Une journée sans immigrés ?

Une association parisienne, Journée sans immigrés, a décidé de lancer une action d’envergure nationale de boycott économique le 1er mars prochain. Le déclic ? La fameuse phrase de Brice Hortefeux : « Les Arabes, quand y en a un ça va… ».

 
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Dimanche dernier, route de Vienne dans le 8ème, au chaud dans un café, je découvre enfin les membres de la fameuse association  « Journée sans immigrés » (JSI) qui crée en ce moment le buzz sur Internet. L’association  s’est formée en novembre 2009, en réaction à la désormais célèbre vidéo qui montre Brice Hortefeux face à un jeune UMP dénommé  Amine… la goutte d’eau qui fait déborder le vase pour beaucoup.  Afin de marquer le coup, JSI appelle les immigrés, les Français d’origine étrangère ainsi que tous citoyen solidaire à ne pas  travailler et ne pas consommer durant 24 heures le 1er mars prochain. Le concept est simple : démontrer, par un boycott économique, l’impact de la population étrangère ou d’origine étrangère dans la production de la richesse nationale.

L’idée n’est pas nouvelle. Déjà, en 2006, un mouvement semblable avait été initié par la population hispanique aux Etats-Unis. L’action avait alors disposé des puissants relais de l’Eglise catholique sur le terrain  réunissant ainsi près de deux millions de personnes dans les rues de Los Angeles. La journée du 1er mars serait-elle donc un remake de la version latino-américaine ? « On ne cherche pas à transposer ce mouvement« , explique Karima, bénévole dans l’association et employée dans un hôpital. « On l’adapte à l’exception culturelle française. Il n’y a pas de structuration communautaire comme aux Etats-Unis avec le soutien de l’Eglise par exemple. Nous sommes un mouvement de citoyens qui veut dire qu’il y en a ras-le-bol de cette succession d’épisodes racistes comme le débat sur l’identité nationale. Il y en a marre de devoir se justifier constamment sur ses origines ! ».

Cette proposition de « journée boycott » a été lancée le 23 novembre dernier lors d’une conférence de presse à l’Assemblée nationale. L’un des fondateurs du mouvement, Nadir Dendoune, écrivain et journaliste, exprime alors son agacement face à une certaine atmosphère islamophobe : «  Y en a marre de faire son beurre sur les beurs ! », avait-il expliqué. Plus que le simple fait d’alerter,  l’association souhaite valoriser l’apport de l’immigration en France : « La France s’est enrichie par l’immigration. Un logement sur deux est construit grâce aux immigrés » précise Peggy Derder, professeur d’histoire-géographie, lors de cette même conférence.

Plusieurs comités locaux ont, depuis,  vu le jour, dont un à Lyon. En Italie et en Espagne, la JSI locale impulse une mobilisation le 1er mars et l’année prochaine, le mouvement pourrait s’étendre à l’Allemagne et la Grèce. L’initiative semble rencontrée un soutien plus important sur le net que sur le terrain. Je rencontre d’ailleurs des avis mitigés dans mon entourage quant à cette journée de boycott. Certains soutiennent, notamment en réaction de la politique du gouvernement, et estiment que cette action est un bon moyen d’exprimer son désaccord. D’autres, comme Yassine, qui a la vingtaine tout juste, considèrent que cela va à l’encontre de l’effet recherché, à savoir la fin des discriminations, dans le logement, l’emploi ou l’éducation, mais davantage vers un effet communautariste.

 

* L’association Journée sans immigrés lance un rassemblement place des Terreaux le lundi 1er mars de 12h à 14 h.

– Pour plus d’informations : http://www.ljsi.over-blog.com/

Auteur : Rafika Bendermel

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