Un traitement définitif contre le sida découvert à Lyon

Un solution définitive contre le sida pourrait voir le jour à Lyon. L’équipe du Dr Sanhadji a mis au point un remède qui neutralise le virus définitivement. Les testes sur l’homme constituent la dernière étape pour inoculer le traitement.

Nous rencontrons le Dr Sanhadji dans son bureau à l’Hôtel de ville, puis une deuxième fois dans son laboratoire. La première chose qui frappe chez ce spécialiste de l’immunologie, c’est sa simplicité et son accueil chaleureux, malgré sa carrière impressionnante, il reste très humble.

Dans un premier temps, il nous raconte ses début en médecine et ses recherches en immunologie. Kamel Sanhadji est né à Alger en 1954. Après l’obtention d’un bac de mathématiques, il émigre en France et s’inscrit à la Faculté de Médecine de Lyon au début des années 1980 : « Au cours de ma scolarité et de mes stages j’ai connu le professeur Tourraine. Lors d’un de ses cours on ne parlait pas de sida mais de bébés bulle, des nourrissons qui naissaient sans système immunitaire. Ils mouraient sans qu’on ne sache pourquoi. Puis on a découvert qu’ils avaient besoin d’une greffe de moelle osseuse. Mais ici encore c’était très difficile de trouver un donneur compatible ». Il va par la suite travailler avec les meilleurs dans leur domaine.

Jean-Louis Tourraine, spécialiste du déficit immunitaire, a trouvé une solution alternative qui ne nécessite pas de donneur compatible. « Il a découvert comment greffer un enfant sans rejet, c’est ce qui m’a intéressé dans cette découverte de niveau mondial. Il s’agit de prélever dans le foie fœtal d’un fœtus mort après avortement afin de récupérer les cellules souches qui fonctionnent comme une moelle. Il a ainsi traité le premier bébé bulle au monde. La deuxième découverte fut de greffer l’enfant in utero avant la naissance ».

Kamel Sanhadji intègre rapidement l’équipe du Pr Tourraine et collabore avec le Pr Luc Montagner, l’homme qui a réussit à isoler le premier le virus du sida et lauréat du prix Nobel de médecine en 2008. Dès lors, quels liens y a-t-il entre cette découverte sur les bébés bulle et le traitement contre le sida ?

Le sida est arrivé. Les malades présentaient un déficit immunitaire à l’instar des bébés bulles. Cependant comment des adultes qui avaient déjà un système immunitaire l’ont-ils perdu ensuite ?

 « Le virus du sida se fixe sur des récepteurs membranaires (CD4) puis pénètre l’ADN des lymphocytes T4, responsables de notre défense immunitaire ». La thérapie génique (utilisation des gènes) est le moyen utilisé par le Centre de recherche d’Immunologie et Sida de l’hôpital Edouard-Herriot dirigé par le Dr Sanhadji, pour trouver une solution.

Le traitement réside dans la  reproduction des récepteurs membranaires du lymphocyte (CD4 solubles) à partir de cellules souches. Le virus se fixe sur ces récepteurs qui ne sont pas des cellules car toute la cellule n’est pas recréée, seulement le récepteur. Dès lors le virus, croyant trouver un lymphocyte, est piégé, il ne peut plus se détacher. Il devient alors inactif. La durée de vie du virus dans le corps étant de six heures, s’il ne trouve pas de lymphocyte dans lequel pénétrer, alors il meurt. Enfin, le système immunitaire peut être recréé. Le malade vit avec le virus dans son corps mais il devient inoffensif. Son système immunitaire n’est plus attaqué.

« C’est ce qui m’a attiré dans la recherche sur le sida. La recherche doit étudier de nouvelles pistes afin de revenir vers le malade. J’aime quand la médecine innove. Grâce à la collaboration entre médecins, entre services. C’est ainsi que l’on arrive à trouver des choses ». Nous comprenons que le regard face à la maladie a changé depuis trente ans : « Jamais dans l’histoire il n’y a eu autant de progrès dans la recherche que pour le sida ».

Néanmoins, la phase de teste pour un traitement sur l’homme n’est pas encore achevé, il prendra encore trois ou quatre années.

Cela fait déjà cinq ans que l’équipe du Dr Sanhadji a mis au point ce traitement. Pourquoi alors cette découverte fondamentale n’a pas encore été mondialement médiatisée ? La réponse touche dès lors des enjeux économiques. La trithérapie, ou multithérapie, est un traitement pris à vie par le patient. La rentabilité du traitement est assurée pour les entreprises pharmaceutiques contrairement au traitement du Dr Sanhadji. Il va donc falloir du temps avant que l’utilisation du remède ne soit généralisée, d’autant plus que le moyen d’inoculer le remède n’a pas encore été arrêté (vaccin, comprimé…).

Ce chercheur, qui a depuis toujours la passion de la médecine, reste néanmoins modeste quant à sa carrière devenue internationale. De 2002 à 2007 il est élu député à l’Assemblée algérienne. Distingué au grade de Chevalier dans l’Ordre national de mérite du ministère de la Santé 1999, il reçoit la Légion d’honneur au grade de Chevalier pour services rendus à l’humanité en matière de recherches sur le sida, remise par Jacques Chirac en 2006. Il est également délégué aux hôpitaux à la ville de Lyon dont lui revient la gestion du deuxième Centre hospitalier universitaire de France regroupant 17 hôpitaux publics et plusieurs cliniques privées.

Dans quelques mois, le Dr Sanhadji va procéder à l’inauguration d’un Centre de recherche en Algérie, en assurant une collaboration entre le CHU lyonnais et le futur hôpital.

Ce projet, qu’il porte depuis dix ans, doit permettre la formation de chercheur en immunologie, virologie et transplantation : « Il faut transférer le savoir-faire pour en faire bénéficier le plus grand nombre. Ils ont des gens compétents Avant l’indépendance, le CHU d’Alger était classé deuxième fac de médecine  en France, juste après Paris. Mais depuis 1962 ce savoir-faire n’a pas été capitalisé et cela s’est perdu ».

Amaria et Rafika Bendermel

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