Dans le cadre des élections fédérales du Parti Socialiste du Rhône, nous nous sommes entretenus avec trois candidats : Murielle Laurent, Christiane Constant et Jules Joassard.
Jules Joassard est un militant socialiste du Pays d’Ozon. Il est candidat aux élections fédérales du Parti Socialiste du Rhône, le 23 février. Le Parti Socialiste est organisé en différentes sections qui sont soit au niveau communal, soit au niveau intra-communal ou au niveau cantonal. Il explique, « nous, en l’occurrence, c’est au niveau de la communauté de commune, celle du Pays d’Ozon. Ce sont six communes au sud de Lyon« .
Comment imaginez-vous le poste de premier secrétaire fédéral ?
J’ai occupé pas mal de rôles dans le secrétariat fédéral qui est l’équipe autour du premier secrétaire. Je connais donc un peu ce dont il s’agit. Je n’ai pas d’attentes particulières, je souhaite juste que la fédération fonctionne correctement.
Quels seront vos projets en tant que premier secrétaire fédéral ?
J’ai articulé mon projet autour de quatre grands axes. Le premier est la restitution de la parole militante. Le deuxième concerne la visibilité du PS qui est quelque chose qui a beaucoup pêché. Le troisième axe est la mise en place d’une nouvelle gouvernance. Enfin, la restauration des liens avec toute la gauche ; les forces politiques, syndicales, associatives.
Vous souhaitez rester dans la NUPES ?
Bien sûr, c’est un outil de rassemblement de la gauche. Il y a eu la gauche plurielle, la gauche unie, le programme commun. À toutes les étapes, si la gauche veut gagner il faut qu’elle soit rassemblée. Il faut trouver les modalités, aujourd’hui ça s’appelle la NUPES. C’est une collocation évolutive dans laquelle les forces en présence ont des dynamiques parfois contraires, parfois complémentaires. Aujourd’hui, c’est l’outil qui est à la disposition de la gauche.
Que souhaitez-vous développer avec la NUPES ?
C’est avec les autres partis politiques qui s’inscrivent dans la dynamique de la NUPES qu’il faut travailler ; le Parti Communiste, Écologie les verts ou la France Insoumise. Il y a des discussions à avoir en permanence. Je travaille dans un endroit où ces discussions sont quotidiennes, que ce soit sur des grands dossiers comme celui de la réforme des retraites ou sur des choses beaucoup plus légères comme les travaux dans une commission. C’est au quotidien que tout ceci se bâti.
En terme de visibilité du PS au niveau local, qu’allez-vous mettre en place ?
La reconnaissance au niveau de la structure nationale du Parti Socialiste n’a pas vraiment existé. Nous n’avions pas une direction fédérale qui avait l’expérience ou l’habitude des négociations internes du Parti Socialiste. On s’est fait piétiner à de trop nombreuses étapes que ce soit celle des élections métropolitaines, régionales ou législatives. Pour cela, il faut avoir un peu l’habitude de comment les choses se passent au sein du PS. On n’existait pas au bureau national. On n’existait pas au secrétariat national. Les choses ne se sont forcément pas bien passées pour nous.
Quelles seraient les thématiques à développer pour une meilleure visibilité ?
Ce n’est pas forcément au niveau des thématiques. C’est le fait que la Fédération du Rhône soit reconnue pour ce qu’elle est, c’est-à-dire la plus grosse fédération d’Auvergne-Rhône-Alpes. C’est celle qui tient la route en terme de militants, du nombre d’élus, d’influence politique, de capacité à organiser des campagnes électorales. Tout ceci aurait dû faire que la Fédération du Rhône puisse exister un peu plus qu’elle ne l’a été au cours des dernières années. On avait cette incapacité d’exister aux yeux du national. Il faut retrouver une capacité d’être reconnu et de peser en tant que tel. Le PS du Rhône, ce n’est pas rien.
Comment on fait aujourd’hui pour susciter l’intérêt des jeunes des banlieues ?
Il faut qu’ils s’intéressent à la politique en général, en tout cas à la politique partisane. Je continue à penser que si la constitution reconnait ce rôle aux partis politiques c’est bien parce que c’est le meilleur outil pour faire vivre la démocratie. Les partis ont beaucoup déçu, pas seulement le Parti Socialiste. Il fût un temps où le débouché de tous les combats politiques était celui d’une inscription au sein d’un parti. Pleins de gens qui ont des convictions ne voient pas, dans les partis politiques, le débouché de leur combat. Alors, il y a des combats qui peuvent être associatifs, syndicaux, citoyens mais le meilleur catalyseur de tous ces engagements reste le parti politique. Pour ça, il faut inciter les gens à adhérer. Pour qu’ils adhèrent, et qu’ils aient l’impression que ça sert à quelque chose, il faut que leur accueil au sein d’une structure partisane soit épanouissant, stimulant. Aujourd’hui, le PS a perdu un peu ce côté épanouissant et stimulant.
