Un célèbre proverbe chinois dit « Ne me donne pas du poisson mais apprend moi à le pêcher ». C’est ce que souhaitent appliquer 4 jeunes entrepreneurs à travers un projet innovant au Niger… Explications.
Je vais vous présenter une équipe de choc armée de scientifiques tout droit venus de l’INSA de Lyon (Institut National des Sciences Appliquées). Ce groupe de quatre étudiants, présidé par Mlle Nignon, ingénieur en génie électrique, est à l’origine du projet DoSolai’r, un projet d’économie locale liée à la vente de yaourts. Retour sur cette idée originale et innovante.
1/ La naissance du projet
A Dosso, au Sud du Niger, Isabelle Nignon, faisant déjà partie du réseau local, a imaginé le projet DoSolai’r pour « aider les femmes victimes de maladies obstétricales » (lésion causée par un accouchement, la femme est alors touchée d’incontinence chronique) et les jeunes en difficulté grâce à la vente et la distribution de yaourts.
2/ Le concept du projet
A Dosso, « la demande de yaourts est largement supérieure à l’offre ». Il était alors nécessaire de d’augmenter la production de cet aliment qui participe à la bonne santé alimentaire de la population. C’est dans ce cadre qu’a été imaginé le projet des jeunes entrepreneurs lyonnais.
Le concept est divisé en 3 étapes : tout d’abord, il faut collecter le lait disponible (lait en poudre + lait liquide) pour ensuite produire ces yaourts à boire au moyen d’énergie solaire (« pour pallier aux problèmes de coupures d électricité et participer au développement durable ») puis mettre en place un circuit de distribution en zone urbaine, « basé sur les coutumes locales », avec des « magasiniers » (minis supérettes), des cyclistes sillonnant les rues commerçantes et « des femmes qui proposeront à domicile leur produit laitier » (moyen déjà très répandu au Niger).
Les créateurs commenceront d’abord par la ville pour ensuite étendre leur réseau dans les zones rurales. Et dans les cinq ans à venir, le résultat souhaité est de « délaisser le lait en poudre » pour ne collecter que du lait produit exclusivement par des vaches de Dosso et enfin, doubler les productions de yaourts.
Le but final est de créer une micro économie autour de la production locale de yaourts avec des moyens de distribution déjà utilisés sur place (le porte à porte par exemple) pour apporter une source de revenus fixe et « des emplois pour les jeunes de cette région ».
3/ Qui sont ceux qui vont tenir les ficelles de ce projet ?
L’équipe est est composée de Isabelle NIGNON, ingénieur en Génie Electrique, de Romain COULON ingénieur en Génie Energétique et environnement, de Ismail LAKHSSASSI, ingénieur en Génie Mécanique et Conception et de Adja-Marieme MBAYE, ingénieur en Télécommunications, Services et Usages.
D’horizons différents, ils ont tous choisi ce projet plutôt que l’habituel Projet de Fin d’Etudes (création d’un programme sur un sujet relatif aux études suivies) pour bénéficier d’une formation de 6 mois à visée professionnelle. Et cela, dans le but de créer une entreprise grâce au cursus « Ingenieur-entreprendre » de l’INSA.
Ce groupe multiculturel ; formé d’une sénégalaise, d’un marocain, d’un français et d’une franco-nigérienne; a choisi le Sud du Niger, région épargnée par les risques militaires, située au Nord du pays.
4 / Pourquoi une entreprise à portée solidaire ?
Ces entrepreneurs veulent aider cette région à sortir de l’économie du don car « l’humanitaire ne fait que cultiver la dépendance ». En effet, ce projet solidaire s’appuie sur le soutien de la population, en « développant l’indépendance de cette région et en privilégiant les femmes au moyen de créations entrepreneuriales ». Pour cela, les femmes auront des vaches « prêtées ». Elles devront s’en occuper et rembourser le prix du bétail avec le lait qu’elles auront obtenu et qu’elles vendront au groupe qui se chargera de l’acheter immédiatement.
Ainsi, « une micro-économie naîtra » autour du yaourt en comblant les manques des moyens actuels, en embauchant de la main d’œuvre locale et en installant « un mode de vie plus stable ».
Aujourd’hui totalement ficelé et rentable (selon les études qu’ils ont entreprises en mesurant tous les risques potentiels) et labellisé par l’INSA, cette idée n’attend plus que de jouer sur le terrain. Tout ce qu’il lui manque désormais, ce sont des fonds et des partenariats avec de grands groupes régionaux et nationaux.
Pour en savoir plus, contactez Isabelle Nignon sur son adresse mail : isabelle.nignon@insa-lyon.fr