Le street-art perfuse les Pentes

Le quartier des Pentes, dans le 1er arrondissement, va vivre les 21 et 22 mai une expérience inédite. Explications.

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Des façades défraichies, des tags difformes, des vitrines abîmées, des affiches déchirées… dans le quartier des pentes, les murs des immeubles sont souvent malmenés sans que personne, ni les élus, ni même la « brigade anti-tag », n’ait trouvé de remèdes miracles. La solution viendra peut-être du projet Perffusion, qui débute aujourd’hui et se termine samedi soir. Organisée sous la forme d’un parcours ludique dans les rues du quartier, l’initiative, lancée par des Strasbourgeois, offre la possibilité à des artistes de tout l’hexagone (et même de l’Europe) de venir « décorer », à leur manière, une vingtaine de façades du quartier.

« Le parcours compte 27 points de street-art. Et pour « perfuser » ces zones, 25 artistes ont été sélectionnés. Tous ont un style et des techniques différentes comme le collage, la peinture, la photo, le pochoir. Il y a même une artiste qui a dessiné sur des feuilles A 4 des dizaines de pigeons différents que les habitants pourront « adopter » et coller eux-mêmes sur un mur ! », commente Jérôme Faure, « le » Lyonnais qui a oeuvré pour que le projet Perffusion, initié en 2009 à Strasbourg, s’exporte dans la capitale des Gaules.

Designer amoureux des pentes depuis de nombreuses années, Jérôme gardait dans un coin de sa tête un projet similaire qu’il souhaitait depuis longtemps mettre en place à Lyon. En découvrant, en 2009, l’expérience strasbourgeoise, il prend contact avec Florian Rivière, un tout jeune street-artiste et lui propose de concocter la deuxième édition à Lyon. L’été dernier, les deux hommes entament une série de répérages. « Nous avons eu un mal fou à trouver les propriétaires de certains lieux. Du coup, nous n’avons pas pu obtenir toutes les autorisations. » Heureusement, le projet a séduit la mairie du 1er et surtout les habitants qui « trouvent le concept génial ».

Les organisateurs ont carte blanche. Ils sont même parvenus à s’entendre avec les services techniques de la ville. « Normalement, les œuvres de street-art sont éphémères. A Strasbourg, par exemple, nous avons du tout retirer quelques jours après l’évènement. A Lyon, ça va être différent. Les créations vont rester tout l’été. Et si en septembre, chacun constate qu’elles n’ont pas été abîmés, taguées… eh bien, elles resteront ! »

Au-delà de l’idée de « perturber l’espace public quotidien des consommateurs », l’expérimentation lyonnaise pourrait peut-être aboutir à une réelle solution de lutte contre les dégradations de façades urbaines. De quoi donner du baume au cœur aux commerçants qui, à chaque dégradation sur les murs de leurs locaux, n’ont d’autre choix que de payer la modique somme de 80 euros le mètre lignée afin qu’une entreprise (contractée par la mairie) viennent effacer les tags d’un coup de pinceau.

Fiers du projet, Jérôme et Florian ont un seul regret : avoir dû tant batailler pour obtenir un soutien financier. « Le street-art n’est pas encore reconnu. Il peut faire peur et être assimilé à du vandalisme. Mais bon, nous espérons que si cette édition 2010 est un succès, les élus nous suivront pour les prochains projets ! »

Pour en savoir plus :

http://www.democratiecreative.com/perffusion/perffusion.html

Auteur : Pascale Lagahe

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