Andrea Kotarac, candidat tête de liste « Pour l’amour de Lyon », compte bien redonner du pouvoir aux municipalités s’il est élu à la présidence de la métropole, pour laquelle il se présente lors des élections métropolitaines en mars 2020.
Le rassemblement national n’est pas encore connu pour avoir pris position, comment vous vous positionnez vis à vis de l’écologie et la transition écologique ? Est-ce que c’est pour vous juste un gadget ou est ce qu’il y a vraiment du fond dans ces inquiétudes ?
Il y a du fond, nous avons des propositions plutôt claires, nous avons un plan de rénovation thermique des bâtiments, de grande ampleur, là aussi ce ne sera pas que la métropole de Lyon, ce sera aussi avec les villes, la région et l’Etat. Sur l’Ouest nous souhaitons favoriser le localisme. Que les personnes gens puissent manger des produits locaux. Je me souviens de Nathalie Loiseau qui est allée à Charolles, pour le bœuf, un des meilleurs du monde, en disant grâce à nous il sera possible d’exporter au Brésil. Nous lui disons que l’on souhaite d’abord que nos enfants ici à 100 km puissent manger du bœuf charollais et que nous évitions de manger du steak surgelé brésilien. C’est faire du localisme. Après nous ne pouvons pas demander cela sans favoriser et créer une vocation agricole. Le premier problème que rencontre les jeunes agriculteurs, c’est le foncier encore une fois. Cela coûte trop cher d’acheter des terrains. Nous voulons créer un fond d’accès au foncier pour les jeunes agriculteurs localement.
Est-ce obligé que ce soit plus large que la métropole ?
On croit qu’il n’y a que peu de terrains agricoles mais prenez Vaulx-en-Velin par exemple. Ce qu’on pense quand on regarde l’ouest de la ville, c’est une zone agricole. L’été vous vous mettez en terrasse à Vaulx-en-Velin, et vous avez des tracteurs qui passent. Il y a des zones agricoles au sein de la métropole et on a peut-être des gens qui deviennent de plus en plus anciens, ou en tout cas étaient anciens, pour susciter une vocation. Au sein de la métropole, on regarde ce qu’il peut se passer par rapport aux terrains et aux constructions. A Genève ils ont une réglementation sur l’autosuffisance alimentaire, où l’on est autonome et il y a un seuil à ne pas franchir en termes de construction. Sinon à ce moment-là on sera de plus en plus dans un déficit alimentaire. Il faut vraiment analyser cela parce que vous avez même des qataris qui achètent des terrains énormes dans les Balkans, les pays de l’est parce qu’ils savent que ça va être une question dans le court terme, moyen long terme. Cela va être une réelle, réelle question, en sanctuarisant les zones agricoles. Pourquoi, et bien parce qu’on veut par exemple démocratiser massivement les distributeurs de produits locaux. Vous avez parfois dans l’ouest certaines initiatives qui marchent très bien, des distributeurs avec des caisses de pommes, vous prenez votre carte bleue vous avez un panier qui sort et vous savez que c’est à coté et ça marche du feu de dieu. Tout cela on veut le démocratiser, on va démocratiser partout si on n’a pas des terres agricoles. Il reste l’aire métropolitaine, mais quelle aire métropolitaine ? Il faut un rayon assez large, on veut le retour des consignes de verre, parce que c’est quelque chose d’assez stupide, on vous dira que la bouteille de verre n’a pas à être cassé, fondu, pour en faire d’autres. Vous avez certainement vu dans les maisons vous avez des bouteilles de verres, il suffit de le laver. Le verre n’a pas besoin d’être cassé et cel évitera le plastique, puisque toutes les analyses de santé montrent que y a des résidus de plastique dans l’eau minérale. Evian pense déjà à une autre alternative. Je l’ai dit quand on propose Saint- Etienne-Lyon Express pour 70 000 voyageurs c’est pour éviter de construire une autoroute comme le souhaitait Laurent Wauquiez. Pour le coup celle-ci, contrairement au contournement ouest, vous fait énormément de terres agricoles. J’ai toujours été opposé au fait de construire une autoroute entre Lyon et Saint-Etienne. J’avais parlé avec Thierry Phillipe à l’époque, j’ai du respect pour lui, mais il m’avait dit « non mais l’eau on s’en fout, ça tourne, ça monte, il pleut, ça redescend « . Je lui aie dit qu’il y allait quand même avoir une raréfaction de l’eau.
Vous travaillez aussi avec les bailleurs sociaux ?
