Brésil : la classe moyenne se rêve propriétaire

De nouveau en vacances au Brésil chez sa belle famille, Pascale reste stupéfaite par l’engouement de plus en plus profond des brésiliens pour l’accès à la propriété.

Vous vous attendiez peut-être à ce que mon premier billet « made in Brasil » traite des évangélistes (un sujet qui mériterait un blog à lui seul), du trafic de drogue ou encore du carnaval… eh bien, c’est raté !  En ce début d’année, marqué par l’élection de Dilma Rousseff, un autre phénomène a attiré mon attention : celui de l’engouement des Brésiliens pour l’accès à la propriété. En quelques mois, un boom immobilier gigantesque s’est emparé du pays. Que ce soit dans le centre à Goiania ou dans la région sudeste à Vitoria, les programmes de construction sont lancés par centaine.

 

La classe moyenne, jouissant de meilleurs revenus, se rue sur les offres immobilières. Une telle situation n’est  évidemment pas le fruit du hasard. En mars 2009, le gouvernement lançait avec la Caixa, première banque publique du pays, un programme de crédit immobilier « Minha Casa, minha vida »*. Selon les revenus du foyer, la banque finance sur 25 ans en moyenne les désirs immobiliers des Brésiliens.

Le luxe ultime pour la classe moyenne ? Les parcs résidentiels fermés composés de maisons ou d’immeubles. Des « condominio fechado » qui poussent comme des champignons, à l’image des quartiers « Total life », où les propriétaires d’appartement de standing vivent « une vie de rêve » avec piscine, terrain de tennis, boutique, salon de fête, salle de gym et tout le toutim !

Gleice et Raimundo, jeunes mariés habitant Goiania, ont, quant à eux, choisi l’option terrain à bâtir. Le couple a payé au total 105 000 reals*, avec une financement sur 25 ans. « Le quartier est en train de prendre de la valeur. C’est un excellent investissement pour notre avenir.« , explique Gleice, qui, fière de sa maison, est toujours à l’affût d’un nouveau meuble, d’un objet de décoration qui fera mouche. « Le principal est fait. Pour le reste, nous dépensons doucement, au fur et à mesure. » La jeune femme a le choix entre des dizaines de magasins de déco et de bricolage. Même l’enseigne française Leroy Merlin, « le paradis des castors », est présente à Goiania !

Gleice et Raimundo font partie de cette génération de trentenaires qui n’a pas toujours vécu une enfance facile. Pour eux, être aujourd’hui propriétaires d’une maison est un véritable signe de réussite. Et qu’importe les taux d’intérêt faramineux des banques brésiliennes (10 % en moyenne !).

A Vitoria, même constat. L’un des plus grands quotidiens de la région ‘A Tribuna » vient d’annoncer que 2011 devrait battre le record de lancement de programmes immobiliers. A Serra, dans la banlieue de Vitoria, les investisseurs lorgnent sur les parcelles de terrain à bâtir dont la valeur peut facilement doubler en 2 ans.

Valorisation, spéculation, développement… difficile de savoir si ce ‘Brazilian dream » se poursuivra au cours de la prochaine décennie. En attendant, trois chantiers, et pas des moindres, demeurent pour Dilma Rousseff : l’éducation, la santé,  et la lutte contre la pauvreté qui touche encore 10% de la population.

* « Minha casa, minha vida », vise à répondre aux besoins de logement des populations à faible revenu dans les zones urbaines, d’assurer l’accès à un logement décent aux normes minimales de durabilité, de sécurité et l’habitabilité. Le programme fonctionne grâce à l’octroi de fonds aux bénéficiaires. »

* Au 1er janvier 2011, 1 euros valait 2,15 réals environ.

Auteur : Pascale Lagahe (au Brésil)

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