À Lyon l’État reconnaît son « échec » dans la lutte contre les inégalités de la petite enfance

La préfecture du Rhône recevait, fin septembre, la conférence régionale dédiée à la prévention et la lutte contre les inégalités de la petite enfance. L’occasion de faire un état des lieux et de reconnaître un « échec » de la France dans ce domaine.

Fin septembre, la préfecture du Rhône organisait une conférence ayant pour thème la prévention des inégalités de la petite enfance en Auvergne Rhône-Alpes. L’événement, en partenariat avec la CAF du Rhône (Caisse d’Allocation Familiale), l’URIOPSS (l’Union nationale interfédérale des œuvres et organismes privés non lucratifs sanitaires et sociaux) et Labo Cités, a accueilli la quasi-totalité des acteurs régionaux du domaine. L’occasion pour eux de témoigner des difficultés qu’ils rencontrent au quotidien ainsi que des pratiques et innovations dans le secteur.

« L’ascenseur social est en panne »

La conférence a débuté avec l’intervention de Marine Jeantet, déléguée interministérielle à la prévention et la lutte contre la pauvreté. Selon elle « l’ascenseur social est en panne, il ne marche plus » (si tant est qu’il ait déjà fonctionné). Un constat rare de la part du gouvernement qui reconnaît un « échec » dans la lutte contre les inégalités de la petite enfance.

La déléguée interministérielle a rappelé qu’en France il faut près de 6 générations pour que les descendants de familles modestes atteignent le revenu moyen, en comparaison dans le reste de l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques) la moyenne est de 4,5 générations. Un autre aspect représentatif est le manque de place d’accueil consacré à la petite enfance. En juillet dernier, Elisabeth Borne, première ministre, évoquait près de 200 000 places manquantes [NDLR : Selon le ministère des solidarités il manque entre 125 000 et 300 000 places]. Un manque qui touche principalement les ménages les plus modestes. Seuls 9% des enfants de moins de trois ans appartenant aux 20% des ménages les plus pauvres sont accueillis en crèche, contre 68% des enfants des parents les plus aisés (Source : Ministère des Solidarités, de l’Autonomie et des Personnes handicapées.).

Un constat alarmant reconnaît Marine Jeantet, qui explique que ce sujet serait l’un des « grands chantiers du quinquennat ». Interrogé sur les possibles résolutions pouvant être mises en place, la déléguée rappelle « ne pas avoir de solution miracle » et explique qu’il faut une réflexion globale sur le thème de la petite enfance.

Marine Jeantet, déléguée interministérielle à la prévention et la lutte contre la pauvreté

Un travail de long terme qui va nécessiter l’intervention de tous les acteurs du secteur pour face aux nombreuses difficultés.

Marine Jeantet.

Des annonces en demi-teinte  

Le domaine de la petite enfance est confronté à de grandes difficultés sur plusieurs aspects : manque de place d’accueil, recrutement insuffisant, condition de travail qui s’empire, etc. Les acteurs du milieu et les familles attendent plusieurs mesures d’urgence de la part du gouvernement pour réformer ce secteur. En conséquence Jean-Christophe Combe, ministre des Solidarités, de l’Autonomie et des Personnes handicapées, a annoncé trois nouvelles dispositions dans le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2023 :

  • Extension du Complément Mode de Garde (CMG) pour les enfants de 6 à 11 ans. Le CMG est une aide financière qui prend en charge une partie de la rémunération d’une assistante maternelle agréée.
  • Revalorisation de l’allocation de soutien familial (ASF). Elle passe de 123 à 184 euros par mois.  
  • Réforme des restes à charge pour l’accueil d’un enfant de manière qu’il soit égal entre tous les modes d’accueil.

D’autres conférence sur ce thèmes sont prévus dans le reste de la France jusqu’à fin janvier 2023.

Léo Ballery

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