Procès de Charles de Lacombe : un « décrocheur » au service du climat

Ce mercredi 27 janvier, Charles de Lacombe comparaissait devant le Tribunal de Grande Instance de Lyon pour avoir décroché un portrait d’Emmanuel Macron à la mairie de Villeurbanne. Le procureur a requis 500 euros d’amende à son encontre. 

Charles de Lacombe devant le palais de justice de Lyon. Crédit photo : Luc Lavoue

Ingénieur de 27 ans, Charles de Lacombe a été arrêté le 24 mai 2019 pour avoir  retiré le portrait d’Emmanuel Macron des murs de la mairie de Villeurbanne. Un délit punissable de 7 ans de prison et de 100 000 euros d’amende pour “vol en réunion”. C’est pourtant avec confiance que Charles de Lacombe s’est élancé en direction du Tribunal de Grande Instance de Lyon, certainement galvanisé par la présence de nombreux soutiens. Au-delà des sanctions potentielles, les enjeux politiques et symboliques étaient nombreux et partagés.

« Décrocher Macron » : un symbole fort pour quel message ?

Le combat mené par les “décrocheurs de portrait » peut sembler abstrait aux yeux de l’opinion publique. Pourquoi être obligé de retirer un portrait présidentiel d’une mairie pour faire entendre des revendications écologistes ? “C’est avant tout symbolique, et permet d’attirer l’attention de la foule et des masses sur le changement climatique, explique Magali Romaggi, chef de file de la France Insoumise en Haute-Savoie pour les élections régionales, venue soutenir le décrocheur lyonnais à son procès. Il faut une prise de conscience générale. Eux l’ont fait de cette manière-là, c’est une action non violente, c’est un portrait qui coûte environ 8 euros, il faut essayer de relativiser. Il ne mérite pas de peine, c’est le gouvernement qui est criminel par son inaction ».

Charles de Lacombe milite chez Alternatiba et ANV-COP21, (Action Non-Violente Cop-21), deux mouvements citoyens pour la défense du climat et la justice sociale, qui prônent des bouleversements radicaux face à la crise écologique en faisant une place de choix à la désobéissance civile non violente. Charles de Lacombe justifiait le recours à la pratique du “décrochage” sur BFM Lyon en janvier dernier : “Décrocher des portraits permet de laisser dans la mairie une place vide, qui symbolise le vide de la politique climatique et social du gouvernement. Peut-être que ça permet d’interroger les gens afin qu’ils se demandent pourquoi une personne est prête à risquer 7 ans de prison et 100 000 euros d’amende en décrochant un poster qui vaut 10 balles sur la boutique de l’Elysée. La justice peut et doit être un contre pouvoir fort, c’est tout l’intérêt d’une démocratie.”


 500 euros d’amende requis par le procureur

Depuis 2018, 40 procès de décrocheurs ont été arbitrés ou sont toujours en cours. À Nantes, Paris, Mulhouse mais aussi à Valence ou en Haute-Savoie, une véritable vague de décrocheurs avait déferlé sur le territoire national, donnant lieu à d’inévitables procès. Élément positif pour les militants écologistes, nombre d’entre eux ont débouché sur des relaxes. Également jugés en 2019 pour avoir décroché un portrait d’Emmanuel Macron, Fanny Delahalle et Pierre Goinvic avaient été relaxés dans un premier temps le 16 septembre 2019. Mais après que le parquet ait fait appel de cette décision, les deux Lyonnais ont finalement été condamnés à verser une amende 250 euros, et attendent actuellement que leurs procès soient jugés en cassation. Pierre Goinvic était venu encourager son ami Charles de Lacombe mercredi dernier : « Je suis là parce qu’on a un gouvernement qui est dans une inaction climatique totale et qui ne tient pas ses promesses par rapport aux propositions de la convention citoyenne pour le climat. On a un gouvernement qui ne fait pas son travail de protection des citoyens, puis multiplient les accusations et procès envers ceux qui se battent pour le climat. Ma présence ne se discutait pas, il fallait soutenir Charles avant son entrée au tribunal. Et on lui souhaite le même résultat que nous, c’est-à-dire une relaxe avec état de nécessité. ” 

Ainsi, il est très peu probable que le jeune militant récolte de la prison ferme, le procureur ayant requis 500 euros d’amende à son encontre en première instance : “Si le tribunal reconnaît les 500 euros d’amende, évidemment ça ne serait pas une décision satisfaisante, estime Charles de Lacombe avant la suite de son procès, prévue le 1er mars. Non parce que je ne pourrais pas m’acquitter d’une telle amende, ou que je jugerais cette sanction comme trop sévère, mais parce que ça reviendrait à une forme de business as usual de la part du tribunal, qui me condamnerait comme un simple délinquant sans pour autant prendre en compte mes motivations politiques, alors que c’est tout ce qu’on lui demande.” Un procès au timing peu anodin : l’État a été condamné hier pour “préjudice écologique” et jugé responsable de “manquements dans la lutte contre le changement climatique” par le tribunal administratif de Paris, à la suite d’une plainte déposée par quatre ONG (OXFAM France, Greenpeace, Notre Affaire à tous et la Fondation Nicolas Hulot) en mars 2019.

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