Une interpellation disproportionnée?

VIDEO en + Hormis la pluie, rien ne semblait empêcher le bon déroulement de la soirée prévue dans le quartier de Charpennes-Tonkin à Villeurbanne, pour cette édition estivale du « Cinéma sous les étoiles », une projection en plein air d’un film pour un évènement qui se veut par principe familiale.

 « Ça pue ici, je me suis renseigné, ce quartier craint ! ».Tels sont les premiers mots employés par l’un des deux vigiles engagés par la municipalité de Villeurbanne, en direction de la représentante du service jeunesse de la ville. Comme entrée en matière on ne pouvait pas faire mieux ! Cette surveillance va rapidement envenimer la soirée.

Jeudi 21 juillet, un cinéma plein air est prévu  sur l’espace Jean-Monnet, à Villeurbanne aux environs de 22h. Je travaille cet été en tant qu’animatrice dans le Centre social du quartier et suis donc chargée avec mes collègues d’assurer le bon déroulement de la soirée, aidé à installer le matériel et accueillir les familles.

La soirée s’annonçait tendue du fait de la présence de deux agents de sécurité ainsi que d’un chien en guise d’accueil, placés à l’entrée du lieu d’arrivée, au croisement de plusieurs passages. Cette décision est perçue comme une provocation par nombre d’habitants, loin de détendre l’atmosphère: « Pourquoi est-ce qu’ils sont là? On n’est pas des animaux qu’il faut surveiller! » indique un jeune habitant. Même constat de la part de deux mères de famille qui m’abordent.

Le ton monte rapidement et une bagarre éclate. Des jeunes se mettent à frapper l’un des deux vigiles, celui qui a prononcé les paroles peu délicates. La responsable du pôle jeune, Houda Afsouni intervient immédiatement et sépare les individus. Un seul est resté. le vigile roué de coup retourne auprès de nous, le front qui saigne.

La vidéo ci-dessous, montre peu la violence de l’action. Le jeune impliqué dans la bagarre reste sur les lieux et refuse de partir alors que la police a été alertée. Il semble avoir « pêter les plombs », dans un état second et alcoolisé. Il décide d’attendre la police: « On voit son désespoir, il n’a plus rien à perdre. » indique un témoin. Un première voiture de la BAC (Brigade anti ciminalité) arrive à son niveau, les policiers procèdent immédiatement à son arrestation. Il est placé dans le véhicule et continue d’être molesté.
Deux voitures de la BAC  s’arrêtent en face de moi à une vingtaine de mètres. Des policiers sortent et gazent les premiers jeunes à vue sans poser de question, tout en lançant à leur encontre « « Ferme ta gueule! Dégage! », ces derniers étant étrangers à l’altercation. Plus d’une dizaine de personnes sont ainsi asphyxiées par le gaz qui se répend rapidement, dont moi-même ainsi que mes collègues d’animation.

L’air devient alors irrespirable, c’est aveuglés et asphyxiés que nous nous éloignons. Une jeune femme manquant de s’évanouir.  Une jeune de 16 ans que je connais bien fond en larme, et court auprès d’un animateur. Il n’y a pas eu d’émeute  et la police n’a pas utilisé de gaz lacrymogène pour disperser la foule, contrairement à ce qu’a indiqué un média local.
Les habitants, choqués par l’intervention, s’intérrogent: pourquoi autant de policiers pour une seule personne interpellée (quatre voitures de la BAC, deux camions de CRS, deux voitures de la police municipale)? Pourquoi sont-ils restés sur place et ont continué à encercler le quartier alors que l’arrestation fut immédiate? Quelle image renvoient-ils ainsi aux habitants?

Bilan de la soirée qui se voulait sociale et familiale et qui a rapidement dégénérée: une arrestation musclée (dans la voiture de police, le jeune interpellé a reçu à nouveau des coups),  une dizaine de personnes gazées, une trentaine de policiers de la BAC, de la police municipale et de nationale et des familles déçues par l’annulation de la projection.

Au final, une action qui se voulait sociale n’a pas pu s’opérer par méconnaissance du territoire, constate un autre témoin.

Auteur : Rafika Bendermel

La rédaction

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