Droit à l’éducation : des jeunes débattent à l’Unesco

Une trentaine d’adolescents venant de collèges lyonnais et villeurbannais ainsi que de structures de prévention spécialisée décrivent les limites du droit à l’éducation, en particulier dans les quartiers populaires.

 Une trentaine d’adolescents issus de plusieurs collèges lyonnais et villeurbannais ainsi que de structures de prévention spécialisée (Collège Tonkin, collège Hector Berlioz, collège Alexis Kandelaft, collège Raoul Dufy, MECS les Peupliers, Cepaj St Genis Laval, Prévention Spécialisée, (Slea), secteur Villeurbanne, Prévention Spécialisée (ADSEA), secteur Givors, les Moineaux (ADSEA), ont mené un projet autour du thème : pourquoi l’éducation est-elle un droit. A l’instigation de la Cofrade (Conseil français des associations pour les droits de l’enfant), les jeunes étaient invités à débattre, dans un premier temps, au Conseil général le 2 décembre dernier.

Pour plusieurs d’entre eux, le droit à l’éducation  « permet de s’accrocher à quelque chose plutôt que de traîner dans la rue ». Mais les questions abordées, au-delà de ce droit consacré par la Convention internationale des droits de l’enfant, traduisaient aussi et surtout les craintes éprouvées par certains adolescents. Des sujets tels que la police, la justice ou l’emprisonnement sont évoqués. Etonnant dans un débat sur l’éducation néanmoins, rien de surprenant, en revanche quand on est issu d’un quartier populaire.

J’ai suivi de plus près l’une de ces jeunes. Nasria a 17 ans et est en 2nde. Lors du premier débat, ses propos traduisaient une certaine colère envers le système scolaire, qu’elle juge inégalitaire : «  Dès la 4e, on nous demande de choisir une orientation. On ne sait pas quoi faire alors on se débarrasse de nous. C’est comme ça dans les quartiers « .

Lors du second débat, qui cette fois-ci, se déroule le 10 décembre à l’Unesco à Paris, sa position semble avoir évolué :  « On va débattre pour que les gens comprennent notre message. Ils parlent de l’éducation mais ne connaissent rien de nos vies. Ils n’ont pas la même vie que nous. Ils doivent se mettre à notre place et nous comprendre. On est dans un quartier H24, on est enfermé et les flics tournent « .

Pour Bachir Touati, professeur de SVT-Science de la vie et de la terre- « l’enseignement a changé mais pas la formation de l’enseignant. Car nous sommes également sociologue, pédagogue… « .

L’éducation est un droit, mais elle est vécue pour plusieurs de ces jeunes comme une contrainte, en particulier pour ceux et celles dont l’orientation scolaire a été plus ou moins imposée :  « on ne nous demande pas ce qu’on veut. On nous envoie directement dans des classes poubelles » s’insurge Sofiane, 19 ans.

Suite à l’intervention de Sofiane, j’ai moi-même pris la parole lors de ce débat à l’Unesco : « autant que le droit à l’éducation, le droit à l’information doit aller de paire. Dans les quartiers populaires, l’information ne circule pas. On ignore les possibilités d’étude et de formation qui existent et qui sont à notre portée. La culture est inexistante et il faut se rendre dans le centre ville pour aller à la bibliothèque. Quand j’étais au collège, la conseillère d’orientation m’a « conseillé » de faire un BEP alors que j’avais de très bons résultats ; j’étudie aujourd’hui les sciences politiques »

Je me demande comment la parole des jeunes sera prise en compte. Mohamed Zerrad,  éducateur sur le quartier Saint-Jean à Villeurbanne m’apporte quelques éléments de réponse : « Suite à la rencontre entre des jeunes du Collège Raoul-Dufy et de Givors avec le député Me Crozon, une commission jeune et sport a vu le jour au sein du Conseil de Quartier de Saint-Jean, afin d’ écouter le message des jeunes. Néanmoins il faut que les élus mettent davantage de moyens pour que tous ces jeunes soient entendus «  conclut-il.

Auteur : Rafika Bendermel

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