur principal d’une classe de BTS du lycée Brossolette qui accepte de lui apporter son aide pour les demandes de subventions.

Mais  »Body Art Athlètes de Rue » ce n’est pas que du sport, ce sont aussi des actions civiques et citoyennes comme quand Bachir, 17 ans, pose pour une campagne incitant les jeunes à voter et diffusée dans toute l’agglomération lyonnaise. C’est cela aussi l’engagement de cette association: être présent sur le terrain et montrer aux jeunes qu’ils sont capables de grandes choses.


Alors que l’interview touche à sa fin et que les freestyles de tractions, de pompes et de dips débutent, un passant s’approche de nous. Bernard, 70 ans, 47 ans passés au service du noble art (boxe anglaise, boxe française et jiu-jitsu brésilien) nous donne son avis sur ce que les jeunes font de l’équipement public: «C’est très bien, ça permet aux jeunes de se rencontrer […] ça va flamber dans toute la France!», prédit-il. « C’est rare qu’ils préfèrent rester entre eux, on le  voit, ils partagent. », pour lui il n’y a aucun préjugé. L’association Body Art Athlètes de Rue a su s’approprier l’aménagement des berges du Rhône tout en le partageant avec les autres, aucune tension n’est perceptible, loin de là. Les joggeurs viennent parfois se mêler à eux pour faire quelques tractions et l’ambiance est bon enfant.

De nouvelles installations seraient d’ailleurs les bienvenues, l’association allant grandissant, l’espace se révèle trop exigu pour pouvoir accueillir tous les nouveaux arrivants ainsi que les «anciens». Le tournoi prévu les 7 et 8 juillet prochain se tiendra sur les berges du Rhône également, une façon de montrer la volonté de faire du Body Art une discipline sportive à part entière.

En attendant Agnès, Mhadji et tous les autres gardent le sourire et vous attendent tous les dimanches à 10h pour les garçons et 14h pour les filles. Vous pouvez également les retrouver sur leur page Facebook:
https://www.facebook.com/pages/Body-Art-Athl%C3%A8tes-de-rue/268445056532045 .

Rhabiha Elmachichi

La rédaction

Crée en 2008, la rédaction du Lyon Bondy Blog s'applique à proposer une information locale différente et complémentaire des médias traditionnels.

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