L’obamania pointe le retard de la France sur les questions de diversité

La bataille des primaires américaines fait encore rage dans le camps démocrate. A Lyon, on a déjà désigné son vainqueur : c’est Barack Obama ! Rencontre avec le président d’un comité de soutien.

Chaque semaine un écho particulier nous vient des États-Unis et concerne le combat des primaires démocrates aux élections présidentielles entre Hilary Clinton et Barack Obama. En France, l’engouement pour le sénateur noir, son charisme, son programme politique trouvent un sens et des soutiens toujours plus nombreux. Je décide de rencontrer Patrice Shoendorff, le Président du Comité de Soutien de Barack Obama à Lyon.

C’est avant tout un militant de la première heure avec qui j’ai rendez-vous et qui était le responsable du Mouvement des Jeunes Socialistes. Depuis, Patrice Schoendorff, chef de service en psychiatrie, a quitté le PS : il estimait que la direction nationale ne faisait pas de place aux personnes de terrain issues de la diversité, mis à part les élu(es) faisant de la figuration au sein des instances décisionnaires. Dans ce contexte politique difficile, Patrice Schoendorff me parle de ses combats-citoyens avortés : la Maison des cultures africaines et maghrébines à Lyon, la Marche des Beurs, la commémoration de la journée de l’abolition de l’esclavage, qui n’ont pas mobilisé les pouvoirs publics ni apporté d’aide logistique…

Il était donc naturel que Barack Obama s’inscrive dans l’esprit de nombreuses personnes comme l’exemplarité, d’où l’idée de créer un Comité de soutien lyonnais après en avoir avisé Constance Bordes, la Super Déléguée du Parti Démocrate de France, et s’être déplacé à Paris pour son aval. Depuis, les choses se sont accélérées : Michèle Obama, l’épouse de Barack et peut-être la future première dame des States, lui a envoyé ses remerciements par téléphone et par email !

Mais pourquoi avoir créé un Comité de soutien Obama en novembre 2007 ? : «  Tout d’abord j’ai de suite ressenti l’épaisseur du personnage : ses origines, un père kenyan et une mère chrétienne, son éducation religieuse musulmane (mais qu’il ne pratique pas). Il est le futur Président de tous les Américains et ce modèle-là n’est pas exportable aujourd’hui en France tant la société est archaïque et conservatrice. »

Les Blacks-Américains se considèrent pour la plupart comme avant tout des Américains patriotes et les réussites sont nombreuses ; tant sociales, économiques que politiques. Pour Patrice Schoendorff « la France a 40 ans de retard sur les États-Unis concernant ces questions. Le problème est que la communauté des diversités n’arrive pas à imposer un leader en France. La gauche institutionnelle ne veut pas entendre parler de discrimination positive, alors qu’elle s’est constituée dès les années 60 aux États-Unis. La citation de Pape N’Diaye est criante de vérité : « On est noir dans le regard des autres. » »

Si Barack Obama gagne les élections américaines, cela servira certainement d’électrochoc à une classe politique française qui sera obligé prendre en compte le fait que le président des États-Unis est un homme de couleur. « Même dans la série 24 heures et dans de nombreux films, le président des US est noir ; en France on est encore loin de voir cela dans les scénarios des producteurs ! » Sa position sur la guerre en Irak (le retour des G.I’s au pays), la reprise des négociations dans le cadre du processus de paix au Proche-Orient, l’aide à l’Afrique, continent qu’il faut aider davantage à se développer : c’est autant de preuves qu’Obama est l’homme de la situation.

Pour l’heure, le Comité de soutien lyonnais ne cesse de grandir : il compte maintenant plus de 200 personnes et prévoit la création prochaine d’un blog. Prochains rendez-vous ? Un colloque sur l’Obamania à l’Université Lyon 3 et à Sciences Po Paris. Une rencontre devrait d’ailleurs se faire en présence de Barack Obama à la rentrée avec le comité français aux États-Unis.

Aujourd’hui, avec le ralliement de John Edwards, un ancien rival à l’investiture, Obama rassemble toujours et encore plus d’Américains derrière sa candidature, dépasse les clivages politiques et sociaux ; prémices d’une future victoire. D’ailleurs, Barack signifie aussi bien en arabe qu’en hébreu, « béni ».

Azedine Haffar

Contacts :

Président Lyonnais du Comité de soutien
Comité français de soutien national à Barack Obama

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