Bienvenue à l’hip-hopéra

Depuis des années, des jeunes dansent devant l’Opéra de Lyon. Le LBB a décidé d’aller à leur rencontre, pour savoir qui ils sont et le message qu’ils veulent faire passer. Au fil des questions, nous nous sommes aperçu que très peu venaient du centre-ville de Lyon. Ils viennent plutôt des villes dites « populaires » telles que Vénissieux, Vaux-en-Velin ou encore Villeurbanne. Nous les avons donc interrogés sur le choix de ce lieu historique, à l’air libre et à la vue de tous. Voici leurs portraits :

Lucien, « Crew of Lyon »

— « Danser, c’est montrer que je suis libre ! Libre de mes mouvements. »

— « Je veux faire plaisir aux gens, quand ils me voient danser et que je vois la joie dans leur regard, le plaisir qu’ils ont à nous voir danser, c’est ça que j’aime. »

— « L’Opéra, c’est le lieu où tout le monde se retrouve, ça fait des échanges. C’est l’endroit où on se sent le plus à l’aise pour s’exprimer avec notre danse. Ça fait des années qu’on danse là et ils (NDLR La police) ne nous ont pas encore jetés ; à des moments, ils viennent et on voit qu’on les gêne, mais on ne dérange personne on s’exprime juste avec notre art. »

Lucien
Lucien

Griddy, « Crew Bad Gones »

— « La danse, c’est le lâcher-prise, agir en fonction de ses pulsions et du son c’est vraiment thérapeutique »

— « Peu importe votre art, peu importe le niveau que vous avez. Si vous aimez ce que vous faites : allez-y à fond ! Kiffez votre truc, vous êtes libres ! »

— « Le Krump (NDLR : Style de dance) vient vraiment de la rue, l’Opéra c’est la base de la danse à Lyon c’est ici que tout a commencé. Si j’ai pu m’affirmer en tant que danseuse, c’est grâce à l’Opéra. C’est le symbole lyonnais où règne la danse depuis des années. »

Griddy
Griddy

Mazmaz« Taken Crew »

— « Dans le Break Dance (NDLR Style de dance), on est autodidacte. Une inspiration, ça peut être un professeur, la nature, une façon d’être ou un caractère et on transmet tout ça dans la danse »

— « On peut partager nos sentiments, notre ressenti sur la vie sur tout ce qui se passe, je veux faire passer un message de paix. »

— « L’opéra, c’est super connu et je suis intéressé par tout ce qui est art de rue. »

Mazmaz
Mazmaz

Ninou, « Madjin Nation »

— « Il y a beaucoup de danseurs dans ma famille, c’est eux qui m’ont inculqué la danse, c’est ma principale inspiration. J’ai appris tout seul, mais je me suis beaucoup inspiré des danseurs de ma famille. »

— « Je n’ai pas de message particulier à transmettre. Je suis là pour m’entraîner, pour ma performance, pas pour me montrer. Je m’entraîne pour gagner des “battles” et pour percer. »

— « Je danse ici, devant l’Opéra, car je n’ai juste pas d’autres endroits pour le faire. »

Ninou
Ninou

Bambino, « Madjin Nation »

— « Je fais du break dance, j’kiffe la musique, je m’exprime sur les sons que j’aime »

— « Je veux simplement partager mon art. »

— « On danse dehors parce qu’on veut s’entraîner tout simplement ! On n’a pas de salle, parfois on en a, mais c’est rare. Sinon on ne serait pas là, c’est sûr ! »

Bambino
Bambino

Sabri, « Taken crew »

— « Je fais de l’évolve (NDLR style de danse), je fais un mouvement de base et je le pousse à son paroxysme, c’est de la souplesse. Je veux partager et emmener les gens dans mon monde. Ça me fait du bien, c’est un kiff c’est comme une drogue et j’en suis dépendant. »

— « Je veux faire comprendre que c’est ouvert à tout le monde ! Il y en a plein qui croient qu’on est fermés, mais non au contraire, on est dans le partage ! »

— « L’Opéra, c’est le lieu de danse international, tout le monde vient là, ils (NDLR : les danseurs) viennent tous ici. Et puis, on n’a pas de salle, pas de MJC où s’entraîner. Les mairies ne s’intéressent qu’à ceux qui réussissent, mais on ne peut pas réussir sans salle ! »

Sabri
Sabri

À l’issue de ces portraits, nous avons pu comprendre les raisons qui les ont menés jusqu’à l’Opéra de Lyon : certains apprécient son côté historique et sa célébrité. D’autres ne viennent ici que pour s’entraîner. Une problématique en ressort : le manque de lieux appropriés pour leurs entrainements. Aussi nous avons compris le terme de « Big Homies » que nous a expliqué Griggy. Les Big Homies sont donc ceux qui transmettent leur savoir, cela peut être n’importe qui. Leur art qui ne se pratiquait pas à en ville, s’est peu à peu installé dans Lyon, et le hip-hop s’est démocratisé.

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