Une chronique de David sur le film « Rue des cités », dont le LBB et le cinéma le Zola de Villeurbanne organisaient une ciné conférence le mois dernier.
L’image noire et blanche nous plonge directement dans les blocs en béton. Cela n’enlève rien aux couleurs des dialogues, et d’une invitation à un périple. Le parti pris du noir et blanc donne l’impression d’être aussi bien en banlieue parisienne, lyonnaise ou marseillaise. Le scénario emboîte le pas de Adilse, et son « Srab », son pote Mimid. Les deux cherchent le grand-père du premier. Comme un retour aux sources, leur trajet extra-muros, déroule aussi les mots des résidents de leur cité. Nos compères sont en recherche, mais ne semblent pas perdus pour autant, en passant par la rue des cités à Aubervilliers.
On bascule de l’univers de la fiction à celui du documentaire, sur des cadres differents, mais tous reliés. Les deux focus s’entrelacent, se coupent, se croisent sans sursaut d’image durant la projection. Le pari de tien bon et entraîne le spectateur d’un plan à l’autre sans rupture. Une galerie de portraits fait l’histoire de la journée dans la cité, en même temps que le quartier se laisse raconter par ceux qui y séjournent.
Aucun poncif sur les ensembles urbains, hormis le gris du béton. Pas bagarre avec la police, pas voiture qui brûle, pas de deale bizarre, ni de violence gratuite, ou encore de dialogues de décérébrés. Ce n’est pourtant pas faute de soutien puisque l’inspiration de ce film est née d’un reportage bidonné par les caméras du « sévices public ». Bidon, vous avez bidon ? Et oui, non seulement nous n’avons pas de pétrole, mais plus de bonnes idées à mettre dans le bidon. Ou comment France 2 veut couper la France en deux… Il serait fort de dire pour autant, que les réalisateurs, Carine May et Hakim Zouhani lui soient redevables, en plus de la redevance télévisuelle. Une heure et huit minutes où seuls les vingt-quatre clichés par secondes projettent l’histoire de vingt quatre heures.
La mise en perspective est nouvelle, et gageons que tous les acteurs, qu’ils soient dans le champs ou pas, de ses quatre mille quatre secondes, retrouverons le chemin des écrans pour notre plus grand plaisir.
Un grand bravo aussi au slameur, sur la fin, qui décoche des vers sur son quartier, façon Ulysse de retour à Ytaque, c’est rythmé, percutant, concis, précis, droit au but, sans chi chi, ni tralala. On en prend plein les oreilles. Il y a un ton et de l’image dans ce moyen métrage. Pour une fois, la salle obscure nous éclaire un nouveau regard sur la cité.
En un mot, il faut se ruer sans cécité dans la « rue des cités ».