ZAC des Gratte-Ciel à Villeurbanne : « Des logements à 7 000 euros du mètre carré. Ce n’est pas possible ! »

Villeurbanne, la 19e ville de France, va radicalement faire évoluer son centre-ville avec la construction d’une nouvelle ZAC qui prendra place dans le quartier Gratte-Ciel. Pratiquement 100 ans après Lazare-Goujon, maire de Villeurbanne durant 17 années, et la construction de l’actuel quartier composé quasi exclusivement de logements sociaux. La municipalité a annoncé un projet de grande ampleur qui n’oublie pas la dynamique sociale initiée par l’ancien maire de Villeurbanne.

Les premiers permis de construire de la future ZAC du quartier Gratte-Ciel viennent d’être signés. Ce projet d’envergure a débuté en 2015 et a accéléré depuis les dernières élections municipales et métropolitaines selon Bruno Bernard, président de la métropole : « Il y’a un lien entre l’avancement rapide du projet et l’envie, la volonté du maire de Villeurbanne et du président de la métropole [NDLR : Lui-même] de voir ce projet émerger. »

Ce projet d’envergure prévoit la construction de 23 000 m² d’équipement neuf, dont 15 800m² consacrés aux commerces et services et 4 900 m² de bureaux et activités. Côté habitation, c’est près de 855 logements qui sont prévus. Ils seront répartis dans 16 à 18 tours frôlant, pour certaines, la hauteur limite de classification d’un gratte-ciel [NDLR : La plus haute atteindra 49 mètres]. La végétalisation du quartier est également au rendez-vous. Près de 300 nouveaux arbres et arbustes seront plantés au cours du projet. Le tout pour un coût estimé à 104 millions d’euros. Les premiers travaux débuteront au printemps 2023 et prendront fin courant 2026 pour les premiers îlots et 2027 pour le rendu final.

Futur lieu d’accueil de la ZAC Gratte-Ciel. Crédit : Léo

Poursuivre l’héritage social villeurbannais

Le projet immobilier prévoit la construction de 855 nouveaux logements dont 60% de « logements aidés ». Une part importante de l’offre est tournée vers une ambition sociale, pour Cédric Van Styvendael, maire de Villeurbanne, il était important de perpétrer l’héritage de l’ancien maire Lazare-Goujon. « Je ne veux pas que l’inflation immobilière repousse toujours plus loin les plus modestes. {…} On a souhaité que les nouveaux gratte-ciels répondent à l’ambition de Lazare-Goujon. Il a construit un centre-ville avec exclusivement du logement social. Par conséquent, il était hors de question d’avoir d’un côté uniquement des logements sociaux et de l’autre des logements libres en accession. Donc oui, on a gardé une proportion importante de logement locatif social ou en accession abordable au cœur du centre-ville. C’est ça la ville de demain, celle qui permet à chacune et chacun de se loger en fonction de ses moyens. »

Détails des « logements aidés » : 501 logements (60%)
190 logements sociaux (22%) dit PLUS/PLAI. 181 logements (21%) en bail réel solidaire (BRS). 101 chambres étudiantes (12%). 29 logements participatifs (3%)
Détails des logements libres : 347 logements (40%)
215 logements (25%) réservés aux propriétaires occupants et qui seront plafonnés à -5%du prix du marché. 132 logements libres (15%) au prix du marché.

La volonté politique moteur du changement

Transformer les villes demande une volonté politique pas toujours assumée par les pouvoirs publics. L’encadrement des loyers a démontré une volonté d’agir sur l’inflation immobilière. Pour autant, Cédric Van Styvendael reste convaincu qu’on peut aller encore plus loin : « Aujourd’hui ce n’est plus possible de vendre des mètres carrés de charges foncières à 2 000 € le mètre carré. Avec l’évolution des coûts de construction, presque 20% sur les deux dernières années, on a maintenant des logements qui vont commencer à se commercialiser à 7 000 € du mètre carré à Villeurbanne. Ce n’est pas possible ! {…} Hormis l’encadrement des loyers, on peut jouer sur la valeur du foncier. Finalement, le foncier, ça vaut tout ou ça ne vaut rien. {…} Il faut intervenir sur les prix du foncier. Si on n’arrive pas à trouver des accords avec les promoteurs, ce que je ne crois pas, ce sont des gens qui ont envie d’être présents sur notre territoire. Nous passerons par des solutions réglementaires de type encadrement des prix du foncier. » Une position politique que la ZAC des Gratte-Ciel semble porter. Pour rappel, seuls 15% des logements seront en accès libre non plafonnés.

Du côté de la métropole, Bruno Bernard a lui aussi souligné la politique sociale de la ville de l’Est lyonnais, en expliquant que « les communautés les plus démunies, vivent mieux à Villeurbanne qu’ailleurs ». Interrogé sur cet aspect Cédric Van Styvendael, explique ne faire aucun « triomphalisme » et affirme : « On travaille au quotidien pour que Villeurbanne garde cette dimension d’accueil, ce vivre-ensemble. Je ne nie aucune difficulté dans un certain nombre de quartiers y compris dans le centre-ville. On travaille là-dessus pour faire en sorte que tout le monde continue à trouver un intérêt à vivre dans cette ville. Je crois que la qualité des projets urbains, la qualité des espaces publics participe aux efforts que chacun doit faire pour continuer à construire la ville ensemble. ».

Co-construire la ville pour un espace public plus social

Ce projet urbain a été, en partie, réfléchi en commun avec les habitants. Une démarche qui tend à se démocratiser dans le domaine de la construction. Faire participer les citoyens à la transformation urbaine permet d’une part de prendre en compte leurs besoins réels, d’une autre, cela inclut une dynamique sociale dans un projet. Cependant, Béatrice Vessiller, vice-présidente de la métropole déléguée à l’urbanisme, au renouvellement urbain et au cadre de vie, reconnaît que « les jeunes sont souvent absents des concertations ».

C’est à la suite de ce constat que les élèves du lycée Brossolette ont participé à l’aménagement public, principalement sur la zone de l’esplanade Agnès-Varda. Par conséquent, le mobilier urbain y sera adapté à un public jeune, via « des aménagements qui permettront différentes activités de glisse, des espaces végétalisés, des espaces d’assises, etc. » Cette concertation avec les lycéens était nécessaire pour Béatrice Vessiller qui souhaite voir un espace public « intergénérationnel, inclusif, de toutes sortes de populations ».

Léo Ballery

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