On est allés au Zoo Humain

Une visite d’un camp d’afghans était programmée lors d’un colloque à Patras, en Grèce, sur « médias et migrants » pour lequel Lyonbondyblog était convié. Déroulement et impressions

Patras, 27 novembre, je mets pour la première fois les pieds dans cette ville au climat méditerranéen, il fait bon, on est en groupe, un bus se charge de nos déplacements. Un air de vacances, l’ambiance détendue, on fait connaissance, on discute, on est bien… Moi qui n’ai jamais voulu faire de voyages organisés, je me dis que finalement ça n’est pas mal du tout. Le lendemain commence le colloque pour lequel nous avons traversé terres et mers, il porte sur  « médias et migrants ».

Un exercice pratique nous est proposé le surlendemain -enfin moins de discours-, il consiste à réunir journalistes de tout poil, citoyens et professionnels autour de sujets plus particuliers. Je choisis « l’accueil des afghans », surtout par défaut, mais en même temps, il est toujours intéressant de savoir comment une ville, un pays fait (ou ne fait pas) de la place aux nouveaux venus. Cette place, les Afghans, fuyant la guerre et la misère, se sont la faite : c’est le dénommé « camp afghan », que j’appellerais plutôt, immonde bidonville.

Très vite, des sous-groupes se forment et, quittant tous ensemble en bus le lieu du colloque, chaque groupe est déposé à son lieu de destination. Nous nous arrêtons finalement en bord de mer, descendons, et admirons tous, cette mer magnifiquement bleue et ce soleil chaud. Le spectacle est terminé. Il faut maintenant traverser la rue. Nous faisons quelques dizaines de mètres pour arriver en grand nombre dans l’espace intime des demandeurs d’asile afghans. Je n’ose pas entrer dans ce camp- pas dans ces conditions là- je reste aux abords. Ils me donnent à voir à eux seuls, l’immense précarité des installations, abris de fortune, amoncellement de détritus sur le côté gauche, toilettes créés de toute pièce sans eau.

Une femme grecque, qui semblait attendre notre venue, est de suite prise d’assaut par les journalistes pro ; elle parle en grec, je ne comprends rien, mais sur son visage se lit une détermination, un ras le bol, une exaspération, c’est certainement une militante pour les droits des afghans me dis-je. J’ai tout faux, j’apprends peu après qu’elle est la porte parole des riverains, excédés par la présence du camp. Un jeune homme enchaine en nous donnant le timing de la visite et la possibilité de « visiter le zoo ». Je suis scotchée, cet homme est l’adjoint au maire.

Les Afghans, jeunes, très jeunes pour certains, laissent entrer les « visiteurs », répondent tranquillement à leurs questions dans un très bon anglais, se laissent filmer, photographier.
Moi je suis toujours aux abords, en compagnie d’une femme très sympa du Secrétariat de la Presse, qui indignée par ces conditions de vie me glisse tout de même « ça se voit que ce sont des musulmans, il n’y a pas de femmes ». 

Des Afghans s’approchent de nous, nous questionnent, veulent savoir, nous prennent en photos. Ils inversent savamment les rôles, et ne sont plus alors des « bêtes curieuses».

 

Auteur : Fouzia Othman

 

 

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