Avec les bailleurs sociaux, nous allons proposer que 10 pourcent des logements sociaux soient réservés aux étudiants les plus précaires. Pourquoi je dis ça ? Vous avez remarqué que l’on a fusionné Lyon 2, Lyon 3, et Saint-Etienne. On a des étudiants qui doivent faire cours à Saint- Etienne puis revenir et ils ne sont pas remboursé. Vous avez le Crous qui explose parce que vous avez peut-être neufs étudiants sur dix qui doivent aller dans le privé chercher du loyer. On a une ville dont les loyers ont connu une inflation de 11 pourcent en 3 ans. Tout en sachant que plus les étudiants viennent de loin, plus ils ont de chance d’échouer à l’université. Ce qui est plutôt normal, ils doivent acheter à manger, travailler à côté pour payer leurs loyers. En comparaison au gars de Tassin qui vit chez ses parents, il arrive, il mange, ses draps sont changés. Ils ont plus d’échecs parce qu’ils doivent faire plus. Il faut prendre ce problème à bras le corps en proposant 10 pourcent des logements sociaux réservés aux étudiants les plus précaires. Cela permettra également de lever le voile sur les critères d’attribution des logements sociaux. Nous ne savons pas trop comment c’est attribué et moi j’ai un peu l’envers du décor. Parfois on prend la pile quand on connait le dernier, on inverse la pile et tu passes premier.
Donc pas de favoritisme ?
Aucun favoritisme et surtout de la transparence. J’aimerais bien voir la gauche parler de transparence, dire les critères c’est ça. Les échanges existent aussi, ça marche déjà ailleurs. Une femme qui devient veuve, avec un appartement énorme parce quand ils l’ont pris il y avait trois enfants qui ont aujourd’hui 28 ans. Il y a possibilité d’échanger avec une famille qui arrive avec quatre enfants. Les personnes se posent des questions, ils attendent six, sept ans et pourtant l’urgence sociale reste, ils ne s’en sortent plus.
Pour vous c’est quoi la culture métropolitaine du Rhône ?
En fait moi, identité ça veut tout dire. Je vais au parlement européen, vous savez que je suis collaborateur, je l’ai vu à la région, on veut faire comme les autres. « Les chinois ils ont fait comme ça », je pense au contraire nous ne pouvons pas concurrencer les chinois car ils payent beaucoup moins cher leurs salariés. Donc nous faisons comme cela ici, ce que nous ne voulons pas. Il faut privilégier la qualité qui sera en fonction de l’identité. C’est en étant très lyonnais, historiquement ancré dans nos produits, que je pense à la soie, aux tissus. Nous aurons une qualité qui sera différente de celle d’un chinois, d’un canadien. C’est pour cela que je m’oppose au CETA. On est en train d’attaquer l’identité des produits, la commission européenne n’avait pas valider la protection des fromages français. Par exemple, le Saint-Marcelin. Les canadiens peuvent faire du Saint-Marcelin, c’est quand même le nom d’un lieu, avec des coûts beaucoup plus bas. Cela peut juste tuer notre entreprise locale, donc identité et social c’est complétement lié. C’est en défendant notre identité, les produits, notre mode de vie, l’architecture, que nous allons atteindre cette qualité que d’autres n’auront pas. Je pense que majoritairement les français sont opposés aux traités de libre échange divers et variés. Ils viennent de signer avec le Vietnam, cela a été reporté. C’est en étant nous même que nous réussirons. Je vous donne un exemple, pour vous dire que l’identité est attaquée de la part des Etats-Unis et de la Chine. Sur Airbus, Donald Trump a dit « d’accord si vous voulez nous la faire à l’envers nous allons taxer les produits agricoles » (jambons, fromages). Et les italiens étaient fous de rages, puisqu’ils ne sont même pas membres du conseil d’administration d’Airbus. Tous partis confondus. On attaque ce qu’il reste de français dans la vente, je parle du mode de production. Pour avoir l’identification géographique, ça c’est au niveau européen, AOC/AOP, c’est un lieu, un savoir-faire, plusieurs critères qui font la France. C’est en privilégiant cela que nous serons meilleurs que les autres.
Concrètement êtes-vous pour l’encadrement des loyers au sein de la métropole ?
