La compagnie Gertrude II met les cultures maghrébines et berbères à l’honneur dans le cadre de l’évènement « Gaada poétique ». Sous une tente, en plein air, des poètes déclament des écrits en langue française, arabe et berbère.
Ce jeudi 20 mai, il est environ 10h lorsque je m’approche de la tente multicolore de l’association Gertrude II qui a fait escale ce jour-là sur l’esplanade Grand’Côte, dans le 1er arrondissement. Je suis accueilli par la pétillante Guillemette Grobon, ex-actrice et aujourd’hui metteuse en scène et directrice artistique de Gertrude II. Cette dernière est accompagnée d’Anas Alaili, Mohammed El Amraoui et Moussa Harim, poètes de la compagnie. Respectivement d’origine palestinienne, marocaine et libyenne, les trois hommes écrivent et traduisent la poésie d’amour arabe et berbère du Vème siècle à nos jours.
Moussa Harim m’explique l’origine du mot Gaada. « Le Gaada est une tradition nord africaine dans laquelle un homme réunit sa famille autour de discussions, de chansons et de danse, littéralement. Le terme signifie « être assis ». Chez les Touaregs, ces rassemblements se font sous une tente, voila d’où provient la tente de notre projet ! » .
Depuis près de sept ans, cette association lyonnaise organise des évènements (ateliers d’écriture à Vénissieux, arts plastiques, théâtre, slam avec le collectif 1,2ground) autour du projet « Noir et Blanc ». Ces manifestations ont pour objectif de promouvoir le patrimoine culturel maghrébin et notamment celui de l’Algérie, la 1ère communauté étrangère présente dans notre pays comme le rappelle Guillemette Grobon : « Nous oeuvrons pour un dépassement des diversités ,celui-ci doit se faire dans le respect de chacune des identités ». Et Moussa Harim d’ajouter : « l’art que nous promouvons a totalement sa place dans le patrimoine culturel français,nous recherchons une confrontation culturelle positive à travers la démarche artistique. »
Un travail passionnant qui passe notamment par une étroite collaboration avec d’autres équipes présentes en Algérie à Sétif et Alger avec une « mutualisation des savoir-faire et compétences » pour un développement partagé d’un côté et de l’autre de la Méditerranée. (NDRL : Gertude II sera notamment présente au musée d’Art Moderne d’Alger en septembre.)
La très confortable tente colorée a déjà été visitée par un grand nombre de personnes depuis quelques semaines à Lyon et à Vénissieux. Notamment des enfants. « Nous avons reçus de nombreux élèves accompagnés de leurs instituteurs en début de semaine sur la Place Morel », indique Guillemette Grobon. Ce jeudi, l’affluence était moindre mais juste avant de partir, j’ai pu assister à la lecture, très vivante, de plusieurs poèmes tel que « Beyrouth » ou, »Reste sur mes genoux » en berbère puis en français. Une manière pour ces artistes de continuer à « jouir d’une culture qui les traversent ».
Soutenue par la Ville de Lyon et la région Rhône-Alpes le « Gaada poétique » se poursuit à Lyon les 26 et 27 mai (esplanade Grand’Côte) et à Vénissieux le 22 mai à la Maison de l’enfance Anatole France et le 29 mai au Parc des Minguettes.
Légende photo : De gauche à droite, Guillemette Grobon, Anas Alaili, Moussa Harim, Mohammed El Amraoui et un visiteur .
Auteur : Serge-William Kouakou