Robse La Plume Noire : « En ville, on est tous des enfants perdus »

On est allé à la rencontre Robse La Plume Noire, rappeur de Lyon. Entre la scène et les projets à venir, le Mc prend le temps de s’arrêter dans nos locaux pour nous parler de sa musique et de son univers hip-hop. Rencontre.

 

Salut Robse, justement en arabe, Robse ça veut dire « pain », c’est lié à ton blaze ou pas du tout ?

C’est un peu lié oui. Maman Kabyle, donc Robse, nourriture spirituelle. Voilà, le lien est là je pense.

Et pourquoi La Plume Noire ?

La Plume Noire, avec un peu d’objectivité je dirais que mon écriture n’est pas super positive. Grâce à mon rap je transforme l’énergie négative, « les forces du mal », en énergie musicale, ce qui me permet d’être gentil dans la vie de tous les jours avec les gens qui m’entourent plutôt que d’être en colère avec eux. Je suis en colère musicalement, et cela me permet de lâcher du lest.

Quand as-tu commencé ? Directement le chant où tu as écrit en premier lieu ?

Je suis pianiste de formation. J’en ai fait 10 ans ; 5 ans de piano classique et 5 ans de piano Jazz. Je suis musicien avant d’être rappeur. J’ai commencé à écrire il y a une quinzaine d’années, pendant l’adolescence, vers mes 13 ans.

Justement pourquoi le rap ?

Parce que depuis tout petit j’écoute beaucoup de chansons à textes. Brassens, Renaud, Brel, j’ai de grosses références en chanson française, j’adore ça en fait.

Rap français ou US ?

Français ! Deux – trois trucs américains, argentins, espagnols tout ça. Mais j’avoue que par définition le rap c’est des textes, comme je ne suis pas bilingue je ne comprends pas les textes malheureusement. C’est à travailler bien évidemment, mais du coup j’écoute que du rap français.

Actuel ou plus ancien ?

Vraiment de tout.

Quand t’écris tes albums, tu les écoutes derrière ou pas ? T’es du genre à te poser et écouter ton album en entier ?

Ouais, mais je n’arrive pas à me dédoubler complètement. Impossible d’avoir une objectivité complète sur soi déjà. Comme dit Saké (membre du groupe Zakariens, rappeurs parisiens, 132clan) « Ma lutte est personnelle, je fais la musique que j’aime écouter », donc forcément j’essaye au maximum de faire quelque chose qui me plaise à moi en premier parce que j’estime que c’est super important, je fais ça pour me faire plaisir. Après l’écouter en mode égoïste genre « ouais c’est moi, ça pète sa mère, nanana… » pas du tout.

Un 14 titres qui sort à la rentrée

Sur ton parcours, t’es indépendant, c’est quelque chose que tu veux conserver ou si on te propose de signer tu te lances ?

Je n’ai pas réfléchi à la question encore. Désolé (rires).

En ce qui concerne ton univers tu peux nous parler de tes projets passés ? Et futurs ?

Déjà projets passés c’est que des projets de rap français. J’ai 2 EP, 2 mix-tapes, 1 album hors série, 1 album avec des featurings, tout ça enregistré en home studio à l’arrache.

Premier EP « Vibrations », disponible sur YouTube, sorti en 2007 il me semble. Deuxième EP, comment s’appelle-t-il déjà ?… Non, mais vous comprenez, j’en ai fait tellement (rires).

« Dans le mental ! » Deuxième EP. Ensuite, dans le désordre, il y en a un qui s’appelle « Table Basse », un qui s’appelle « Plume Noire », un autre qui s’appelle « Livre D’Or » avec que des featurings. Et le dernier avec des sons de 2012 à 2014, et la on attaque les choses un peu plus sérieuses, c’est à dire on va vraiment mixer le projet, le masteriser. C’est un 14 titres, il arrive à la rentrée.

J’ai une centaine de sons

Mais t’en as fait pas mal en fait des mixtapes ?

J’ai une centaine de sons en fait (rires).

C’est plutôt pas mal, ça te fait quoi, 10 ans de carrière ou plus ?

Ouais, carrière je sais pas, mais 10 ans que je kicke énervé. Carrément.

Et du coup comment tu travailles tes textes ?

Je ne les travaille pas. C’est-à-dire qu’il y a toujours une progression dans ce que je fais, mais qui vient naturellement. Du coup ce n’est pas du « travail », je ne prends pas du temps de travail pour bosser mes textes, je vais ressentir des trucs et du coup je vais l’écrire.

Est-ce que l’actu t’inspire dans tes textes ou pas du tout ?

Carrément ! Ce serait mentir de dire qu’elle ne m’inspire pas. J’écoute beaucoup ce qui se fait en ce moment, déjà parce que j’aime le rap en tant qu’entité propre. Si je ne faisais pas de rap j’aurais du son dans ma voiture, et forcément je suis influencé. On est tous influençables quelque part.

Et du coup pendant l’actualité de 2015 ton écriture était plutôt virulente ou alors dans l‘apaisement ?