C’est en fait assez marrant, j’ai vu que Griveaux propose une aide de 200 000 euros à chaque nouvel accédant. C’est totalement débile parce que en fait ce sont les prix qui vont exploser derrière si nous savons qu’il y aura eu 200 000 euros. C’est comme pour les aides aux logements. Plus on donne d’aides, plus le propriétaire augmente proportionnellement le loyer. Je suis plutôt favorable à ce que nous arrêtions une densification à Lyon, et qu’on refasse revivre ce qu’il y a autour. Il ne faut non pas étaler, sur-reconstruire, il faut faire en sorte que les gens puissent vivre à l’extérieur décemment avec un retour du service public, des médecins. Ce ne sera pas fait en un claquement de doigts, mais c’est une politique qui doit se mettre en œuvre dès maintenant, qui doit se mettre en œuvre de manière que les gens puissent vivre tranquillement mais sans s’entasser. Pour les logements nous allons faire en sorte que la SACVL ou d’autres bailleurs sociaux puissent agir en tant que promoteur et en cassant les prix.
En tant que président de la métropole vous seriez pour limiter les constructions de nouveaux bâtiments au sein du territoire métropolitain ?
Ce serait accompagner une réelle politique qui permet aux villages de retrouver vie. J’ai discuté avec des médecins par exemple, je leur disais « Allez-vous installer dans des déserts médicaux ? » Ils me disaient « Non ». Pourquoi ? Ils ont des enfants, l’école va fermer, il faudra faire 20 km, la poste a fermé, pas de transports, je ne vais pas là-bas. Je suis pour aider les gens à revitaliser, irriguer. La métropole a ce rôle-là, la métropole n’est grande qu’aussi vis à vis de son comportement, vis à vis des petits. La grandeur se mesure par rapport au comportement vis à vis des petits. Je crois que Collomb et Kimelfeld font l’inverse, ils veulent détruire ce qu’il y a autour, pour faire rayonner la Ville de Lyon, avec des arrondissements où il y a deux personnes sur cinq en dessous du seuil de pauvreté. Lyon 8, Lyon 9, ce sont des arrondissements périphériques où le seuil de pauvreté est assez poussé. Là encore la Croix-Rousse, ce n’est pas Lyon, pas la métropole de Lyon.
Les sondages vous donnent à 12 pourcent, vous vous attendiez à plus à moins ?
Nous avons fait plus 3 points, ce qui est quand même pas mal quand nous faisons campagne, nous étions dans une semaine un peu compliquée. Avec les CERFA, trouver les candidats, 14 listes, 9 arrondissements, 9 mandataires financiers. Il y a un réel problème démocratique, ça je voulais vous le dire, sur l’ouverture des comptes en banque. Toutes les banques nous ont refusées, pourquoi ? Pas parce que nous sommes RN, ils ne savent pas ce qu’est une élection métropolitaine. « Monsieur Kotarac, compte municipal, il est ouvert demain » « Non c’est une métropole » « Attendez je vais demander… Non ». Ce qui fait que la grande majorité de nos candidats ont ouverts un compte en banque grâce à la procédure de la Banque de France : si vous avez deux refus ou trois, la Banque de France demande et oblige la première à laquelle vous avez demandé d’ouvrir un compte, et c’est mon cas. De plus les plafonds de remboursement des campagnes sont arrivés fin janvier, alors que Kimelfeld est en campagne depuis un an. La simplification est un réel problème démocratique. Nous voulons également du personnel formé aux dys, j’ai été stupéfait. Concernant es dyslexiques, les dysorthophoniques, j’ai été frappé par la proportion d’enfants qui subissent la maladie dys. Quand ce n’est pas soigné cela crée de véritables retards scolaires, des troubles du comportement, troubles affectifs. J’ai remarqué qu’il n’y avait pas de personnels formés aux dys. Quand j’ai rencontré des familles dont leurs enfants étaient confrontés à ça, ils m’ont dit que c’était un parcours du combattant en matière administrative. Donc un personnel formé dans les maisons pour handicap c’est primordial.
La métropole a récupéré tout ce qui était action sociale du département, quid des personnes âgées, si vous avez un programme ?
Dans notre programme sur la santé et aussi sur la précarité, les plus de 80 ans vont être multipliées par 4 au cours du prochain mandat, ce qui est juste énorme. Il y a deux volets, précarité et solitude. Il y aussi l’accès aux EPHADs, ils sont trop chers pour la majorité, nous allons augmenter le nombre de places et prendre soin du personnel. En matière social vous avez des cellules anti-suicides chez les policiers, vous l’avez vu à Givors, pour les personnels des EPHAD, vous avez des cellules psychologiques pour les directeurs d’écoles. Nous arrivons à un chaos où toutes les professions possèdent des cellules anti-suicides. Le classement des morts au travail, d’habitude c’est le BTP, avec les accidents du travail. Maintenant c’est le domaine socio-médical. Avant les familles s’énervaient contre le personnel, parce que malgré les catégories de confort, c’est pareil partout . Mais maintenant personnels et familles sont ensembles pour dire que c’est inadmissible d’avoir une personne en charge pour autant de personnes.