Thala: « Si le gouvernement n’agit pas, nous demanderons le rattachement à l’Algérie »

Thala, ville populaire du sud ouest de la Tunisie, est un bastion de la révolution de décembre dernier. Située à 30 km de la frontière, d’où l’on peut voir les montagnes algériennes, cette cité de 35 000 âmes figure, avec Sidi Bouzid, Gasserine et Gafsa parmi les premières victimes d’une répression sanglante.

Durant une semaine, la ville fut encerclée puis assiégée par la police. Impossible alors pour la population de fuir les atrocités commises par les redoutables BOP (Brigades de l’ordre public). Les habitants réunis dans la place du village furent pris pour cible par des tirs, les deux seules ambulances étaient alors interdites de circuler et de secourir les blessés. Selon les témoignages, les habitants ont opposé une résistance pacifique à la répression policière, protégeant eux-mêmes les bâtiments publics (sauf le commissariat) des pillages. Depuis ces évènements, la police est personna non grata, l’administration a été chassée.

Par exemple, lors des premières élections libres du 23 octobre, un car de police est entré dans la ville. Rapidement les gens s’attroupent et c’est l’émeute, ces derniers sont alors chassés à coup de pierre. A ce moment, un colonel de l’armée (chargé, en plus d’agents, d’assurer la sécurité et le bon déroulement des élections) intervient pour faire partir la police, dont le bus a été endommagé.

         

On compte six martyrs dans la ville. Et « pour la mémoire », confie un citoyen, les habitants ont choisit de donner leurs noms aux six écoles de la ville.

A Thala, il n’y a qu’une route, et au coin d’une rue, entre deux cafés, il y a ce fameux commissariat qui n’en est plus un. Entièrement brûlé durant la répression, le bâtiment a été reconverti en musée dédié à la révolution et à ses victimes. Des artistes locaux ont remplacé les policiers  Bessem Nemri, un des artistes qui occupe les lieux depuis la fin de la révolution y avait été enfermé trois mois à la fin de l’année 2010, et avait ainsi perdu son emploi.
« Que le gouvernement me donne un travail, et je quitte ce lieu ! » Conclut-il

                                           

Depuis janvier, les habitants vivent en autogestion et gèrent eux-mêmes les affaires publiques, ne faisant plus confiance à l’administration pour améliorer leur vie quotidienne allant même plus loin :
« Si le nouveau gouvernement n’agit pas, me confie-t-on, nous demanderons à être rattachés à l’Algérie, nous y avons déjà pensé par le passé ».

Paolo Kahn

La rédaction

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