Etat des lieux de la violence dans le football amateur

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Le foot français, ce n’est pas que des histoires de gros sous, de soirées bling bling arrosées ou encore d’egos surdimensionnés. Le foot français, c’est aussi et surtout 2,1 millions de licenciés, 1 million de matches par an, 17800 clubs actifs et, parfois, quelques dérapages. Explications. 

Le Foot Indor a été l’occasion de faire le bilan des incivilités dans le football français amateur. Venu spécialement de la FFF (Fédération Française de Foot), Patrick Wincke, chargé de mission pour l’Observatoire de la violence, a livré les chiffres des incidents relevés au cours de la saison sur, et, en dehors des terrains. Coups, insultes, menaces… au total, 1,76 % des matches ont connu des actes de violences ou d’incivilités cette année. Une légère augmentation par rapport à la saison passée. « Nous avons analysé ces matches afin de savoir quelles catégories étaient les plus enclines à connaître ce type de problèmes. Clairement, ce sont les séniors et les équipes des 17-18 ans qui posent le plus de difficultés. », note Patrick Wincke. Ce dernier explique par ailleurs que la violence se déplace de plus en plus dans l’entourage du terrain. Et sur le terrain, la violence verbale ou physique touche encore le corps arbitral. (0,73 % des matches sont concernés)

Afin de lutter contre ces problèmes de comportements, « qui ne sont que le reflet de la société », souligne M.Wincke, la Fédération Française de Football suggère quelques idées, déjà appliquées dans certains clubs. Parmi ces préconisations : le carton blanc, les amendes, la licence à points, plus d’informations sur les risques des sanctions pénales auprès des joueurs, des travaux d’intérêt généraux… Mais le répressif et les sanctions financières ne sont pas les seules solutions pour la FFF. « Il est aussi important d’organiser plus de moments conviviaux entre les clubs. », conclura Patrick Wincke.

Au-delà des chiffres, deux sociologues de l’université d’Artois, Nicolas Penin et Williams Nuytens, experts sur cette thématique des incivilités dans le foot amateur, ont tenté de donner une explication à ces faits de violence. Après avoir suivi pendant plusieurs saisons 10 clubs amateurs du Nord Pas de Calais, ces derniers étaient à même de casser quelques préjugés bien ancrés dans les mentalités. « Nous avons découverts que les cas de violence n’étaient ni liés au budget du club, ni au niveau de diplôme des encadrants, ni à une quelconque situation géographique. », relève les deux hommes. « Il n’y a pas d’explications toutes faites. Mais ce qui est certain c’est que plus les gens se connaissent, mieux les matches se passent. Nous avons aussi noté que le contrôle social du groupe sur lui-même était plus fort dans les petits clubs et les petits districts. ». Regrettant la stigmatisation des clubs des quartiers sensibles (« qui ne reflète en rien la réalité »), les sociologues passionnés de ballon rond, ont aussi éclairé les pro du football présents sur la nécessité de mieux former les arbitres amateurs. « Malheureusement, on ne leur apprend pas suffisamment à juger, à garder leur libre-arbitre ! »

L’avis d’un joueur : 

« Salut, je m’appelle Déradji, j’ai 29 ans, je suis de Paris et je joue au foot depuis l’âge de 13 ans. Ca fait 3 ans que j’habite dans la région de l’Isère et que je recherche un club mais je n’ai toujours pas trouvé un club où quand il y a une erreur, les gens attendent de règler ça à la mi- temps ou à la fin du match. Je trouve cela bien dommage. Je ne dis pas qu’a Paris cela est différent mais les joueurs en n’ont tellement eu marre des incivilités qu’ils ne veulent plus jouer avec des personnages vulgaires et agressifs. Le football est avant tout un sport dit collectif, pas un ring de boxe ni un parti politique. Pour ma part, je prends du plaisir à jouer même avec mon pire ennemi. J’aime, je respire et je vis football ! Celui qui n’a pas saisi ça, eh bien, il faut qu’il change de sport ! Maintenant, je suis venu à ce salon de foot indor pour kiffer et je n’ai pas vu de gens se manquer de respect mais plutôt prendre plaisir même s’ils n’étaient pas forcément amis. Qui sait, le sont-ils peut-être devenus ! »

Auteur : Pascale Lagahe et Déradji

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