Bayrou en visite à Lyon : l’attente valait-elle le coup ?

Si ce 7 février c’est Matignon qui recevait nos élus lyonnais Bruno Bernard et Grégory Doucet au sujet de la réforme de la Loi PLM, le Premier ministre s’est déplacé cette fois-ci dans la capitale des Gaules à l’occasion du salon Global Industrie à Eurexpo. Avec plus de deux heures de retard, le maire de Pau a livré un discours d’une vingtaine de minutes.

François Bayrou s’est donc rendu ce jeudi 13 mars dans la capitale rhodanienne, et marque de sa présence l’un des plus grands salons industriels européens. Mais dans un contexte où la réindustrialisation de la France peine à reprendre de l’élan face à des défis mondiaux complexes, l’événement résonne également comme l’opportunité pour les industriels français de faire entendre leur voix dans une situation économique tendue. 

L’importance du rendez-vous à Eurexpo

Global Industrie, c’est le grand rendez-vous immanquable de ceux qui construisent l’industrie d’aujourd’hui et de demain. Chaque année, le salon réunit des milliers d’exposants venus des quatre coins du monde pour présenter les dernières innovations et échanger sur les défis du secteur. 

Le gouvernement français a d’ailleurs fait de la réindustrialisation une priorité, mais cette noble  ambition se heurte à des obstacles persistants. Entre le manque de main-d’œuvre qualifiée, l’augmentation des coûts de production, les difficultés d’approvisionnement, et la lente adoption des nouvelles technologies industrielles, l’impatience se fait de plus en plus ressentir. Cette année, l’événement prend donc une tournure plus politique. Ainsi, dans un pays où la réindustrialisation patine et les tensions grandissent à ce sujet, la présence du Premier ministre, d’Astrid Panosyan-Bouvet (ministre du Travail et de l’Emploi) et de Marc Ferracci (ministre de l’Industrie et de l’Energie) est particulièrement attendue. 

A l’image du communiqué de presse de Matignon selon lequel « Le Premier ministre et les ministres iront à la rencontre des professionnels du secteur afin d’échanger sur les solutions qui permettront de construire une industrie résiliente dans un contexte international incertain. », le gouvernement est-il parvenu à apaiser les inquiétudes des industriels, et à fournir des clés pour une solution durable ? 

Crédit Photo : Matthieu Delaty

Clarté dans le discours, flou dans les mesures

C’est aux alentours de 19h15 et non les 17h15 prévues, que le chef du gouvernement débute son allocution par un ton engagé sur la situation internationale, sujet de sa réunion ayant causé son retard.  Abordant tour à tour l’Ukraine, la Russie, les États-Unis et l’OTAN, il raccroche par la suite son sujet par ces mots puissants : “Dans ce monde-là, qui sont les combattants de première ligne ? C’est vous.”, s’adressant directement aux industriels présents.

Un discours fort, mais qui ne cache pas les “terribles défis budgétaires” auxquels le pays est confronté. On ne parle ainsi pas d’aides financières lors de ce salon, mais d’une importante simplification des charges bureaucratiques. Un sujet sur lequel François Bayrou s’attarde longuement, pointant du doigt ce poids qui ralentit le pays et coûte, selon ses propres termes, “4% de croissance au pays.”

Il annonce alors l’engagement d’un dialogue “profond et productif” en étroite collaboration avec les principaux concernés, et ce avant la fin du mois de mars. L’objectif fixé est alors de réviser toute la bureaucratie excessive dans le secteur industriel. Ce sont donc les usagers qui seront invités à être force de proposition pour les changements et la suppression des normes qu’ils jugeront nécessaires. L’objectif est “d’enlever les entraves et les poids que vous avez à vos pieds”. Une promesse de solidarité, bien que nuancée par la formule suivante : “Sachez une chose, nous sommes là pour vous aider, pas pour prendre les responsabilités et les risques à votre place.”

Le Global Industrie à Eurexpo aura donc été témoin d’un discours qui met l’accent sur la solidarité et l’engagement d’un dialogue sincère face aux obstacles administratifs, mais qui semble curieusement dépourvu de mesures concrètes immédiates. Le manque de profondeur des thématiques abordées suffira-t-il à répondre aux attentes des “combattants de première ligne” ? Nous en doutons, car si le Premier ministre a bien posé les bases d’un échange avec les concernés lors de son tour post-discours, il est possible que ce dernier ait laissé des interrogations, et peut-être même une sensation de flou sur l’action réelle à entreprendre. Une allocution sans doute utile, mais qui, sur certains aspects, manque encore de poids et de concret.

Crédit photo : Enzo Genoud

Article signé Clara Semard

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