Ça c’est en rapport direct avec l’émotion et comment je me sens sur le moment. On a tous des états d’âme et d’humeur différents, des fois en colère, des fois content, des fois amoureux, et ma chanson découle de ce sentiment.

Influencé par Peter Pan

Tu parles souvent des Enfants Perdus dans tes rimes, pourquoi cette référence, tu te vois comme eux ?

Cette référence elle vient de mon prénom, j’ai deux prénoms, donc Mehdi que ma maman me donne et un qui s‘appelle Robin, que mon papa me donne, et vous n’êtes pas sans savoir que Robin des Bois est un Walt Disney, et du coup gamin j’ai été beaucoup influencé par Disney, il faut le dire. J’ai fait une chanson d’ailleurs dessus à écouter qui s’appelle « Disney Parade ». Du coup influencé par Peter Pan, monde magique et tout. Et je trouve qu’en ville on est tous des enfants perdus. Je le pense vraiment.

C’est les mêmes enfants perdus que Keny Arkana ?

Ah la Mère des Enfants Perdus ! Alors oui il doit y avoir une connexion, mais à 10 %. C’est-à-dire qu’il y a 90 % qui vient de moi et Walt Disney et comme j’écoute beaucoup de rap et que je suis influencé un peu par ce que j’écoute, y’a 10 % de Keny Arkana, parce qu’elle déchire la sœur quand même faut dire.

Et du coup ton rap ce serait plutôt une arme ou un bouclier ?

C’est Saké encore qui dit ça ! Dans la chanson « Dimanche Soir » je dis que « je combats avec mes armes et souvent contre, et voilà ce que ça donne quand anges et démons se rencontrent »…, une arme, un bouclier, une arme, un bouclier… ni l’un ni l’autre, c’est juste de la musique en fait. Ni défense ni attaque, c’est simple.

« Montrer du doigt ce qui ne va pas »

Moi quand je t’écoute, on sent quand même un sentiment d’espoir derrière les mots…

Tu as tout à fait raison. Les textes en eux-mêmes sont sombres. Le constat me permet de montrer du doigt ce qui ne va pas, et améliorer toutes ces choses qui ne vont pas donc tu as complètement raison, il y a grave un espoir en fait. C’est un peu se battre contre des constats négatifs.

Plume Noire, c’est ton côté anarchiste, ton côté rebelle ?

On va dire y’a 10-20 % d’anarchisme, 10-20 % de poète etc, mais à 70 % c’est mon totem en fait. J’ai découvert mon totem en Nouvelle-Calédonie, un grand oiseau noir apparemment, qui représente la liberté. J’aime beaucoup cette image, en plus il y a quelque chose d’animal, profond et naturel. Et puis pour l’anecdote, un jour je me suis dit : « là si je croise un oiseau, je crois à la magie, au totem ! » Alors que je suis très terre à terre, c’est difficile pour moi de croire en ces choses-là. Mais au moment ou j’ai vu l’oiseau alors que je le demandais, je me suis dit là il y a quelque chose.

« J’ai envie que le rap à Lyon ait une vraie existence »

Que penses-tu de la scène lyonnaise ?

J’aime beaucoup la scène lyonnaise. Mais je suis déçu de ses acteurs. Déçu que Marseille et Paris soient toujours écoutés plus que Lyon, alors qu’on est la 3ème ville de France. Après c’est peut-être nous qui ne bossons pas assez ou Paris-Marseille qui bossent trop. La grosse déception que j’ai c’est le manque d’écoute de la France par rapport à Lyon, parce que mine de rien c’est une énorme ville, il y a autant de mouvement qu’à Paris et Marseille.

Il y a des différences évidemment, je mets un point dessus, c’est pour ça que dans mon album je vais représenter Lyon à fond. À un moment donné, j’ai envie que le rap à Lyon ait une vraie existence.

Lyon a la même puissance dans sa personnalité que Paris et Marseille ?

Pas du tout pour moi, je trouve ça dommage. Après, advienne que pourra. On est là pour faire vivre la musique et la culture lyonnaise.

Robse la plume noire credit Assie photographe

T’as des projets avec des mecs du coin ? MC/beatmakers ?

Avec Wone2, beatmaker avec lequel pendant 10 ans j’ai fait des sons, 14 titres, il y 7 titres avec Terak beatmaker qu’il y a plus qu’à mixer et masteriser donc en fait j’ai une vingtaine de sons qui arrivent, du lourd la famille !

Le rap lyonnais est beaucoup influencé par la scène électro depuis quelques années c’est des sonorités que tu affectionnes dans tes choix d’instrus, ou alors un bon boom bap à l’ancienne ?

C’est ce que je défends dans l’album qui arrive. On a du Boom Bap, je kicke sur de la House, très techno. Je vais chanter aussi, j’aime bien élargir le champ d’action au maximum.

 

Tu parlais des scènes, un live qui t’a marqué plus qu’un autre ?

Non au risque de vous décevoir j’ai aimé toutes mes scènes et j’aime chanter.

 

Retrouvez Robse La Plume Noire sur :

Facebook : Robse La Plume Noire

Twitter : @LeRobse

Bandcamp : https://robselaplumenoire.bandcamp.com

 

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