par Pour la fête de l’Aid, de nombreux cars de CRS noircissent l’agglomération. Mais pourquoi de telles mesures de sécurité ? Hamza est allé enquêter…
Ce vendredi 10 septembre est le jour sacré de tous les musulmans de France. En effet, l’Aid est célébré en ce jour afin de célébrer la fin du jeune qui fut effectué durant 30 jours. Un jour de fête donc, où les familles se font des cadeaux, on y exhibe ainsi ses plus beaux habits, et chacun y va de sa fierté de célébrer cette fête.
Seulement, jour de fête ne rime pas toujours avec bon sens. Du moins, c’est ce qu’en pensent les autorités. Des pillages ont eu lieu il y a quelques années de cela au centre commercial de la Part-Dieu. Depuis ? Tout simplement un encadrement digne d’une guérilla urbaine. Que l’on se promène dans le centre commercial, ou tout simplement en ville, ou bien au quartier de La Guillotière, les camions de CRS noircissent le paysage.
Pourquoi une telle mobilisation lors d’un jour de fête très important pour une communauté ? Pourquoi ceci n’est pas reproduit lors des rassemblements des deux autres principales religions ?
Pour tenter d’expliquer tout cela, rendez-vous sur le terrain. Direction donc le centre commercial de La Part-Dieu dès 11 heures du matin, soit environ l’heure d’après la prière de la célérbation. Peu de monde déambule dans les couloirs, et à ma grande surprise, aucune présence policière. Étonné, j’interroge une personne s’occupant de la sécurité incendie : « Les CRS ? Ah le poste de contrôle de Police du Centre ouvre généralement vers 12h, ils devraient être là certainement aux environs de 13 heures. ». Remerciant Bashir K. pour ces précieuses informations, je décide de rebrousser chemin, et de retourner à l’heure prévu.
Il est 14 heures, et j’arrive devant la façade principale du centre commercial. Le paysage a radicalement changé. Le monde s’est décuplé, et les camions de CRS ont fleuri. Une dizaine se trouve maintenant stationné sur le trottoir. Des questions pleins la tête, je me dirige vers un CRS qui me renvoie à un camion en bout de file et m’indique d’aller les poser directement au responsable du groupe. Le refus est catégorique : « Monsieur, toutes les questions de presse doivent se reporter au service communication de la Préfecture, nous n’avons rien à dire ». Après quelques minutes, j’arrive finalement à obtenir quelques mots.
– Pourquoi êtes-vous là aujourd’hui ?
– Nous sommes là pour une mission de routine Monsieur, en cas de forte affluence, nous devons assurer la sécurité.
– Ceci n’est donc selon vous pas une stigmatisation d’une communauté?
– Nous sommes là pour assurer la sécurité Monsieur.
– Quel sont les effectifs aujourd’hui ?
– C’est indiscret, vous trouverez toutes vos réponses à la préfecture, merci.
La porte du fourgon se ferme alors, je constate que je n’aurais plus de réponse. La langue de bois ne m’intéresse pas, et je ne contacterai pas les services de communication. Je décide encore une fois d’explorer le terrain et d’aller directement voir une personne qui vit dans le centre au quotidien. J’interpelle alors Ingrid L., vendeuse dans un magasin de vêtement pour homme, qui répond à mes quelques questions :
– Aujourd’hui, vous le savez peut-être, c’est la fête de l’Aid. Que représente ce jour pour votre enseigne ?
– Très certainement une forte affluence, on s’attend vraiment à beaucoup de monde.
– Craignez-vous des risques de débordements?
– Non pas spécialement, je suis Lyonnaise et je connais tout ceci depuis longtemps.
– Les CRS circulant dans le centre commercial sont-ils rassurants pour vous?
– Je peux dire que oui. Il y a une quinzaine d’années il me semble d’importants débordements avaient eu lieu pour la fête de l’Aid ici même. On n’est pas à l’abri je pense qu’il y aura toujours du monde pour embêter les autres surtout qu’il s’agit d’une fête joyeuse. En revanche, des personnes mal intentionnées n’ont pas besoin de l’Aid pour cela. On en trouvera toujours et à chaque jour de l’année.
Au final lors de cette journée, je n’ai vu aucun débordement à signaler. La journée à la Part-Dieu était donc banale, hormis la très forte affluence. Dans tous les cas, cette fête fera le bonheur des commerçants, certains d’un bon chiffre d’affaire.
Hamza Jabrane
