Show 3 du Festival l’Original : le retour des indépendants

Faites du bruit! Le succès des deux têtes d’affiche, la Scred Connexion et Keny Arkana, a permis de remplir la salle de la Sucrière. Pour la troisième soirée du Festival l’Original, l’ambiance était au rendez-vous. Reprenons depuis le début :

affiche3

Les festivités se sont ouvertes avec les finalistes au tremplin Buzz Booster 2012 : La Marabunta. Ce crew est orignaire de Valence ; ou plutôt de Valence Angeles, du nom de leur premier opus qu’ils ont choisi d’offrir en téléchargement libre.

La Fourmi Marabunta est sur scène

Annonciateurs de cette soirée hiphop, les deux Mc’s Mehdi Dix et Madame Bert’ sont venus en première ligne. Aux platines, ils étaient accompagnés par Le Fabrikan qui envoie les rythmes d’un genre électro-groove. Marabunta est un mot brésilien correspondant à la migration de fourmis légionnaires, dévastant tout ce qu’il y a de comestible sur son passage. Avec ce nom de scène, la cigale n’est plus seule à chanter au temps chaud. N’en déplaise, la fourmi possède toujours ses graines pour subsister. La Marabunta dévore et envahit la scène.

(1) La Marabunta_0

Le Gone du Rap

Le public n’est pas encore au complet à la Sucrière. En extérieur, la queue d’entrée est d’une longueur folle pour celles et ceux qui s’impatientent sous une pluie battante, entendant vaguement les sons d’Expérimental. Deuxième à passer sur scène, il se présente solo au micro. « Pour faire simple, Expérimental c’est un groupe d’heavy mental à un seul membre.» Simple et efficace, cette citation extraite de son site officiel présente plutôt bien l’artiste, Hassan Guaid de son vrai nom. Une bonne partie du public lyonnais connaît ce rappeur tout droit descendu du quartier de la Croix Rousse, dont vous avez peut-être lu l’interview sur le site 69flow.

(2) Experimental_0

Gône du rap, il a ce phrasé qui percute et une écriture parfois « chanson française ». A ce propos, rappelons aussi qu’il est français et « fier de lettres ». Son album Armes Légales Vol. 2 est dans les bacs depuis 2012 avec, entre-autre, le titre J’ai tué le rap (où il précise qu’il ne l’a pas fait exprès !). Selon lui, « toutes ses armes » se trouvent dans cet opus auto-produit.

Gunz’n Rocé

Ce sont donc des gars du coin qui ont eu l’honneur d’animer la première partie de cette soirée. Le public est maintenant nombreux à être sorti indemne du temps pluvieux et à avoir rejoint la salle de la Sucrière. Juste à temps pour l’arrivée sur scène de Rocé.

(3) Rocé_0

Quelques samples de fusillades et c’est le « Top départ », en référence à son opus le plus connu. Si l’on reste braqué sur ses albums, le dernier intitulé Gunz’n Rocé est encore tout frais dans les bacs, sorti en Mars 2013. Il en chante quelques titres dont Assis sur la lune, une version plus révolutionnaire que celle d’Amstrong. Cela faisait trois ans que Rocé n’avait pas sorti de disque.

La Scred Connexion : «  toujours dans la bonne direction»

La salle est à son comble quand la Scred Connexion  fait son apparition. Sans mauvais jeux de mot, la venue sur scène de Koma, Haroun, Mokless et Morad étaient loin d’être discrète. Ils ont tous réchauffé l’ambiance d’un cran lors de leur passage successif, l’un après l’autre.

(4) Scred connexion

Depuis une quinzaine d’années, ce collectif militant pose ses engagements au travers de textes forts. Leur vision du rap n’admet pas de se laisser piloter par une maison de disque et un directeur artistique à « deux balles ». Ils dénoncent les clichés et le faux style d’un genre « rap de pantins ». Il n’y a qu’un seul slogan pour la Scred Connexion qui aura amplement résonné dans la grande salle de la Sucrière, repris en cœur avec le public : « Jamais dans la tendance mais toujours dans la bonne direction ».

Un parfum de contestation

Toute la salle réclame à présent l’arrivée de Keny Arkana. Le public s’impatiente après quelques problèmes techniques. Et à 23h30, c’est l’euphorie. Elle fait son entrée sur la scène avec une énergie dingue. La rappeuse marseillaise alter-mondialiste qui prône la désobéissance civile appelle à « la rage du peuple».

(5) Keny Arkana

Si une bonne partie du public lève le poing serré vers le ciel, d’autres restent de marbre. La Sucrière explique en bonne partie ce scepticisme : dans cet espace devenu haut lieu de l’art contemporain, forme d’art plutôt perçue comme élitiste, le militantisme des masses n’est pas des plus crédible. D’autant plus quand cela se passe juste après la Scred Connexion qui vient de rappeler que « l’on pense tous monnaie monnaie ». Quoiqu’il en soit, le parfum de la contestation aura exhalé tout au long de la soirée. Pour ce show3, le public venu nombreux est reparti conquis. Le concert est une bonne issue pour toutes les formations des-dites « rap conscient » ou indépendantes.

Revivez le show 1 du festival l’Original (avec en prime, l’interview d’Aka Naru incluse dans l’article)
L’ambiance survoltée du show 2 avec les Psy4 de la Rime et le « harlem shake » de Némir.

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