La Gay Pride s’est tenue samedi à Lyon, avec ce mot d’ordre : « Pour une éducation sans discrimination ». Réactions contrastées des passants. DIAPORAMA.
Il est 16 heures, près de l’Opéra, des centaines de personnes marchent dans une même direction : la place Bellecour. Le bruit des sifflets et de l’électro-techno donne le rythme. J’intègre la foule qui parade sous les yeux attentifs des Lyonnais. Le cortège, avec ses chars, est parti à 14h du Parc de la Tête d’or. Des jeunes gens maquillés et costumés s’amusent sur un bus au toit ouvert qui expulse de la mousse. J’ai les chaussures mouillées. Il fait chaud : des jeunes filles défilent en lingerie. A ma droite, il y a même un mec en string. Je demande si je peux prendre une photo ? Les jeunes s’exécutent plutôt contents. Bon, l’homme en slip me colle de trop près, je préfère quitter le char et rejoindre la marche, plus haut.
Là, j’essaye plus mal que bien de me faufiler à travers les passants qui regardent, étonnés ou amusés. A quelques mètres de moi, un homme ralentit le cortège. C’est un vieux monsieur, drapeau gay à la main, en train de danser. Il sautille sur place. Des jeunes filles en petites culottes l’applaudissent. L’une d’elles, habillée en diablesse, attire les regards. On arrive à hauteur de Tati. Trois mamans et leurs enfants dans des poussettes. Je sors de la foule pour avoir leur opinion sur cette manifestation. Mais je ne vais pas bien loin, une petite dame typée m’interpelle, en souriant. « Qu’est ce qui se passe ? C’est quoi ce monde ? » me demande-t-elle. « Euh ! C’est des homosexuels qui vont place Bellecour. » Ses yeux s’écarquillent à cette nouvelle. « A’ûdhu bi-l-lâhi mina sh-shaytâni r-rajîm » – (Je me refugie auprès de Dieu contre Satan, le banni de Sa miséricorde) – me lance-t-elle. «Tu sais, ma fille, c’est des gens qui n’auront pas le paradis. Quand, ils le verront, ils en pleureront et nous accuseront de ne pas les avoir prévenus », prêche-t-elle. Je lui demande où elle va. Justement à Bellecour, dans la même direction. Avant de se quitter, elle lance une dernière fois : « Que Dieu nous protège ! » Je crois l’apercevoir prendre un autre chemin.
17 heures : je décide de rejoindre seule le centre ville, par un autre côté. Je vois débouler les chars sur la place Bellecour. Les gens s’attroupent au bord des routes bloquées par la police pour l’occasion. Cette fois, il y a beaucoup trop de monde. Quelqu’un annonce le programme : ils vont place Carnot à Perrache. Trop loin pour moi, mes pieds me font mal. A quelques pas, une bouche de métro. Ni une ni deux, je m’engouffre dedans, direction ma paisible banlieue.
Par Naïma Daïra