Redessine moi mon quartier…

Il y a quelques mois de cela, deux blogueurs du Lyon Bondy Blog rendaient visite aux habitants du quartier Mermoz Pinel dans le 8eme arrondissement de Lyon pour recueillir leurs impressions concernant la vie de leur quartier. A la veille des travaux de requalification urbaine de la zone, les riverains semblaient être plus que jamais attachés à ce quartier dont l’histoire est en cours d’écriture.

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C’est dans le cadre des journées du patrimoine que j’ai pu me balader en ces lieux habituellement peu fréquentés par une population extérieure au quartier. Parce que le patrimoine français ne réside pas seulement dans des monuments tels que le château de Versailles, l’Opéra de Lyon ou encore le palais de l’Elysée, je considère qu’il est important de découvrir ce qu’est l’environnement quotidien des autres, de ceux de mes semblables qui vivent dans des conditions parfois précaires. Dimanche, le groupe de visiteurs, Léa Retournard (notre guide) et moi-même, avons traversé le temps dans un décor bétonné parsemée d’arbres et de petites places tranquilles qui vient de connaître une petite révolution avec la démolition de l’auto-pont de l’autoroute A43.

L’histoire commence au XIXe siècle quand la zone est encore essentiellement rurale et située à la périphérie de la ville. Le Rhône, ce fleuve autrefois fougueux, a été dompté par les Lyonnais à l’aide de digues et peut maintenant laisser entrevoir la vie lyonnaise au delà de la Presqu’ile. Alors que certains s’installent aux Brotteaux (quartier aujourd’hui assez huppé) d’autres misent sur une étendue de prairies plus éloignée du centre ville mais plus facile à investir, l’actuel quartier Mermoz. En cela le quartier devient attractif et accueille sur son sol de nombreuses industries. Mais qui dit industrie dit main d’œuvre et qui dit main d’œuvre nouvelle dit familles à loger…

En ce temps là, à l’aube des trente glorieuses, on ne fait pas dans la dentelle en matière de logement des classes populaires. Entre 1954 et 1958 des milliers de logements ont été construits entre Mermoz Nord et Mermoz Sud, des logements dont la qualité laisse à désirer. Bâtis à partir de blocs préfabriqués, leurs façades sont très peu recherchées et donnent au quartier un visage monotone. Pour les autorités, il fallait faire vite quitte à sacrifier un peu (ou beaucoup) de confort de vie.

La construction de l’auto-pont de l’autoroute A43 en 1973 est une étape décisive dans le destin du quartier: une frontière physique a été érigée au sein même de celui-ci : le nord et le sud de Mermoz ne font plus tout à fait partie du même monde. En plus des nuisances sonores dues au trafic routier, ce monstre d’asphalte et de béton a incarné pendant des années l’immobilisme des politiques face aux problèmes caractéristiques des quartiers populaires.

La prise de conscience de la nécessité de faire évoluer les choses dans les années 1980 conduit les élus à lancer de petits projets urbanistiques. La visée de ces derniers étant de rendre plus convivial un espace qui a alors pour seule identité celle d’un quartier résidentiel abandonné par ses industries suite à la crise des années 1970.

Les années 1990 voient les progrès s’intensifier. La ligne de métro D arrive en 1992 et permet de relier Mermoz à Bellecour en 15 minutes. Plus tard, en ajoutant de la diversité dans les fonctions du quartier (création de logements étudiants, de bureaux et de services), il s’agit de développer la mixité sociale dans un espace où la quasi totalité des logements est détenue par un bailleur social. On ravale les façades de certains immeubles, même si derrière ceux-ci la vétusté est encore de mise.

Aujourd’hui l’histoire s’accélère. De grands projets sont prévus pour les sept prochaines années. Le Grand Lyon s’attèle à effacer les traces de l’auto-pont dans la morphologie du quartier. En 2006, des ateliers de discussion ont été menés avec les habitants pour mieux connaître leurs préoccupations vis à vis des travaux et recueillir leurs suggestions. La circulation automobile représente un problème majeur pour la population du quartier et celle-ci attend avec une impatience mêlée d’inquiétude la fin des travaux. Le ronron des voitures sera-t-il toujours omniprésent à l’avenir ?

En 2017, des arbres et des pistes cyclables seront visibles le long de l’avenue Mermoz, les grandes barres d’immeubles en nombre plus restreint et les immeubles de quatre étages deviendront la nouvelle norme à Mermoz Nord. En attendant ces changements, quelques immeubles ont été démolis et leurs habitants déplacés bien malgré eux pour certains. Les logements qui seront livrés entre 2012 et 2017 permettront une plus grande mixité sociale en introduisant des appartements accessibles à la propriété.

Le développement des modes de transports doux devrait fournir une bonne alternative à l’automobile, cauchemar des riverains.  Enfin, le supermarché Casino et les Galeries Lafayette offriront des façades et espaces de vente plus modernes et (peut-être) plus adaptés aux besoins de la population du quartier.

Vivement la fin des travaux !

Amandine Fournier

La rédaction

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