Municipales 2015 Vénissieux. Jean-Pierre Tardy, candidat Lutte Ouvrière dont la liste avait obtenu 2,66 % des suffrages, évoque les problèmes des travailleurs. Il revient par ailleurs sur les bonnes relations avec l’équipe de Michèle Picard. Il souhaite privilégier la petite enfance et lutter contre les cadeaux faits aux grandes entreprises. Par contre, il ne propose rien pour la ville de Vénissieux et reste sur la ligne de son parti : les élections, au niveau communal ou national, ne peuvent pas changer les choses.
Déjà publiés : Michèle Picard (PC), Lotfi Ben Khelifa (PS), Christophe Girard (UMP)
À venir Damien Monchau (FN).
Pourquoi ne pas être parti dès le premier tour avec Michèle Picard et sa liste à gauche ?
Nous avions déjà notre liste en 2014. On pense qu’une nouvelle monture de la gauche au niveau national ferait une impasse. On s’exprime par rapport aux problèmes essentiels des travailleurs qui sont les mêmes de partout : le chômage, la précarité, les bas salaires. Ces élections nous servent à nous exprimer sur ces problèmes et contre les servitudes du grand patronat.
Mais on ne peut pas reprocher à l’équipe communale actuelle d’être à la botte du grand patronat. Il y a donc une chance de rapprochement entre les deux tours ?
On a des bonnes relations avec plusieurs candidats de sa liste. Simplement on ne peut pas être sur sa liste pour dire ce qu’on a dire. Ce n’est pas pour être contre eux, on a beaucoup de choses à dire contre les autres.
Pouvez-vous donner quelques projets concrets du votre programme ?
Nous pensons que le problème numéro un, c’est le chômage. Et même le maire le plus attentionné ne pourra trouver un boulot à tous les chômeurs. Il faut arrêter les cadeaux aux grosses entreprises. Ça, c’est beaucoup au niveau de l’État. Mais justement l’État supprime des subventions aux communes. Je crois que dans les 11 milliards de baisses de cotations qui sont prévues jusqu’à 2017, il y a dans les 7 millions de manque à gagner pour la commune. On pense que cet argent-là n’ira pas dans les services publics et on trouve que c’est bien dommage. Il faut que l’État cesse les cadeaux aux grandes entreprises. Par exemple, sur Vénissieux, il y a une entreprise comme Carrefour qui touche 110 millions d’euros de crédits d’impôt – compétitivité emploi. Renault Trucks, je crois qu’ils ont touché 8 millions.
« Le maire a une marche de manœuvre très réduite »
Mais ce ne sont pas les prérogatives d’une équipe municipale…
Les prérogatives du maire sont limitées. Nous n’avons pas vraiment un programme communal. Le maire a une marche de manœuvre très réduite. Le fait que les finances baissent fait que les administrés ont des bas salaires. Donc pour maintenir un service public, il faut augmenter les impôts. Nous, on ne veut pas faire croire aux gens qu’il y a des solutions communales. J’entends Christophe Girard (divers droite) ou Ben Khelifa (PS) dire qu’il faut soutenir l’activité. Mais ça veut dire quoi soutenir l’activité ? Faire des cadeaux aux entreprises.
C’est paradoxal de se présenter à des élections municipales pour mettre en avant des prérogatives nationales.
Non. On s’adresse aux travailleurs et le problème des travailleurs ce sont ceux-là. D’ailleurs, il y a beaucoup de travailleurs qui ne vont pas voter. Même un scrutin municipal partiel est un vote politique. Par exemple, on pense qu’il faut s’exprimer contre le Front National, qui sera tout autant au service des grandes entreprises ou du grand patronat. Damien Monchau (FN) propose de donner gratuitement des terrains aux entreprises. Ils militent pour un fossé entre les travailleurs selon leur origine pour mieux nous diviser. Nous, on s’exprime sur ce terrain-là. On n’a jamais pensé que les élections pouvaient changer les choses, pas plus au niveau communal que national.
Mais vous présentez quand même à chaque élection…
On se présente chaque fois qu’on peut. C’est important de faire une campagne politique auprès des travailleurs, d’offrir une perspective politique.
Mais vous ne pensez pas qu’il y a problème de mobilisation pour une élection partielle et que le fait de ne pas avoir de discussion locale, c’est se tirer une balle dans le pied ?
Nous, on pense local. On vit et on travaille aussi à Vénissieux. On essaie de rassembler les travailleurs, quels que soient leurs origines, leur niveau social. On a des militants à Renault Trucks, à Carrefour, dans la chimie à côté, à la SNCF. Donc les travailleurs nous connaissent quand même.
Et vous êtes en lien fréquemment avec tout le tissu associatif, MJC, associations, EPJ ? Vous pensez qu’il faut les aider plus ?
Oui, bien sûr. Il faut qu’on aide la petite enfance. On a des candidats qui font du soutien scolaire avec les centres sociaux. On milite syndicalement, on a une vie locale et associative.
Vous seriez plutôt pour une baisse des impôts ? Une augmentation des subventions ?
Déjà, se battre pour que les dotations de l’État ne baissent pas. Et se battre au niveau des logements sociaux. Il faudrait impliquer la population au niveau des communes qui ne respectent pas la loi.
« Les expulsions locatives, c’est scandaleux »
Et qu’est-ce que vous pensez de l’arrêté anti-expulsions ?
Nous, on est pour. On participe à chaque fois qu’il y a des manifestations du parti communiste ou des associations. On a aussi des candidats qui ont des difficultés. On est contre les expulsions locatives, c’est scandaleux.
Le budget global de Vénissieux va baisser du fait de la baisse de la baisse à venir de la DSU (dotation de Solidarité Urbaine). Faudra-t-il faire des coupes budgétaires ?
On a l’exemple de ceux qui veulent donner des terrains aux entreprises et je suis contre. Ce qui est aussi le cas de Michèle Picard. Je suis pour privilégier tout ce qui va à la petite enfance, car c’est l’avenir. Il faut mettre les moyens. Après je ne connais pas non plus les finances dans le détail. Mais, de façon générale, il faut privilégier la petite enfance.
Concernant l’emploi, ce ne serait pas possible de proposer aux entreprises des avantages fiscaux contre l’emploi de Vénissians ?
Je suis pour qu’il y ait plus de Vénissians embauchés. Mais comment fait-on pour obliger Renault Truck et Carrefour à embaucher ? Dans les entreprises privées, c’est le patron qui décide. Même en gagnant de l’argent, ces groupes licencient. Personne n’a le pouvoir d’imposer aux patrons d’embaucher. Ceux qui disent ça sont des menteurs.
Serait-il possible de négocier avec les laboratoires Carso ou BMW, pour que les Vénissians soient formés afin de travailler à terme dans ces groupes ?
La négociation, ça dépend du rapport de force. Au niveau communal, si la population de Vénissieux est mobilisée, il y aura peut-être un autre rapport de force. Un élu tout seul ne peut rien faire sans les travailleurs derrière lui.
Vous avez quelque chose à rajouter ?
Nous, on est contre le gouvernement, mais aussi contre le vote FN, qui est notre pire ennemi politique. Les travailleurs doivent avoir conscience de leur intérêt de classe sociale et qu’il l’exprime sur le plan politique. C’est aussi un peu le sens de notre candidature.