A 8 heures ce jeudi 10 juillet, les kinésithérapeutes se sont réunis en face de la CPAM du Rhône à Villeurbanne et partout en France. Répondant à l’appel de l’intersyndicale FFMKR, ALIZE et SNMKR ils ont manifestés pour un « Festival de cannes des Kinés » afin de dénoncer la décision de l’Etat d’annuler les revalorisations salariales promises.
Cette mobilisation fait suite aux négociations conventionnelles de 2023. Un accord avait alors été trouvé avec les instances gouvernementales et la CPAM. Il prévoyait une hausse salariale d’un euro par acte, selon un militant présent, en échange de contraintes comme la régulation de la liberté d’installation ou de nouvelles obligations pour les jeunes diplômés.
« L’acte a été décalé deux semaines avant son abrogation si je ne me trompe pas, donc on est là pour pousser notre coup de gueule et montrer qu’on n’est pas satisfait de ce qui se passe. » nous confie un manifestant.

La colère grandit face à l’inflation et à l’absence de mesures concrètes.
« On a vu ces dernières années l’inflation galoper, les revalorisations jamais avancées et là, on a des cabinets qui sont vraiment à bout de souffle. En l’état actuel des choses, ça devient très compliqué », déplore le représentant syndical d’ALIZE, Mohamed Taleb.
Certains dénoncent aussi un manque de moyens devenu chronique.
« Ça fait depuis le début de mon activité il y a presque 40 ans qu’on attend une revalorisation des actes de kiné. Je sais pas si vous savez mais une séance de kiné, c’est 18 euros maximum. Sur ces 18 euros, il faut enlever à peu près 40 % de charges, donc si on voit pas 40 patients par jour, à la fin du mois, ça marche pas, quoi. »

Sur place, environ 40 personnes s’étaient rassemblées parmi lesquels des Kinésithérapeutes mais aussi d’autres professionnels de santé conventionnés, comme quelques pharmaciens. Beaucoup évoquent des structures « à bout de souffle », des fermetures possibles ou des réorientations professionnelles.
« Nous, aujourd’hui, on est là pour dire que si on veut des soins de qualité, il faut qu’on puisse rouvrir les négociations, réautoriser ces revalorisations qui ont été signées et qui ont été injustement et brutalement stoppées de manière unilatérale par le gouvernement. Et puis, si on peut participer aussi à l’élaboration de cet indice, ça peut être qu’un plus pour les patients et puis pour sauver les petits cabinets de famille qui, aujourd’hui, ont vraiment beaucoup de mal à s’en sortir. »
-Mohamed Taleb
Dans ce contexte, les syndicats réclament la réouverture des négociations, la levée du gel des revalorisations signées et la participation de la profession à la définition du nouvel indice INAMI, qui fixe l’évolution des tarifs.
La mobilisation, ponctuée de musique, d’exercices de kiné, d’une buvette et même d’une tentative de chenille pour entrer dans la CPAM, s’est achevée dans une ambiance bon enfant. Vers 9 heures, les manifestants ont quitté les lieux pour regagner leurs cabinets et débuter leur journée de travail.

Article signé Luna Letartre Puig