Le Syndrome de l’Aliénation Parentale, et si on en parlait ?

Réalité dangereuse et aux multiples conséquences, le syndrome de l’aliénation parentale (SAP) est encore un sujet tabou dans nos sociétés. Le SAP se caractérise par la volonté d’un parent d’éloigner son enfant de l’autre géniteur/trice, en le dénigrant constamment jusqu’à ce que l’enfant finisse par y croire. Si ce syndrome commence à être reconnu dans le milieu judiciaire, il reste pour autant encore peu évoqué en société ou dans le milieu médical.

Le syndrome d’aliénation parentale, plus couramment appelé SAP, a été découvert en 1985, par un professeur en pédopsychiatrie et psychanalyste nommé Richard A. Gardner. Pourtant en France, la Cour de cassation n’a reconnu ce trouble que récemment, en 2013. Ce syndrome résulte de la volonté d’un parent de s’approprier tout l’amour et l’attention de son enfant tout en le poussant à haïr l’autre parent. Lorsque le symptôme est développé et ancré chez l’enfant, il s’allie fortement à l’un de ses parents et rejette la relation avec l’autre, tout en contribuant à le dénigrer sans raison légitime. C’est à Lyon que la première condamnation pour une affaire du genre est tombée en 2015. Cependant, le terme de Syndrome d’Aliénation Parentale (SAP) ne sera pas cité et la mère sera accusée de “violences psychologiques” et “manipulations” psychologiques sur enfants. 

Causes et conséquences

L’enfant victime du parent toxique aura tendance à rejeter violemment le parent aliéné sans raison légitime

Les cas de SAP sont très souvent observés de séparations de parents et que la garde de l’enfant est en jeu. Un très grand nombre de divorce s’accompagnent de cas de SAP. Alors que l’enfant est seul avec l’un des deux parents, une dictature affective s’installe: ll faut en détester un, pour réconforter l’autre. Ces enfants sont littéralement victimes de lavage de cerveau. Si l’enfant est encore jeune, les dénigrements répétés contre l’autre parent peuvent s’ancrer et, même, créer de faux souvenirs.

Les enfants victimes de SAP sont froids, peu affectueux, en colère ou dissipés lors de la présence du “parent aliéné”  Ces sentiments sont évidemment disproportionnés par rapport aux expériences réelles que l’enfant a vécues avec lui.

Le SAP peut créer de vraies répercussions psychologiques à vie.  L’enfant peut développer une impossibilité de gérer une conversation triangulaire, ou l’incapacité de gérer un conflit. 

“ La gravité du traumatisme dépend de l’importance du lavage de cerveau, des techniques utilisées, de l’âge de l’enfant, de sa vulnérabilité, du moment, de l’intensité, des ressources internes de chaque enfant. L’impact n’est jamais bénin, car il s’agit d’une action volontaire. S’il n’y a pas de contact avec le parent rejeté, l’aliénation persiste.” explique le psychologue américain J.Kelly.

Le SAP et la prise en charge juridique

La France est encore loin d’être une bonne élève au sein de la communauté européenne en termes de droit de la famille. Elle fut d’ailleurs sanctionnée en 2005 par la Cour européenne des droits de l’homme se réfère expressément au syndrome d’aliénation parentale et la France a été condamnée pour ne pas avoir “déployé les efforts suffisants que l’on pouvait raisonnablement attendre d’elle pour rendre effectives les visites d’un parent rejeté par son enfant”.
Heureusement en 2013 la Cour de cassation reconnaît enfin ce syndrome qui fut constaté dans bien des affaires juridiques en France. Or, bien que reconnu, le SAP n’est pas spécifiquement et expressément sanctionné par le Code pénal ou le Code civil. Bien qu’on dénonce ce fléau  depuis une vingtaine d’années, dans le milieu juridique on en parle encore avec prudence, voire presque tabou. Les pouvoirs publics ne savent pas comment traiter ce problème. De nombreux juges deviennent nerveux à la seule évocation du SAP qui demande une évaluation psychiatrique et qui a tendance a compliquer les procédures de divorce. Cet état d’esprit a pour conséquence de décourager les avocats au grand dam des parents évincés un peu plus désemparés. Si le parent rejeté ne peut avoir gain de cause pour la garde de son enfant, il peut cependant porter plainte pour un acte de maltraitance sous la forme d’une violence psychologique qui compromet souvent gravement sa santé mentale. En ce cas, la peine varie de 3 à 15 ans de prison et peut aller jusqu’à 150 000 euros d’amende, et ce en fonction de la gravité et des conséquences des actes de violence.

A.Leveneur

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