Un bureau fédéral, un secrétariat fédéral ou un conseil fédéral, sont des instances du Parti Socialiste. Ce sont normalement des endroits dans lesquels on croise des gens qui ont des convictions, des engagements, qui pensent des choses. Je me dis souvent que moi j’ai mis les pieds dans un parti socialiste qui accueillait en son sein de Gérard Collomb à Gérard Filoche. Ils avaient un positionnement sur l’échiquier politique qui était très éloigné l’un de l’autre. Les débats étaient souvent vifs, mais ils étaient toujours respectueux et constructifs. Aujourd’hui, on a des débats entre Olivier Faure, Nicolas Mayer-Rossignol, Hélène Geoffroy. Pendant l’essentiel de leur vie militante ils ont été sur les mêmes orientations politiques, aujourd’hui ils ne sont plus capables de discuter entre eux. J’ai pris cet exemple national pour ne pas stigmatiser une situation fédérale mais c’est à peu près pareil.
« Je trouve plus sain les moments où le débat est entre une vision politique de gauche et une vision politique de droite.«
Moi j’ai été dans des orientations politiques minoritaires. J’ai longtemps été avec Benoît Hamon. Il y avait des gens qui étaient engagés dans le Parti Socialiste qui ne défendaient pas exactement les mêmes nuances de socialisme que celui pour lequel j’oeuvrais. Cela ne m’empêchait pas d’avoir une certaine estime pour eux et eux je pense avoir une certaine estime pour moi. Aujourd’hui, il faut que l’on retrouve ça. C’est seulement si quand on arrive dans un parti on est élevé intellectuellement, stimulé, formé, construit, alimenté que on en perçoit tout l’intérêt et toute la richesse. On a beau dire ce que l’on veut mais quand on veut changer la vie il faut accéder aux responsabilités que ce soit au niveau local, départemental, régional ou national. C’est par l’intermédiaire des partis que l’on peut le faire.
Il y a des règles de fonctionnement de notre démocratie en terme de campagne électorale, de financement de la vie politique… Aujourd’hui, on a besoin des partis politiques pour conduire des campagnes électorales. Il faut que les jeunes comprennent que les partis politiques, et le Parti Socialiste en particulier, c’est un endroit où l’on apprend, où l’on est formé, où l’on échange, où l’on est stimulé, où l’on trouve de nouvelles solutions politiques que l’on diffuse, promeut et défend lors de campagnes électorales. Je trouve plus sain les moments où le débat est entre une vision politique de gauche et une vision politique de droite. La droite c’est l’entreprise, l’initiative. La gauche c’est l’égalité, les impôts, le service public… Quand j’étais enfant, même jeune enfant, je savais que telle façon d’appréhender tel sujet c’était la vision de la gauche ou de la droite. Ce n’est plus le cas aujourd’hui avec les jeunes, je le vois avec mes enfants. Je trouve ça dommage et dangereux pour la démocratie. Je veux ré-instaurer tout cela et je pense que le Parti Socialiste devrait retrouver tous ces rôles d’un parti politique.
Pour quelles raisons les jeunes d’aujourd’hui ont du mal à différencier la gauche et la droite ?
C’était plus lisible à une certaine époque. Les débats politiques étaient plus clivés entre ce qu’était la gauche et ce qu’était la droite. Je n’ai pas l’impression qu’ils se désintéressent de toutes ces questions. Au contraire, ils sont engagés sur un certain nombre de combats. À l’école, par exemple, on leur parle beaucoup de sauver la planète. Moi je leur dis souvent à mes enfants que le meilleur moyen de sauver la planète est de réduire les inégalités. Mon combat est dans ce sens, celui de prendre aux riches pour donner aux pauvres. C’est le plus basique. Ma conviction c’est que quand les inégalités reculent, on sauve la planète. Plutôt que faire des marches ou manger moins de viande, même si c’est bien.
Est-ce qu’il est possible pour vous que le prochain président de la métropole soit socialiste ?
À toutes élections, le PS a vocation à présenter des candidats. Je ne me fais pas d’illusions sur la capacité de la gauche à gagner si elle est désunie. C’est une élection qui, pour moi, est lointaine même si elle a des implications fortes. Je regarde avec circonspection et une certaine distance ces élections qui sont l’alpha et l’oméga pour beaucoup de grands lyonnais. Mais biensur il faut que le Parti Socialiste ait son mot à dire. Aujourd’hui c’est Bruno Bernard que je connais pour avoir négocié un accord législatif avec lui en 2017 sur toute la France. Il était négociateur des verts et que j’étais le négociateur du candidat du Parti Socialiste Benoît Hamon. Bruno Bernard est président de la Métropole, il fait des choses qui vont dans mon sens et d’autres qui sont discutables.
Avez-vous quelque chose à ajouter ?
La stratégie du Parti Socialiste me semble être la meilleure dans le combat contre la réforme des retraites. Le PS a également un projet de proposition de lois de compensation des profits. J’ai occupé des fonctions dans cette fédération, je sais comment le Parti Socialiste, à une époque où il changeait la vie, fonctionnait. Je sais que le PS n’a pas fonctionné de cette bonne façon ces derniers temps et c’est en ce sens que j’ai proposé à mes camarades socialistes ma candidature et mon projet pour la fédération.