Ce 17 mars, certains habitants du quartier Jacques Monod ont manifesté leur colère, celle de loger dans des “passoires thermiques” (logement mal isolé). Accompagnés d’associations comme Alternatiba ou encore Alliance Citoyenne, tous se sont mobilisés solidairement pour demander des “travaux pour Jacques Monod”.
Le combat dure déjà depuis le 23 juillet, avec encore 244 familles touchées et malgré tout, il n’y a pas ou très peu de changement. Les travaux initiaux sont prévus pour 2027, ce qui est jugé trop tard pour les habitants de ce quartier. De ce fait, ils manifestent une seconde fois, 9 mois après, contre la précarité énergétique qui ronge leurs logements.
Un parcours en 3 étapes
Première étape à 14h30, rendez-vous devant la mairie de Villeurbanne. L’objectif est d’entendre le maire, Cédric Van Styvendael, pour trouver des solutions. Finalement, c’est sa première adjointe Agnès Thouvenot qui sort et qui répond aux questions des habitants. Plusieurs prises de parole ont alors lieu. Notamment par Karim, un des porte-paroles d’Alliance Citoyenne, suivis de quelques témoignages. “Mes enfants rentrent de l’école, on doit chauffer l’eau à la casserole pour prendre une douche” explique Mehemed, 72 ans, suivi d’Anissa qui témoigne des moisissures sur les murs provoquant des maladies aux enfants. L’adjointe du maire compatit et apporte son soutien aux habitants. “Nous sommes favorables à la présence des habitants au sein du comité parce qu’il faut faire la ville avec ses habitants« , ajoute-t-elle. Malgré cela, les villeurbannais sont déçus, estimant qu’aucune proposition claire n’est proposée. Ils se sentent délaissés, continuent leur chemin et décident alors de frapper plus fort.
La deuxième étape débute à 15h20, rendez-vous devant la Permanence Parlementaire dans l’avenue de Saxe Gambetta pour faire sortir un des députés. Plusieurs chants ont été entonnés pour faire du bruit afin de faire descendre un responsable, en vain. Karim décide alors d’appeler l’une des secrétaires. “Les mercredis, ils (les députés) sont à l’hémicycle, il faut s’informer avant de venir” rétorque-t-elle. Etant donné que personne n’est disponible, les habitants du quartier, avec les associations, décident de coller des amendements devant la porte, avec la volonté que le député le signe, pour “qu’on ait plus à faire ça et que tous les logements précaires soient rénovés avant 2023” justifie Karim. Une énième déception qui les motive à aller “taper plus haut” pour se faire entendre.
C’est donc à 16h00 que le cortège termine son parcours devant l’hôtel de la Métropole de Lyon. Les chants continuent, “des travaux pour Jacques Monod, des travaux pour Jacques Monod” résonnent devant la Métropole. Mais les habitants du quartier ne sont pas entendus comme ils le souhaitent. Personne ne peut rentrer dans les bâtiments, ou seulement pour aller aux toilettes. 16h20, les organisateurs sortent un goûter pour les habitants. Pendant 30 minutes, les habitants continuent à chanter et font preuve d’unité.
Stop aux logements passoires
Association Citoyenne, Alternatiba et Greenpeace ont répondu présent pour la manifestation. Éric, bénévole à Alternatiba (association engagée écologiquement et socialement), s’est exprimé sur la cause. “C’est normal pour nous de venir ici, d’un aspect écologique, ce genre de logement est mauvais pour l’environnement, en ajoutant des prix colossaux, pour des ménages modestes c’est indécent.” affirme-t-il sur place.
Pour rappel, les passoires thermiques sont des logements énergivores. Le projet de loi Climat qui sera voté le 29 mars y consacre d’ailleurs une de ses 146 mesures. Si l’assemblée est favorable à cette nouvelle loi, il sera alors interdit de louer ce genre de biens en 2028. Malgré cela, le projet n’instaure pas d’obligation de rénovation globale. Cette décision fait grincer des dents. Ainsi, une prochaine marche aura lieu, pour cette cause, le 28 mars. Quant aux habitants du quartier Jacques Monod, ils continuent leur lutte en espérant des résultats prochainement. En attendant un possible rendez-vous prochainement avec le maire de Villeurbanne.