Issam Affi, depuis la Tunisie

Le LBB livre un témoignage reçu hier, par le biais de nos bloggeurs Paolo et Rafika installés en Tunisie depuis 3 mois.

 »Nous sommes devant le réveil des consciences citoyennes. La révolution tunisienne en est un premier exemple: elle a été suivie par l’Egypte, la Lybie, le Yemen puis la Syrie. Elle est la première révolution citoyenne dans ce cycle de réveil des consciences. Elle est observée de toute part, servant d’expérimentation.

Tout ce que nous ferons en Tunisie aura une répercussion immédiate sur le reste du monde (arabe d’abord, européen ensuite, et peut être universel à la fin). La révolution « tunisienne » n’est plus tunisienne: elle est devenue l’espoir des citoyens du monde ; elle devrait devenir un patrimoine de l’humanité et devrait être traitée comme telle. Mais les peuples en ont assez des discours (car les dictateurs et les politiciens en ont usé et abusé pour endormir les peuples): ils veulent des actes et des engagements concrets. Tous les acteurs qui ont dépensé temps et énergie à essayer de convaincre de leur engagement sincère en faveur de l’humain, de l’environnement, de la paix et de la fraternité ont ici une occasion exceptionnelle de montrer qu’ils comprennent les aspirations citoyennes, qu’ils sont aussi capables d’agir et de s’engager fortement, rapidement et concrètement à la hauteur des attentes des peuples.

La révolution tunisienne n’est issue d’aucune des forces organisées tunisiennes ni  mondiales (l’armée, le gouvernement, les partis politiques, les médias…). Elle vient du peuple, des citoyens, de la société civile. C’est ainsi la « première révolution citoyenne ». Son salut ne viendra que de la société civile.

La société civile tunisienne est prête à assumer sa part de cette responsabilité historique et « universelle ».  Elle a besoin du soutien populaire tunisien (et elle l’a) et international, surtout européen, pour réussir sa mission de faire émerger de la révolution tunisienne un monde de paix, de liberté, de tolérance, de prospérité partagée  et de fraternité entre les peules.

C’est maintenant qu’il convient d’agir et d’être présent parmi les Tunisiens car c’est maintenant que les Tunisiens ont besoin de cette solidarité pour être rassurés sur l’avenir de leur révolution, de la liberté et la démocratie en Tunisie et ne pas se sentir seuls. Ce sont les actions immédiates de soutien qui donneront confiance aux Tunisiens pour qu’ils ne sentent plus le besoin de continuer leur révolte et leurs manifestations à risques.  C’est ce grand et manifeste soutien qui dissuadera toutes les forces qui seraient tentées de faire échouer la révolution ou de l’exploiter à des fins partisanes. Parce que les peuples égyptiens, libyens, yéménites et d’autres attendent un signe d’espoir en provenance de la Tunisie, un « exemple à suivre  » pour l’avenir de leur propre révolution. Sans cette solidarité internationale et un soutien rassurants, la peur persistera et avec elle l’effervescence révolutionnaire et le désordre qui peuvent nuire gravement à la révolution et ouvrir la voie à tous ceux qui voudraient la récupérer ou la faire échouer (le cafouillage actuel en Tunisie en est l’illustration).

L’échec de la révolution tunisienne aurait des effets très néfastes pour le bassin méditerranéen et pour l’Europe: nous ne devrions jamais le permettre. C’est relativement facile de faire réussir et rendre exemplaire la révolution tunisienne car  la société est ouverte (non alignée sur aucune tendance politique, idéologique ou religieuse); les citoyens qui ont fait la révolution tiennent à ce qu’elle ne s’aligne sur aucune orientation partisane : ils veulent un modèle de développement partagé fondé sur la solidarité, la liberté, la dignité, l’engagement citoyen dans le processus de développement et de gouvernance, et le sens de l’intérêt général. Leur slogan (lancé par Mohamed Bouazizi en s’immolant et repris par tous les tunisiens, égyptiens et libyens) en témoigne bien : « travail, liberté, citoyenne dignité » (tout un programme);

La société tunisienne a un  niveau d’éducation et d’organisation élevés qui lui permettra de faire un usage efficace du soutien qui lui sera apporté.
En raison de sa taille et de sa préparation au développement, la Tunisie nécessitera des  moyens plutôt limités et dont les résultats et les effets seront rapidement visibles.

Ainsi, soutenir la révolution tunisienne, ce n’est prendre partie en faveur d’aucun parti ou idéologie mais en faveur des valeurs universelles de l’émancipation des citoyens, de la liberté, de la justice, de la dignité humaine, de la démocratie, de la paix, de la fraternité entre les peules.
C’est un devoir de tout citoyen conscient du monde. C’est un investissement efficace et rentable puisqu’il donnera de bons résultats visibles rapidement : il servira d’exemple aux autres peuples et d’argument encourageant et dopant pour toutes les personnes et organisations qui militent en faveur de ces valeurs qui nous sont communes et qui constituent le patrimoine de l’humanité que nous devons léguer beau et intact aux générations futures. »

Issam Affi

Photo : Ahmed , chariot de la révolution, représentant celui de Mohamed Bouazizi.

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