Dans mon entourage, plusieurs personnes sont préoccupées par les élections qui se tiennent depuis le 31 Octobre dans leur pays d’origine : la Côte d’Ivoire. Ce pays qui n’a pas connu d’élections présidentielles démocratiques depuis près de 15 ans, parsemés de coups d’Etat militaires, se voit offrir un nouvel horizon avec cette date historique.
La première chose que je pus comprendre furent ces tensions immenses qui entouraient la région. En me renseignant sur l’histoire de ce pays, je vis que la Côte d’Ivoire était un Etat riche (premier producteur de cacao mondial attirant des millions d’immigrants chaque année venant des pays limitrophes) mais lourd en problèmes politiques depuis la mort du premier président Houphouët-Boigny en 1993.
Lors de son décès, une grave crise économique s’est abattue sur le pays et le concept d’« ivoirité » est né. Ce dernier consiste en la limitation des candidats à la présidentielle selon leur origine étatique, interdisant aux immigrants, ou ceux considérés comme tels, de postuler à la présidence ou de prétendre à une fonction publique réservée seulement aux « Ivoiriens de souche ». Ainsi s’opère une division géographique de l’Etat, ceux du Nord majoritairement musulmans sont soupçonnés de ne pas être véritablement ivoiriens contrairement à ceux du Sud qui sont majoritairement chrétiens.
Puis je demandai à Charles (né à Abidjan) ce qu’il pensait de ces élections, de leur déroulement. iI ne souhaitait pas vraiment me répondre. Il me dit que l’organisation catastrophique de cet événement avec des groupes politiques qui se mordaient sans cesse la queue et des résultats toujours contredis par l’un ou l’autre ne lui donnaient plus envie de se sentir concerné. Je le compris, car lorsque l’on voit qu’un évênement aussi important a lieu et pourrait permettre des changements significatifs dans un beau pays comme celui de la Côte d’Ivoire et qu’il est toujours brouillé par des attaques politiques qui ne concernent pas la population ; on ne peut s’empêcher d’exprimer un ras le bol.
Sonia, quant à elle, me fit le rapport journalier précis de se qu’il se passait là bas. Son père qui se renseignait presque tous les jours auprès de sa famille vivant au bled par téléphone ou Skype, lui faisait un exposé de la situation locale presque en direct. Elle me dit alors que les tensions dans la ville étaient telles que ses cousins et ses tantes devaient se refugier dans les villages afin de s’éloigner de tout risque potentiel. Elle pensait également que les résultats de vendredi ne seront peut être pas définitif à cause de l’accusation de Gbagbo (qui a perdu les élections de cette année avec un pourcentage 45,9 % contre les 54,1 % du chef de l’opposition Alassane Ouattara) du fait que le retard de la Commission Electorale Indépendante (CEI) (qui a dépassé le délai de 3 jours au maximum pour délivrer les résultats) rendait invalide ce résultat. Cette déclaration a été appuyée par la décision du Conseil Constitutionnel, contredite par la CEI qui disait que ce délai n’était qu’indicatif, donc considéré comme une cause d’invalidité des résultats.
Elle me dit également que la difficulté était aussi d’avoir des réponses sur l’origine des tensions locales. Certains disent que c’est un problème entre les musulmans du Nord et les Chrétiens du Sud, d’autres déplorent le besoin de modernité face à la continuité que représenterait la victoire de Gbagbo.
On voit avec ces élections que les Ivoiriens, malgré les tensions importantes, l’éloignement géographique et les dissidences politiques, se sentent tous concernés de près par cet évènement d’une importance historique. Tous espèrent une évolution de la Côte d’Ivoire vers une union entre le Nord et le Sud et des changements politiques et sociaux permettant de stopper le blocage de la situation nationale. La suite des événements appartient désormais au destin