Vaulx-en-Velin. Cité aux mille visages et aux cent cultures. Archipel urbain où les rivages de béton contemplent les vagues d’une population en mouvement. Qui mieux que ce territoire cosmopolite et métissé pourrait accueillir le temps d’une semaine des voyageurs curieux, venus à la rencontre de la France d’aujourd’hui ? Pendant cinq jours, les élèves du collège Pierre Valdo de Vaulx-en-Velin ont reçu des délégations venues de quatre pays européens dans le cadre du projet Erasmus + « fairplay4EU » (www.fairplay4eu.com). Financé entièrement par une subvention de l’Union Européenne, ce dispositif pédagogique innovant cherche à mobiliser les vertus et les valeurs du sport pour permettre à des jeunes issus des différentes parties de l’Europe de mélanger leurs horizons au sein d’un même terrain de jeu. L’espace d’un instant, les étoiles n’étaient plus sur un drapeau mais dans des yeux d’adolescents.
Dis-moi comment tu joues, je te dirai pourquoi on se ressemble
S’amuser, donner, recevoir, se dépasser, souffrir… Le sport est un formidable accélérateur d’émotions, surtout quand il se pratique à plusieurs. Le projet « fairplay4eu » a pour ambition de faire du sport en général, et du football en particulier, à la fois un outil d’apprentissage, un moyen de communication et un symbole de principes et d’idées qui transcendent les conditions individuelles. Sans un regard sur les nationalités, les aptitudes ou les sexes, les élèves ont appris à s’apprivoiser, pour au final se reconnaître, au travers d’une série de disciplines. Football, natation, randonnée en raquettes, course d’orientation urbaine, basketball : le programme des activités physiques a été riche. Miroir des sociétés et de leur histoire, le sport a aussi été utilisé comme porte d’entrée sur la culture locale. Une initiation à la boule lyonnaise, organisée et encadrée par le club de la ville, s’est révélée être un formidable moment de transmission par-delà les frontières des états et des âges. Trois générations de Vaudais se sont retrouvées réunies autour d’un cochonnet. Les élèves français d’ailleurs découvraient une pratique dont ils ignoraient l’existence, pratiquée dans un lieu à 100 m de leur établissement…
Hymnes à la joie
« Tolérance ». C’était le thème de la rencontre. D’où les débats animés autour des travaux d’élèves sur le racisme, les gestes insultants ou l’homophobie dans le sport. D’où l’exposition prêtée par la LICRA sur la place de l’immigration dans l’équipe de France de football. Mais « amitié » restera sûrement le leitmotiv de la semaine. Collaborer pour faire apprendre des premiers mots de Français, retenir son souffle en pénétrant sur la pelouse du Groupama stadium ou s’émerveiller du haut de Fourvière en se sentant les conquérants d’un monde devenu subitement plus petit … C’est une collection de bonheurs simples que les participants auront glanés ensemble tout au long de cette expérience. Jawad, Sascha, Youmna, Elso, Clemens, Geert, Soraya, Imme, Audrius et tous les autres auront appris que l’Europe est toute plate sur une carte mais qu’elle prend sacrément du relief quand on en fait un espace de vie collective. C’est sans doute cela l’enseignement le plus marquant pour tous ces jeunes : cette prise de conscience que l’autre n’est pas si étranger.
L’Europe est une idée. Un imaginaire à vivre avec les autres. Une poésie pacifique à écrire dans la simplicité d’un échange timide, d’une découverte partagée ou d’un match de foot. L’Union Européenne actuelle a bien des défauts. Et qu’elle parait obscure ou absconse lorsqu’elle est confisquée par des dirigeants anonymes. Mais l’Europe des citoyens, ceux avides d’entretenir l’olivier renaissant en s’associant par le bas, est, elle, bien réelle. C’est avec ce type de projet que le terme d’éducation « populaire » reprend son sens premier. Le Vieux continent a encore de la ressource quand il fait confiance à sa jeunesse.