La vaccination contre la Covid-19 va s’étendre aux personnes de plus de 18 ans à partir du lundi 31 mai. Pour les médecins libéraux, les centres de vaccination, qu’est ce que ça change ?
L’ouverture à la vaccination contre la Covid-19 pour les plus de 18 ans avait été annoncée par Doctolib le 11 mai, seulement pour les rendez-vous le jour même ou le lendemain. À partir du 31 mai, la vaccination pour tous les adultes de plus de 18 ans sera disponible, cette fois-ci, sans restriction particulière. Prévue initialement le 15 juin, la campagne de vaccination se voit avancée de quinze jours. C’est Jean Castex qui a annoncé cette mesure le 20 mai lors d’une conférence de presse, suivi par le ministère de la Santé le 27 mai. À noter que seuls les vaccins Pfizer et Moderna seront autorisés pour la tranche d’âge 18-55 ans.
Un manque de doses de vaccin ?
« Depuis le début, on a une ouverture progressive des cibles : les gens à protéger en priorité, les gens en Ehpad, les soignants âgés de plus de 60 ans et un élargissement en fonction des doses de vaccins qui arrivent », rappelle le secrétaire général de l’URPS d’AuRA, le Dr Vincent Rébeillé-Borgella. Aujourd’hui, il se questionne sur le manque de doses de vaccins, surtout si les plus de 18 ans peuvent aller se faire vacciner. En effet, il est impossible pour les médecins de ville de proposer « une primo-vaccination par le vaccin AstraZeneca et le Pfizer est simplement disponible dans les centres de vaccination, pas dans les villes. Le petit cousin germain du Pfizer, le Moderna, va être accessible en ville mais à des quantités extrêmement limitées, car actuellement, c’est 10 doses par semaine et par médecins généralistes. » ll explique donc que les médecins risquent de manquer de doses par rapport au calendrier initial, puisque les doses prévues AstraZeneca ne seront pas adaptées. Elles seront seulement utilisées pour faire le rappel des vaccins. « À partir du moment où on ouvre à tout le monde, est-ce que l’on ne risque pas de priver de vaccins les gens plus fragiles et plus âgés ? On peut se demander si on est bien arrivé au moment où la priorisation n’est plus utile », confie le Dr Vincent Rébeillé-Borgella. Il espère donc une « relative prudence par rapport aux capacités de répondre à ce qui risque d’être un afflux massif, sans que ce soit au détriment des personnes qui en ont le plus besoin ». Au niveau de la région, le taux de vaccination reste aux normes nationales, mais « loin des 40 %, de l’immunité collective », précise le docteur.
Une confusion dans les personnes éligibles au vaccin
L’autre problème est qu’il y a eu des confusions sur les personnes pouvant se vacciner. « On peut se poser la question si c’est Doctolib qui fixe les normes vaccinales ou si c’est le gouvernement », renchérit Vincent Rébeillé-Borgella. Selon le Dr Denis Blum, vacant au centre de vaccination de Gerland et de Vénissieux, « les décisions politiques arrivent après ce qui est déjà fait de facto dans les centres de vaccination, 15 jours après environ ». En effet, cela fait déjà plusieurs jours que les personnels de santé dans les centres ont commencé à vacciner des patients de 18 ans qui se présentaient, en ayant pris rendez-vous. « Sur Doctolib, il y a eu un bug dans leur système : les personnes qui cliquaient sur la tranche d’âge de 18 à 49 ans pour un rendez-vous la veille pour le lendemain, avait un créneau quinze jours plus tard. » Denis Blum explique que les médecins dans les centres ont arrêté de vérifier l’éligibilité des patients, sinon ils refuseraient une énorme proportion des personnes qui se présentent. « Il y a vraiment une confusion entre les personnes qui ont pris le rendez-vous pour la veille et celles qui ont pris plus tôt que ça ; ce ne serait pas possible de tout surveiller. » De plus, les centres sont maintenant très bien organisés : « Ça fait quatre mois qu’ils tournent et ils sont bien rodés. Un des problèmes dans les centres où je travaille, à l’inverse, ce sont les gens qui prennent des rendez-vous et qui ne se présentent pas. » Les « nouvelles » mesures du 31 mai étaient, d’une certaine manière, déjà en vigueur dans les centres de vaccination…
Les personnes de plus de 18 ans peuvent dès à présent prendre rendez-vous sur les plateformes de réservation en ligne pour se faire vacciner.
Inès Pallot