Pour la 17eme éditions de Woodstower, le festival de musique prenait place, comme à son habitude, au parc de Miribel. Un événement qui a su se réinventer au profit du social et de l’écologie, des questions devenues centrales aujourd’hui.
Du 24 au 28 août dernier, la métropole lyonnaise accueillait le festival Woodstower. L’équipe organisatrice tenait à marquer le coup avec son retour post-covid. Pour cela, les thèmes de l’écologie, du social et de la place de chacun au sein de l’événement ont été abordés. Sur un territoire lyonnais où l’écologie se place en problème et en solution, l’équipe du Woodstower a tenu toutes ses promesses.
« On ne fait pas de politique »
Après une conférence de presse où il remerciait tous ses partenaires et ses soutiens, Maxime Noly, directeur et programmateur du festival, nous confiait « ne pas faire de politique à travers son festival ». Dans une métropole verte politiquement et à travers son renouvellement urbain, cet événement dicte pourtant les nouvelles règles à suivre. Avec la reprise, l’envie de développer une dynamique plus durable au festival s’est fait sentir. C’est pour cela que Woodstower s’est équipé d’un groupe électrogène permettant d’alimenter la scène présente sous le chapiteau. C’est le premier festival en France à utiliser ce système. Maxime Noly, à l’initiative de cette démarche, en explique son utilité : « 8 tonnes de batteries sur un porteur de 25 tonnes, une consommation d‘électricité équivalente à celle de 40 foyers pendant deux heures, cela nous permettra d’éviter les émissions de CO2 et les fumées ». Ce branchement roulant de 400 KW est venu d’Orléans pour satisfaire les milliers de festivaliers spectateurs de la scène « chapiteau ». Deux techniciens se sont attelés à la livraison du chargement et à son branchement. Selon les organisateurs, cela relève d’une « vraie avancée technologique et écologique ».
« En espérant que cette démarche devienne la norme »
En plus de cette démarche innovante, d’autres solutions anti-gaspi et anti-pollution ont été mises en place. C’est le cas des désormais classiques « éco cup », devenus référence pour les festivals. Il y avait aussi la présence d’un camping où les festivaliers se sont installés au cours de la semaine leur évitant de prendre la voiture pour se loger en centre-ville.
« Nous menons des actions de tri des déchets et de la sensibilisation auprès du public. On a aussi travaillé une vaisselle 100% compostable et supprimé les bouteilles et canettes, nous mettons de l’eau à disposition des festivaliers. Des toilettes sèches sont accessibles au public et nous faisons la collecte des mégots » énumère le directeur du festival. Cette logique écologique est très importante pour l’image que renvoi l’événement, mais c’est surtout une mentalité que veut inculquer son directeur. En effet, des équipes du Woodstower sont visibles durant tout le festival en train de ramasser les quelques déchets s’étant échappés de la poubelle et/ou tombés sous la vigilance des festivaliers.
Enfin, plusieurs groupes comme Agamy ou Ninkasi se sont occupés de satisfaire les clients du festival en nourriture et boisson, avec des produits locaux : bières, vins et spiritueux, burgers, wraps sans viande…
Maxime Noly termine notre échange avec une note d’espoir en cet été particulièrement chaud : « en espérant que cette démarche devienne la norme, et que l’on puisse donner des idées aux autres festivals ».
La question des transports enfin réglée ?
Pour les déplacements, la métropole lyonnaise, présente durant l’inauguration, a témoigné son soutien par la « forte présence de transports en commun sur son territoire » : métro jusqu’à tard la nuit, bus relais depuis Vaulx-en-Velin et au départ du festival, bornes de vélo reliant le centre-ville… Tout est fait pour éviter aux 43 000 festivaliers de prendre la voiture. Une solution pour essayer, en vain, d’ombrager quelque peu l’enquête révélée par nos confrères du Progrès concernant le manque de pistes cyclables dans la ville, connue comme la deuxième ville cyclable du pays : Rhône. Deuxième ville cyclable de France, Lyon peine sur le nombre de pistes (leprogres.fr)
Une dynamique encourageante qui ne doit pas masquer certains problèmes structurels qui peut encore davantage plomber l’ambiance dans la métropole.
Et le social dans tout ça ?
En plus de ses enjeux écologiques, le Woodstower tenait également ses promesses concernant l’importance de ses engagements sociaux : de nombreux écriteaux prônant la tolérance et les comportements décents entre festivaliers, une safe place, une programmation locale (50% des artistes originaires de Lyon), une musique éclectique… Le maximum a été fait pour ramener toutes les différentes populations de l’agglomération. Entre Vald et Niska en allant jusqu’à Paul Kalkbrenner et Stand High Patrol, en passant par Romane ou Kungs : il y en avait pour tous les goûts.
Rim’k, artiste originaire du Val-de-Marne, a d’ailleurs lui aussi appelé le « public du 69 » à consommer local. Et pour cause, il incitait ce jeudi soir tous les lyonnais à « donner de la force aux artistes de Lyon, c’est important ! Sasso, L’Allemand, c’est vous qui devez les faire péter. Avant d’être les plus forts sûr Paris, il faut qu’ils soient les plus forts ici ! ». Une invitation la bienvenue pour Sasso, qui sortait un nouveau projet le soir-même à minuit.
Enfin, des équipements ont été mis à disposition sur la plage afin de permettre aux festivaliers et aux familles venues aux abords du lac de profiter du beau temps. Ils pouvaient jouir de performances dj gratuites, mêlant tous les styles musicaux du début de l’après-midi jusqu’à tard dans la nuit. Des tables de massage, des ravitaillements en nourriture et boissons, un comedy-festival où des humoristes du territoire se sont succédé toute la semaine ou encore un biblio-bus envoyé par la ville de Vaulx-en-Velin… Tout a été fait pour créer un espace dans lequel les festivaliers- et personnes extérieures -ne voient pas le temps passer. En parallèle, le dimanche, dernier jour des festivités, de nombreux artistes se sont produits au cours de l’après-midi. La programmation hétérogène a pu être observée par un public qui est entré gratuitement à l’intérieur du festival, une volonté de la part des organisateurs.
Malgré ses « airs politiques », le festival a donné du plaisir aux 43 000 festivaliers et cela durant toute la semaine. Entre des auto-tamponneuses gratuites, une fête-foraine ouverte et des jeux en tous genres, l’expérience 2022 aura été un moment singulier et innovant de jour comme de nuit.
Tristan
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