Dès la rentrée scolaire prochaine, les enfants de moins de dix ans pourront voyager gratuitement sur l’ensemble du réseau TCL. Cette mesure annoncée le 8 novembre dernier par Bruno Bernard, Président écologiste de la Métropole de Lyon et de SYTRAL Mobilités, prendra effet le 1er septembre 2025.
Jusqu’à présent, seuls les enfants de moins de quatre ans étaient exemptés de la billetterie requise pour bénéficier des transports en commun lyonnais. Au-delà de cet âge et jusqu’à dix ans, le tarif mensuel s’élevait à dix euros. L’élargissement de la gratuité jusqu’à l’âge de dix ans en septembre signe ainsi la disparition de cette tranche tarifaire. La mesure s’applique sur l’ensemble du réseau TCL, mais également sur les Cars du Rhône et le Réseau Libellule, le réseau de bus de Villefranche-sur-Saône. En effet, les trois réseaux historiques ne feront plus qu’un, unifiés au sein du réseau TCL, dès la rentrée prochaine.
Un coup de pouce pour les familles
L’objectif annoncé : améliorer le quotidien des familles. Au delà de l’avantage financier, la gratuité des transports en commun entend encourager les déplacements, que ce soit pour l’école ou pour les loisirs. À l’échelle du deuxième réseau de transports en commun urbain français, l’ampleur est conséquente. Piloté par SYTRAL Mobilités, le réseau lyonnais est riche de 4 lignes de métro, 2 lignes de funiculaire, 7 lignes de tramways et plus de 130 lignes de bus. De quoi offrir de nouvelles possibilités de découverte pour les familles avec enfants en bas âge.
Derrière la gratuité ciblée, un débat de fond
Si la gratuité pour les enfants de moins de dix ans est attendue avec enthousiasme, la demande pour une gratuité étendue à tous les usagers, sans distinction, se fait grandissante. L’attention nationale portée à cette question a bénéficié d’exemples concrets dans d’autres villes de l’Hexagone, parmi lesquelles Montpellier, Dunkerque, ou encore Douai. Ces villes ont déjà mis en place le libre accès pour tous les habitants voire tous les usagers. Le collectif Gratuité TCL, entre autres acteurs, milite depuis 2018 pour offrir un système similaire aux 1,4 millions d’habitants de la métropole lyonnaise. Un combat fondé sur une triple ambition sociale, écologique et civique : apporter une solution à la fois au poids que le coût des transports représente pour les ménages modestes, et à la pollution atmosphérique émise par le trafic routier. Derrière cette position se cache, surtout, une conception de la mobilité comme un droit civique, au même titre que la santé ou l’éducation. Cet argument prend un sens particulier à l’heure de la ZFE, une mesure qui restreint progressivement la circulation des véhicules les plus polluants dans la métropole lyonnaise.
Division au sein des acteurs de la Métropole
Le défi que représente le projet de circulation gratuite pour tous les usagers lyonnais est de taille, tout autant que le débat qui divise la majorité écologique et de gauche de la métropole. Défendue par les membres du parti communiste, la mesure ne convainc pas les élus écologistes, qui, eux, opposent gratuité et qualité du réseau. « Sur le territoire de Sytral Mobilité, il est bien évident qu’on ne peut pas se séparer de 300 et quelques millions d’euros de recettes par an, qui nous manqueraient pour pouvoir développer le service et investir dans les nouvelles lignes » affirme Jean-Charles Kohlhaas, 5ème Vice-Président de la Métropole de Lyon. Selon le camp écologiste dont celui-ci se fait le porte-parole, le premier frein à l’usage des transports en commun est le manque d’offre sur le réseau, plutôt que le coût des tickets. Dans cette optique, les recettes de la billetterie sont perçues comme nécessaires pour financer le développement du réseau, notamment dans l’Est lyonnais. « La gratuité est une fausse bonne idée » écrit sur X Bruno Bernard.
La gratuité ciblée, un choix assumé par la Métropole
« Moi, je ne suis pas contre la gratuité, mais je suis pour la gratuité pour ceux qui en ont vraiment besoin » explique Jean-Charles Kohlhaas. Depuis le 1er janvier 2021, des mesures de gratuité ciblée permettent à certains usagers de bénéficier d’une gratuité ou de tarifs réduits, sous condition de revenu ou d’âge. L’abonnement Solidaire Gratuit, notamment, s’adresse aux personnes disposant des plus faibles ressources, telles que les bénéficiaires du RSA, de l’Allocation Adulte Handicapé (AAH), de l’Allocation de Solidarité aux Personnes Âgées (ASPA), etc. L’abonnement Solidaire Réduit à dix euros par mois, quant à lui, offre une réduction significative pour les bénéficiaires de l’allocation de retour à l’emploi, de l’aide aux chômeurs créateurs ou repreneurs d’entreprises, ou encore les scolaires boursiers. Pour les 18-25 ans et les étudiants jusqu’à 28 ans, le tarif mensuel est passé de 32 euros 50 à 25 euros, contre 74,10 euros pour le tarif « classique ». C’est dans cette dynamique que s’inscrit l’élargissement de la gratuité pour les enfants jusqu’à l’âge de dix ans. Entre tarifs réduits et gratuité ciblée, la mobilité plus inclusive ne concerne pas que les plus petits.
Article signé Alice MORIN.